Mardi 20 févier 1973
Je peux bien avouer que jespérais que les vacances dites scolaires auraient éclairci votre assistance. Il y a trop longtemps que, que je désirerais vous parler comme ça, en me promenant un petit peu entre vous, ça faciliterait certaines choses me semble-t-il. Mais enfin, puisque cette satisfaction mest refusée jen reviens à ce dont je suis parti la dernière fois de ce que jai appelé une autre satisfaction, cette satisfaction de la parole. Une autre satisfaction, celle, je le répète, cest le début de ce que jai dit la dernière fois, celle qui répond à la jouissance quil fallait juste, juste pour que ça se passe entre ce que jabrégerai de les appeler lhomme et la femme, et qui est la jouissance phallique. Notez ici la modification quintroduit ce mot juste. Ce juste, ce justement est un tout juste, tout juste réussi, ce qui je pense vous est sensible de donner justement lenvers du raté. Ça réussit tout juste et déjà nous voici là portés, puisque la dernière fois, du moins je lespère, le plus grand nombre était là qui sait que jétais parti dAristote, de voir là en somme justifié ce quAristote apporte de la notion de la justice comme le juste milieu. Peut-être certains dentre vous ont-ils vu, quand jai introduit ce tout qui est dans le tout juste, que jai fait là une sorte de, de contournement
bonjour !
de contournement qui était pour éviter le mot de, de prosdiorisme 101 qui désigne justement, ce, ce tout, ce quelque à loccasion, qui ne manque dans aucune langue. Que ce soit le prosdiorisme le « tout » qui dans loccasion vient à nous faire glisser de la justice dAristote à la justesse, à la réussite de justesse, cest bien là ce qui légitime à avoir dabord produit cette entrée dAristote du fait que ça ne se comprend pas tout de suite comme ça. Et que somme toute Aristote sil ne se comprend pas si aisément en raison de la distance qui nous sépare de lui, cest bien là ce qui me justifiait quant à moi à vous dire que lire nest pas du tout quelque chose qui nous oblige à comprendre, il faut le lire dabord. Et cest bien ce qui fait quaujourdhui, enfin, peut-être dune façon qui apparaîtra à certains de paradoxe, je vais vous conseiller de lire un livre dont le moins quon puisse dire, cest quil me concerne, ce livre sappelle Le titre de la lettre 102, il est paru aux éditions Galilée, collection : À la Lettre 103.
Je vous en dirai pas les auteurs qui me semblent en loccasion jouer plutôt le rôle de sous-fifres, mais ce nest pas pour autant diminuer leur travail car, je dirai que cest quant à moi avec la plus grande satisfaction que je lai lu. Et cest en somme lépreuve à laquelle je désirerais soumettre votre auditoire, plutôt que de recommander de faire clairon à la parution de tel ou tel livre, ce livre écrit en somme dans les plus mauvaises intentions, comme vous pourrez le constater à la trentaine de dernières pages, est quand même un livre dont je ne saurais trop encourager la diffusion.
Je peux dire dune certaine façon que sil sagit de lire je n ai jamais été si bien lu, au point de pouvoir dire que dun certain côté je pourrais dire avec tellement damour. Bien sûr, comme il savère par la chute du livre, cest un amour dont le moins quon puisse dire est que sa doublure habituelle dans la théorie analytique nest pas sans pouvoir être évoquée. Il me semble que ça serait trop dire, et puis peut-être même, est-ce trop en dire que mettre là-dedans dune façon quelconque les sujets, ça serait peut-être là trop les reconnaître en tant que sujets que dévoquer leurs sentiments. Cest un modèle de bonne lecture. Au point que je peux dire que je regrette de navoir obtenu de ceux qui me sont proches jamais rien qui, à mes yeux, soit équivalent.
Les auteurs, puisquil faut bien tout de même que je les désigne, ont cru devoir se limiter, et mon Dieu pourquoi ne pas les en complimenter, puisque la condition dune lecture cest évidemment quelle soit en place, quelle simpose à elle-même des limites, et ils se sont attachés à mon article, cet article recueilli dans mes Écrits qui sappelle « Linstance de la lettre» 104. Je veux dire que pour ponctuer par exemple ce qui me distingue de ce qui peut être compris de Saussure, je ne dis pas plus, ce qui men distingue, ce qui fait que je lai, comme ils disent, détourné, on ne peut vraiment pas mieux faire. À quoi cela mène de fil en aiguille, à cette impasse qui est bien celle que je désigne concernant ce quil en est dans le discours, dans le discours analytique de labord de la vérité et de ses paradoxes. Cest là sans doute quelque chose où à la fin, je ne sais quoi, et je nai pas autrement à le sonder, je ne sais quoi échappe à ceux qui se sont imposés cet extraordinaire travail, tout se passant donc comme si ce soit justement à limpasse où tout mon discours est fait pour les mener quils se tiennent quitte, quils se déclarent ou me déclarent ce qui revient au même au point où ils en parviennent, être quinauds. Mais justement, cest là où je trouve tout à fait indiqué que vous vous affrontiez vous-mêmes, je le souligne, jusquaux conclusions dont vous verrez que somme toute on peut les qualifier de sans-gêne, jusquà ces conclusions, le travail se poursuit dune façon où moi, je ne puis reconnaître quune valeur déclaircissement, de lumière, tout à fait saisissant. Si cela pouvait par hasard, enfin, éclaircir un petit peu vos rangs étant donné ce par quoi jai commencé, je ny verrais pour moi quavantage. Mais après tout je ne suis pas sûr parce que pour, pour, pourquoi puisque vous êtes toujours ici aussi nombreux, ne pas vous faire confiance que rien enfin ne vous rebute assurément. Jusquà ces trente ou vingt dernières pages, je ne les ai pas comptées parce quà la vérité ce sont celles-là, celles-là seulement que jai lues en diagonale, les autres vous seront dun confort que somme toute je peux vous souhaiter.
Là-dessus, ce que jai aujourdhui à vous dire cest bien ce que je vous ai annoncé la dernière fois, cest à savoir de pousser plus loin ce quil en est quant à ce sur quoi jai terminé, cest à savoir la conséquence de ce que jai cru, non certes sans avoir longtemps cheminé pour autant, de ce que jai cru devoir énoncer de ce quil y a entre les sexes, entre les sexes chez lêtre parlant, qui, de rapport, ne fasse pas. Et comment en somme cest à partir de là seulement, que se puisse énoncer ce qui, à ce rapport supplée.
Il y a longtemps que là-dessus jai scandé dun certain ya d lUn105 ce qui fait le premier pas dans cette démarche. Ce ya dlUn, c est le cas de le dire, ça nest pas simple. Bien sûr dans la psychanalyse, ou plus exactement puisquil faut bien le dire, dans le discours de Freud, ceci sannonce de lÉros, de lÉros défini comme fusion de ce qui du deux fait un, et à partir de là mon Dieu de proche en proche, est censé tendre à ne faire quun dune multitude immense. Moyennant quoi comme il est clair que même tous tant que vous êtes ici, multitude assurément, non seulement ne faites pas quun mais navez aucune chance, fût-ce à communier comme on dit dans ma parole, dy parvenir comme il ne se démontre que trop et tous les jours, il faut bien que Freud fasse surgir cet autre facteur qui doit bien faire obstacle à cet Éros universel sous la forme du Thanatos, de la réduction à la poussière. Cest évidemment chose permise métaphoriquement à Freud, grâce à cette bienheureuse découverte des deux unités du germen, cet ovule et ce spermatozoïde dont, grossièrement, lon pourrait dire que cest de leur fusion que s engendre quoi ? un nouvel être. Et aussi bien à se limiter à deux éléments qui se conjoignent, à ceci près quil est bien clair quà regarder les choses de plus près, la chose ne va pas sans une méiose, sans une soustraction tout à fait manifeste, au moins pour lun des deux je veux dire juste davant le moment même où la conjonction se produit, la soustraction de certains éléments qui, bien sûr, ne sont pas pour rien dans lopération finale 106. Mais la métaphore biologique est assurément ici encore beaucoup moins quailleurs ce qui peut suffire à nous conforter. Si linconscient est bien ce que je dis dêtre structuré comme un langage, cest au niveau de la langue quil nous faut interroger cet Un, cet Un dont bien entendu la suite des siècles a fait retentissement, résonance infinie, ai-je besoin ici dévoquer les néoplatoniciens et toute la suite ? peut-être aurai-je encore tout à lheure à mentionner très rapidement cette aventure, puisque ce quil me faut aujourdhui cest très proprement désigner doù la chose non seulement peut mais doit être prise de notre discours, de ce discours nouveau, de ce renouvellement quapporte dans le domaine de lÉros ce que notre expérience apporte.
Il faut bien partir de ceci, que ce ya dlUn est à prendre de laccent quya dlUn, et justement puisquil ny a pas de rapport, quya dlUn et dlUn tout seul, que cest de là que se saisit le nerf de ce quil en est concernant ce quaprès tout il nous faut bien appeler du nom dont la chose retentit tout au cours des siècles, à savoir celui de lamour. Dans lanalyse nous navons affaire quà ça. Et ce nest pas, ce nest pas par une autre voie quelle opère, voie singulière à ce quelle seule ait permis de dégager ce dont, moi qui vous parle, jai cru devoir le supporter, je veux dire ce transfert, et nommément en tant quil ne se distingue pas de lamour, de la formule : le sujet supposé savoir. Et là, je pense que tout au long de ce que je vais aujourdhui avoir à énoncer, je ne puis pas manquer de marquer la résonance nouvelle que peut prendre pour vous, à tout ce qui va suivre, ce terme de savoir.
Peut-être même, dans ce que tout à lheure vous mavez vu flotter, reculer, hésiter à faire verser dun sens ou de lautre, de lamour ou de ce quon appelle encore la haine
Pensez quen somme, si, comme vous le constaterez, ce à quoi je vous invite expressément à prendre part, à savoir à une lecture dont la pointe est faite expressément pour, disons, me déconsidérer ce qui nest certes pas devant quoi peut reculer quelquun qui ne parle en somme que de la désidération et qui ne vise rien dautre. Quen somme, là où cette pointe porte, ou plus exactement paraît aux auteurs soutenable, cest justement dune désupposition de mon savoir.
Et pourquoi pas ?
Pourquoi pas sil savère que ce doit être là la condition de ce que jai appelé la lecture ?
Que sais-je, après tout, que puis-je présumer de ce que savait Aristote ? Peut-être mieux je le lirai à mesure que ce savoir je le lui suppose moins. Telle est la condition dune stricte mise à lépreuve de la lecture. Et cest là celle dont en somme je ne mesquive pas.
Il est certes difficile
Il serait peu conforme à ce quen fait il nous est offert de lire par ce qui du langage existe, à savoir ce qui vient à se tramer deffet de son ravinement, vous savez que cest ainsi que j en définis lécrit
Il serait me semble-t-il, dédaigneux de au moins ne pas traverser ou faire écho de ce qui au cours des âges et dune pensée qui sest appelée, je dois dire improprement, philosophique, de ce qui au cours des âges sétait élaboré sur lamour. Je ne vais pas faire ici une revue générale. Mais je pense que vu le genre de têtes, enfin, que je vois ici faire flocon, vous devez quand même avoir entendu parler que du côté de la philosophie, lamour de Dieu, dans cette affaire, a tenu une certaine place et quil y a là un fait massif, dont au moins latéralement le discours analytique ne peut pas ne pas tenir compte.
Comme ça, des personnes bien intentionnées, cest bien pire que celles qui le sont mal, des personnes bien intentionnées, quand, comme on dit quelque part dans ce livret, jai été, à ce quil y a là écrit, exclu de Sainte-Anne, je nai pas été exclu, je me suis retiré, cest très différent 107, mais enfin quimporte, nous nen sommes pas là, dautant plus que ces termes dexclu, dexclure, dans notre topologie, ont toute leur importance. Des personnes bien intentionnées se sont trouvées en somme surprises davoir écho, ce nétait quun écho, mais comme ces personnes étaient, mon Dieu, il faut bien le dire, de la pure tradition philosophique, et de celle qui se réclame, cest bien en ça que je dis pure, il ny a rien de plus philosophique que le matérialisme. Et le matérialisme se croit obligé, Dieu sait pourquoi cest le cas de le dire, d être en garde contre ce Dieu dont jai dit quil a dominé, dans la philosophie, tout le débat de lamour.
Le moins quon puisse dire est quune certaine gêne, vu le pont, le tremplin, le maintien pour moi dune audience qui métait offert à partir de cette intervention chaleureuse, cest que je mettais entre lhomme et la femme un certain Autre, avec un grand A, dont il y avait au dire de ceux qui sy faisaient les véhicules bénévoles de cet écho, un certain Autre qui navait bien lair que dêtre le bon vieux Dieu de toujours.
Pour moi il me paraît sensible que pour ce qui est du bon vieux Dieu, cet Autre, cet Autre avancé alors, alors au temps de « Linstance de la lettre », cet Autre avancé alors comme lieu où la parole ne peut sinscrire quen vérité, cet Autre était quand même bien une façon, je peux même pas dire de laïciser, dexorciser ce bon vieux Dieu. Mais quimporte, après tout, qui sait. Il y a bien des gens qui me font compliment, dans je ne sais quel des dernier ou avant-dernier séminaires, davoir su poser, enfin, que Dieu nexistait pas. Évidemment, ils entendent, ils entendent mais, hélas ils comprennent, et ce quils comprennent est un peu précipité.
Je men vais peut-être plutôt aujourdhui vous montrer en quoi, justement, il existe ce bon vieux Dieu. Le mode sous lequel il existe plaira peut-être pas tout à fait à tout le monde et notamment pas aux théologiens qui sont je lai dit depuis longtemps bien plus forts que moi à se passer de son existence. Malheureusement, je vais pas tout à fait dans la même position. Parce que justement jai affaire à lAutre, et que cet Autre, cet Autre qui, sil ny en a quun tout seul, doit bien avoir quelque rapport avec ce qui alors apparaît de lautre sexe, cet Autre je suis bien forcé den tenir compte et chacun sait quaprès tout je ne me suis pas refusé dans cette même année que jévoquais la dernière fois de lÉthique de la psychanalyse, de me référer à lamour courtois.
Lamour courtois, quest-ce que cest 108 ? Cétait cette espèce, cette façon tout à fait raffinée de suppléer à labsence de rapport sexuel en feignant que cest nous qui y mettions obstacle. Ça, cest vraiment la chose la plus formidable quon ait jamais tentée mais comment en dénoncer la feinte ?
Bien sûr, je passe sur ceci enfin que, pour ce qui est des matérialistes, ça serait une magnifique façon, enfin, au lieu dêtre là à flotter sur le paradoxe que ce soit apparu à lépoque féodale, de, de voir au contraire comment sans ça ça senracine, comment cest du discours de la féalité, de la fidélité à la personne et pour tout dire au dernier terme de ce quest toujours la personne à savoir le discours du maître, ce serait la plus splendide façon de voir combien était nécessaire, à lhomme dont la dame était entièrement au sens le plus servile asservie lassujette comment cétait la seule façon de sen tirer avec élégance concernant ce dont il sagit et qui est le fondement, à savoir labsence du rapport sexuel.
Mais enfin jaurai affaire, plus tard je le reprendrai, il faut quaujourdhui je fende un certain champ, jaurai affaire à cette notion de lobstacle qui, dans Aristote, parce que malgré tout je préfère quand même Aristote à Jaufré Rudel109, hein, ce qui dans Aristote sappelle justement lobstacle, nstasi/lenstasis.
Mes lecteurs, mes lecteurs dont, je vous le répète, il faut tous que vous achetiez tout à lheure le livre, mes lecteurs ont même trouvé ça, à savoir que linstance quils interrogent avec un soin, une précaution je vous dis, je nai jamais vu un seul de mes élèves faire un travail pareil, hélas ! Personne ne prendra jamais au sérieux ce que jécris sauf bien entendu ceux dont jai dit tout à lheure comme ça incidemment quils me haïssent sous prétexte quils me désupposent le savoir, quimporte Oui ! Ils ont été jusquà découvrir lenstasis, lobstacle logique aristotélicien que javais gardé pour la bonne bouche, pour cette « Instance de la lettre». Il est vrai quils ne voient pas le rapport, mais ils le mettent en note. Mais ils sont tellement bien habitués à travailler surtout quand quelque chose les anime, le désir par exemple de décrocher une maîtrise, cest le cas de le dire plus que jamais, et bien ils ont aussi sorti ça, la note de je ne sais plus quelle page, à laquelle vous pourrez vous reporter comme ça vous permettra détudier Aristote et vous saurez tout quand jaborderai enfin cette histoire de lenstasis.
Bon, où il est ?
Où il est lekstasis 110 ?
Merde ! Cest tuant ! Encore je retrouverai pas la page quand cest au moment où il faudrait que je vous la sorte !
Bon, attendez ! Oui. Voilà ! Voilà ! Pages 29, 28 et 29, vous pouvez lire à la suite de ça le morceau de la Rhétorique et celui des, les deux morceaux des Topiques qui vous permettront de comprendre tout de suite, de savoir en clair ce que je veux dire, ce que je veux dire quand je relirai Aristote et plus exactement quand jessaierai de réintégrer dans Aristote mes quatre formules, vous savez la, le $ barré et la suite
Oui Enfin pourquoi les matérialistes, comme on dit, sindigneraient-ils que, comme de toujours, je mette même, pourquoi pas, Dieu en tiers dans laffaire de lamour humain ? Je suppose que même les matérialistes, il leur arrive quand même den connaître un bout sur le ménage à trois.
Alors essayons davancer, essayons davancer sur ce qui résulte de ce pas à faire dont en tout cas rien ne témoigne que je ne sache pas ce que jai à dire encore, à ce niveau, là, ici, où je vous parle.
Le moins que je puisse dire, cest dêtre au moins
enfin de pouvoir au moins supposer, vous avoir fait admettre, au moins admettre que jadmets de moins
que pour ce qui est de lêtre
Car le décalage de ce livre, décalage ouvert dès le départ et qui se poursuivra jusquà la fin, de sup , cest de me supposer, et avec ça on peut tout faire, cest de me supposer une ontologie ou ce qui revient au même, un système. Lhonnêteté quand même fait que, dans le diagramme circulaire où soi-disant se noue ce que javance de « lInstance de la lettre », cest en ter , lignes pointillées, à juste titre car ils ne pèsent guère, que sont mis les enveloppant, les enveloppant tous mes énoncés, les noms des principaux philosophes dans lontologie générale desquels jinsérerais mon prétendu système.
Eh bien, pour moi, disons quil ne peut pas être ambigu que, au moins pour ce que jai articulé dans les dernières années, cet être, tel quil se soutient dans la tradition philosophique, cest-à-dire qui sasseoit dans le penser lui-même censé être le corrélat, bon, quà ceci très précisément joppose que dans cette affaire même nous sommes joués par la jouissance,
que la pensée est jouissance,
que ce quapporte le discours analytique, cest à ceci qui était déjà amorcé dans la philosophie entre guillemets « de lêtre », à savoir quil y a jouissance de lêtre.
Je dirai même plus, si je vous ai parlé de lÉthique à Nicomaque, cest justement parce que la trace y est, que ce que cherche Aristote, et ce qui a ouvert la voie à tout ce quil a ensuite traîné après lui, cest
quest-ce que cest cette jouissance de lêtre dont un Saint Thomas naura ensuite aucune peine à forger cette, cette théorie, comme on lappelle, comme lappelle lAbbé Rousselot 111 dont je vous parlais la dernière fois, comme lappelle lAbbé Rousselot : la théorie physique de lamour.
Cest à savoir que, après tout, le premier être dont nous ayons bien le sentiment, ben cest notre être, et tout ce qui est pour le bien de notre être sera, de ce fait, jouissance de l Être suprême, cest-à-dire de Dieu. Quen aimant Dieu, pour tout dire, cest nous-mêmes que nous aimons.
Et quà nous aimer dabord nous-mêmes, charité bien ordonnée comme on dit, nous faisons à Dieu lhommage qui convient.
A ceci, ce que joppose comme être, cest si lon veut à tout prix que je me serve de ce terme ce que, ce dont témoigne dès,
ce dont est forcé de témoigner dès ses premières pages de lecture, simplement lecture,
ce petit volume,
cest à savoir lêtre de la signifiance.
Et lêtre de la signifiance, je ne vois pas en quoi, nest-ce pas, je déchois aux idéaux, aux idéaux je dis, parce que cest tout à fait hors des limites de son épure au matérialisme, tout à fait en dehors des limites de son épure de reconnaître que la raison de cet être de la signifiance cest la jouissance en tant quelle est jouissance du corps.
Seulement un corps, vous comprenez, depuis Démocrite ça paraît pas assez matérialiste, hein ! il faut trouver les atomes, nest-ce pas, et tout le machin, et la vision, lodoration et tout ce qui sensuit, tout ça est absolument solidaire, ce nest pas pour rien quà loccasion Aristote, même sil fait le dégoûté, cite Démocrite, il sappuie sur lui. Latome, cest simplement un élément de signifiance volant. Cest un stoieon /stoïcheion tout simplement. À ceci près que on a toutes les peines du monde à sen tirer quand on ne retient que ce qui fait lélément élément, nest-ce-pas, à savoir quil est unique, alors quil faudrait introduire un petit peu lAutre, à savoir la différence. Bon !
La jouissance du corps, sil ny a pas de rapport sexuel, il faudrait voir en quoi ça peut y servir.
Il me semble avoir déjà scandé,
je suis pressé par le temps,
il me semble avoir déjà scandé que pour prendre les choses du côté où cest logiquement que quanteur a, cest-à-dire tout x, est fonction, fonction mathématique de F de x
cest-à-dire du côté où se range, en somme par choix
libre aux femmes de sy ranger aussi si ça leur fait plaisir, hein !
Chacun sait ça, quil y a des femmes phalliques !
Il est clair que la fonction phallique nempêche pas les hommes d être homosexuels, mais que cest aussi bien elle qui leur sert à se situer comme homme et aborder la femme.
Comme ce dont jai à parler est dautre chose, de la femme précisément, je vais vite parce que je suppose que je vous lai déjà assez seriné pour que vous layez encore dans la tête,
je dis quà moins de castration, cest-à-dire de quelque chose qui dit non à cette fonction phallique et Dieu sait que ce nest pas tout simple, il y a aucune chance que l homme ait jouissance du corps de la femme, autrement dit fasse lamour,
cest le résultat de lexpérience analytique,
ça nempêche pas quil peut la désirer de toutes les façons, même quand cette condition nest pas réalisée, non seulement il la désire mais il lui fait toutes sortes de choses qui ressemblent étonnamment à lamour.
Contrairement à ce quavance Freud, cest lhomme, je veux dire celui qui se trouve mâle sans savoir quen faire, tout en étant être parlant, qui aborde la femme, comme on dit, qui peut même croire quil laborde, parce quà cet égard les convictions dont je parlais la dernière fois, les convictions ne manquent pas. Seulement ce quil aborde, parce que cest là la cause de son désir, cest ce que jai désigné de lobjet petit a, cest là lacte damour, justement. Faire lamour, comme le nom lindique, cest de la poésie, mais il y a un monde entre la poésie et lacte. Lacte damour cest la perversion polymorphe du mâle, ceci chez lêtre parlant. Il ny a rien de plus assuré, de plus cohérent, de plus strict quant au discours freudien.
Puisque jai encore une demi-heure pour essayer de vous introduire, si jose mexprimer ainsi cest ce quil en est du côté de la femme. Alors de deux choses lune, ou ce que jécris na aucun sens, cest la conclusion de ce petit livre 112 et cest pour ça que je vous prie de vous y reporter, ou quand jécris ceci .!, qui se lit, qui se lit dune fonction, dune fonction je dois dire inhabituelle, non écrite, même dans la logique des quanteurs, à savoir la barre, la négation portant sur le « pas tout » et pas sur la fonction
quand je dis ceci,
que se range, si je puis mexprimer ainsi,
se range sous la bannière des femmes un être parlant quelconque,
cest à partir de ceci quil se fonde de nêtre « pas tout »,
et comme tel,
à se ranger dans la fonction phallique cest ça qui définit la
attendez là,
la la la la la
la quoi ?
la femme justement.
À ceci près que La femme, mettons lui un grand L pendant que nous y sommes ça sera gentil,
à ceci près que La femme, ça ne peut sécrire quà barrer L. Il ny a pas La femme, article défini pour désigner luniversel. Il ny a pas La femme puisque jai déjà risqué le terme, et pourquoi y regarderais-je à deux fois ? puisque de son essence, elle nest pas toute.
De sorte que pour accentuer quelque chose dont je vois mes élèves beaucoup moins attachés à ma lecture nest-ce pas que le moindre sous-fifre quand il est animé par le désir davoir une maîtrise, il ny a pas un seul de mes élèves qui nait fait je ne sais quel cafouillage sur, sur je ne sais pas quoi, le manque de signifiant, le signifiant du manque de signifiant, et autres bafouillages à propos du phallus. Alors que je vous désigne dans ce L le signifiant, malgré tout courant et même indispensable, la preuve cest que déjà tout à lheure jai parlé de lhomme et de la femme. Oui il est indispensable
cest un signifiant ce L,
cest par ce L que je symbolise le signifiant,
le signifiant dont il est tout à fait indispensable de marquer la place qui, qui, qui ne peut, qui ne peut pas être laissée vide
de ceci que ce L est le signifiant dont le propre est quil est le seul qui ne peut rien signifier, mais ceci seulement de fonder le statut de L femme dans ceci quelle nest pas toute, ce qui ne permet pas de parler de la femme.
Mais par contre, sil ny a de femme si je puis dire quexclue, dans la nature des choses qui est la nature des mots, il faut bien dire, hein, que ce que javance là, quand même ça peut se dire, parce que sil y a quelque chose dont elles-mêmes se plaignent assez pour linstant, cest bien de ça, hein ! bon ! simplement elles ne savent pas ce quelles disent, cest toute la différence entre elles et moi !
Oui. Sil ny a donc de femme quexclue par la nature des choses comme L femme, il nen reste pas moins que si elle est exclue par la nature des choses c est justement de ceci que dêtre pas toute, elle sassure comme L femme, de ceci que par rapport à ce que désigne de jouissance la fonction phallique, elles ont, si je puis dire, une jouissance supplémentaire. Vous remarquerez que jai dit supplémentaire parce que si javais dit complémentaire, où nous en serions, on retomberait dans le tout.
Ouais. Elles ne sen tiennent, aucune sen tient dêtre pas toute, à la jouissance de, de, de, dont il sagit quand même, et mon Dieu, dune façon générale quoi, on aurait bien tort quand même de ne pas voir que, contrairement à ce qui se dit cest quand même les femmes qui possèdent les hommes, non. Au niveau du populaire, et cest pour ça que je parle jamais enfin vraiment, sauf de temps en temps probablement, enfin je dois bien un peu baver comme tout le monde, mais enfin en général je dis des choses importantes
et quand je remarque que le populaire appelle, populaire,
moi, je, je, jen connais, ils sont pas forcément ici, mais jen connais pas mal !
le populaire appelle la femme la bourgeoise, cest bien ça que ça veut dire, cest que pour être à la botte, hein, cest lui qui lest pas elle.
Donc le phallus, son homme comme elle dit, euh depuis Rabelais on sait que ça lui est pas indifférent. Seulement toute la question est là. Elle a divers modes de laborder ce phallus et de se le garder, hein. Et même que ça joue parce que cest pas parce quelle est pas toute dans la fonction phallique quelle y est pas du tout. Elle y est pas pas du tout, elle y est à plein, mais il y a quelque chose en plus, cet en plus, hein, faites attention, gardez-vous enfin den prendre trop vite les échos, je peux pas le désigner mieux ni autrement parce quil faut que je tranche et que jaille vite.
Il y a une jouissance, puisque nous nous en tenons à la jouissance, jouissance du corps, il y a une jouissance qui est
si je puis mexprimer ainsi parce quaprès tout, pourquoi pas en faire un titre de livre, cest pour le prochain de la collection Galilée : Au-delà du phallus, ça serait mignon ça, hein ! et puis ça donnerait une autre consistance au M.L.F. ! Une jouissance au-delà du phallus, hein !
Si vous vous êtes pas encore aperçus, hein, que,
je parle naturellement ici aux quelques semblants dhommes, enfin qui, que je vois par-ci par-là, heureusement que pour la plupart je ne les connais pas, comme ça je préjuge de rien, pour les autres comme
Oui. Il y a quelque chose que peut-être les quelques semblants dhommes en question ont pu remarquer, comme ça de temps en temps enfin entre deux portes, enfin il y a, il y a quelque chose qui les secoue hein ou qui les secourt. Et puis quand vous regardez en plus létymologie de ces deux mots dans ce fameux Bloch et Von Wartburg 113 dont je fais mes délices et dont je suis sûr que vous ne lavez même pas chacun dans votre bibliothèque, vous verrez que le rapport quil y a entre secouer et secourir, cest pas des choses qui arrivent par hasard, quand même !
Il y a une jouissance, disons le mot, à elle, à cette elle qui nexiste pas, qui ne signifie rien. Il y a une jouissance, il y a une jouissance à elle dont peut-être elle-même ne sait rien, sinon quelle léprouve, ça elle le sait. Elle le sait bien sûr quand ça arrive. Ça leur, ça leur arrive pas à toutes.
Mais enfin sur le sujet de la prétendue frigidité, après tout faut faire la part de la mode aussi et des rapports entre les hommes et les femmes, cest très important, puisque bien entendu tout ça comme dans lamour courtois est dans le discours hélas de Freud, recouvert par, recouvert comme ça par de menues considérations qui ont exercé leurs ravages tout comme lamour courtois, toutes sortes de menues considérations sur la, sur la jouissance clitoridienne, sur la jouissance quon appelle comme on peut, lautre justement, celle que je suis comme ça en train dessayer de vous faire aborder par la voie logique, parce que jusquà nouvel ordre il ny en a pas dautre.
Il y a une chose certaine et qui laisse quand même depuis le temps quelque chance à ce que javance, que de cette jouissance la femme elle ne sait rien, cest que depuis le temps quand même quon les supplie, quon les supplie à genoux, et je parlais la dernière fois des psychanalystes femmes, dessayer quand même de nous le dire, dapprocher ça, eh ben pfutt ! motus hein ! on na jamais rien pu en tirer. Alors on appelle ça comme on peut, vaginale, le, le, le, le, le, le, le, le pôle postérieur du museau de lutérus et autres conneries, cest le cas de le dire. Mais après tout, si simplement elle léprouvait et si elle nen savait rien, ça permettrait aussi de, de jeter beaucoup de doute, là, du côté de la fameuse frigidité dont je parlais tout à lheure, nest-ce pas, qui est aussi un thème, un thème littéraire, enfin nest-ce pas. Enfin bien, ça vaudrait quand même la peine quon sy arrête, parce que figurez-vous depuis ces quelques jours là que je passe, enfin ces quelques jours ! Je fais que ça depuis que jai vingt ans, enfin passons !
à explorer les philosophes sur ce sujet de lamour,
naturellement jai pas tout de suite centré ça sur cette affaire de lamour,
enfin cest venu dans un temps, avec justement lAbbé Rousselot dont je vous parlais tout à lheure et puis toute la querelle de lamour physique et de lamour extatique, comme ils disent. Enfin, je comprends que Gilson 114 ne lait pas trouvée très bonne, cette opposition, il a trouvé que peut-être Rousselot avait fait là une découverte qui nen était pas une, que ça faisait partie du problème, que lamour est aussi extatique dans, dans Aristote que dans Saint Bernard à condition quon sache lire les chapitres sur la fila : philia, sur lamitié. Vous pouvez pas savoir, enfin si, vous pouvez savoir, ça dépend, il y a certains ici qui doivent savoir quand même quelle débauche de littérature sest produite autour de ça, Denis de Rougemont 115, vous voyez ça, LAmour et lOccident, ça barde. Et puis, et puis il y a un autre, qui est pas, qui est pas, qui nest pas plus bête quun autre, qui sappelle Nygren 116, cest un protestant, oui, Éros et Agapê. Enfin ! Cest vrai, cest vrai, cest vrai naturellement quon a fini dans le christianisme par inventer un Dieu, que cest lui qui jouit ! Il y a quand même un petit pont, un pont.
Quand vous lisez certaines personnes sérieuses, comme par hasard cest des femmes
Je vais vous en donner quand même une indication que je dois comme ça, à une très gentille personne qui lavait lu et qui me la apporté. Je me suis rué là-dessus, rué. Ah ! Il faut que je lécrive parce que sans ça, ça vous servira à rien et vous ne lachèterez pas, dailleurs vous lachèterez moins facilement que le livre qui vient de paraître sur moi. Vous lachèterez moins facilement parce que je crois quil est épuisé. Mais enfin vous arriverez peut-être à le trouver. On sest donné beaucoup de mal pour me lapporter à moi, cette Hadewijch dAnvers 117. Cest une Béguine, cest une Béguine, cest-à-dire ce qu on appelle comme ça tout gentiment une mystique. Moi, je nemploie pas le mot mystique comme lemployait Péguy 118, hein. La mystique cest pas tout ce qui nest pas la politique, la mystique cest quelque chose de sérieux, hein.
Il y a quelques personnes, et justement le plus souvent des femmes, ou bien des gens doués comme Saint Jean de la Croix
oui, parce que on nest pas forcé, quand on est mâle, de se mettre du côté du ;!, on peut aussi se mettre du côté du « pas tout », oui. Il y a des hommes qui sont aussi bien que les femmes, ça arrive, et qui du même coup sen trouvent aussi bien, ils entrevoient, disons, malgré, enfin, je nai pas dit malgré leur phallus, malgré ce qui les encombre à ce titre, ils éprouvent lidée en tout cas que, que quelque part il pourrait y avoir une jouissance qui soit au-delà. Cest ce quon appelle des mystiques.
Et si vous lisez cette Hadewijch dont je sais pas comment prononcer son nom, mais enfin quelquun qui est ici et qui saura le néerlandais me lexpliquera jespère tout à lheure, si vous lisez cette Hadewijch
Enfin jai déjà parlé dautres gens qui nétaient pas si mal non plus du côté mystique, mais qui se situaient plutôt du côté, là, de ce que je disais tout à lheure, à savoir du côté de la fonction phallique, nest-ce pas. Angelus Silesius, tout de même, malgré tout, enfin, à force de confondre son il contemplatif avec lil dont Dieu le regarde Cest quand même un peu drôle, ça doit quand même faire partie de la jouissance perverse. Mais pour la Hadewijch en question, pour Sainte Thérèse, enfin disons quand même le mot, et puis en plus vous avez quà aller regarder dans une certaine église à Rome la statue du Bernin pour comprendre tout de suite, enfin, quoi, quelle jouit, ça fait pas de doute ! Et de quoi jouit-elle ? Il est clair que le témoignage essentiel de la mystique cest justement de dire ça, quils léprouvent mais quils nen savent rien 119.
Alors ici comme ça pour terminer, enfin, ce que je vous propose, ce que je vous propose, cest que grâce à ce petit frayage, celui que jessaye de faire aujourdhui, quelque chose soit fructueux, réussisse tout juste, hein de ce qui se tentait à la fin du siècle dernier, au temps de Freud justement. Ce qui se tentait cétait de ramener cette chose que jappellerai pas du tout du bavardage ni du verbiage, toutes ces jaculations mystiques qui sont en somme, ouais, qui sont en somme ce quon peut lire de mieux, tout à fait en bas de page, note : y ajouter les Écrits de Jacques Lacan, parce que cest du même ordre Moyennant quoi naturellement vous allez être tous convaincus que je crois en Dieu. Je crois à la jouissance de L femme en tant quelle est en plus, à condition que cet en plus, là, vous y mettiez un écran avant que je laie bien expliqué.
Alors tout ce quils cherchaient, là, comme ça, toutes sortes de braves gens, là, dans lentourage de nimporte qui, de Charcot et des autres, pour expliquer que la mystique, cest, cétait des affaires de foutre mais cest que si vous y regardez de près, cest pas ça, pas ça, pas ça du tout. Cest peut-être ça euh qui doit nous faire entrevoir ce quil en est de lAutre, cette jouissance qu on éprouve et dont on ne sait rien. Mais est-ce que ce nest pas ça qui nous met sur la voie de lex-sistence ? Et pourquoi ne pas interpréter une face de lAutre, la face de Dieu puisque cétait de ça, par là que jai abordé laffaire tout à lheure, une face de Dieu comme supportée par la jouissance féminine, hein.
Comme tout ça se produit nest-ce-pas, grâce à, à lêtre de la signifiance, et que cet être na dautre lieu que ce lieu de lAutre que je désigne du grand A, on voit la biglerie, hein, de ce qui se produit. Cest comme cela aussi, enfin, que sinscrit la fonction du père en tant que cest à elle que se rapporte la castration, alors, alors on, on voit que ça ne fait pas deux Dieu mais que ça nen fait pas non plus un seul. En dautres termes, cest pas par hasard que Kierkegaard 120 a découvert lexistence dans une petite aventure de séducteur. Cest à se castrer, cest à renoncer à lamour, nest-ce pas, quil pense y accéder. Mais peut-être quaprès tout, pourquoi pas, Régine elle aussi peut-être existait. Ce désir dun bien, au second degré, qui nest pas causé par un petit a celui-là, cest peut-être par lintermédiaire de Régine quil en avait la dimension.
Voilà jen ai assez de raconter des
Notes
101 Lacan a introduit le mot prosdiorisme dans la séance du 12-1-72 de ou pire. « Dans la ligne de lexploration logique du réel, le logicien a commencé par les propositions. La logique na commencé quà avoir su dans le langage isoler la fonction de ce quon appelle les prosdiorismes qui ne sont rien dautre que le "un", le "quelque", le "tous" et la négation de ces propositions. Vous le savez, Aristote définit pour les opposer les universelles et les particulières, à lintérieur de chacune, affirmatives et négatives. Ce que je veux marquer, cest la différence quil y a de cet usage des prosdiorismes, à ce qui pour des besoins logiques, à savoir pour un abord qui nétait autre que de ce réel qui sappelle le nombre, ce qui sest passé de complètement différent ».
102 P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, Le titre de la lettre. Une lecture de Lacan, Paris, Galilée, 1973 et 1990.
103 En fait la collection sappelle : La philosophie en effet.
104Lacan J., « Linstance de la lettre dans linconscient ou la raison depuis Freud » in Écrits, Paris, Seuil, 1966, pp. 493-530.
105 Lacan a avancé cette formulation dans la séance du 15-3-72 du séminaire ou pire.
106 cf. Annexe 1.
107 cf. Annexe 2.
108 cf. Annexe 3.
109 Poète provençal, prince de Blaye (1125-1148). Compositeur de six chansons dans lesquelles ce grand troubadour chantait « lamour de loin ». Il est entré dans la légende pour avoir été amoureux de la comtesse de Tripoli, sans l avoir vue, « pour le bien quon disait delle ». Il se croisa et sembarqua vers la Syrie. Tombé malade en mer, il mourut en débarquant dans les bras de la comtesse, qui entra dans un cloître le jour même. L. Tieck en raconte lhistoire dans Sternbald et E. Rostand dans La princesse lointaine.
110 Lacan prononce très clairement ekstasis, qui nexiste pas en grec mais prépare ce quil dira de lextase.
111 Rousselot P., Pour lhistoire du problème de lamour au Moyen-Âge, Paris, Vrin, 1981. cf. Annexe 4.
112 P. Lacoue-Labarthe, J.-L. Nancy, op. cit., p. 189.
Les auteurs ne disent pas explicitement que ce que Lacan écrit na aucun sens, ils essayent de disjoindre texte et discours chez lui, et dune façon assez obscure, ils soulignent que par son discours Lacan natteint pas le texte. De là Lacan, en renversant la proposition, lit quils disent que ce quil écrit na aucun sens :
« Mais ce nest plus de vérité que dès lors il sagit. Dire au juste de quoi il sagit est dailleurs, sans doute, impossible. Nous parlerons donc pour finir, de texte, si précisément le texte (est ce qui) ne se laisse pas comprendre dans léconomie de la vérité. Rien qui se rapporte, donc, à ce « texte » que, par le sens que lui donne Lacan, il nous a fallu qualifier de discours. Mais le texte que, malgré les ruptures de son énonciation, les écarts de son langage, les détours de son procès, le discours de Lacan ne parvient pas à rejoindre ou plutôt, dans lequel il ne se perd jamais ».113 O. Bloch et W. Von Wartburg, Dictionnaire étymologique de la langue française, Vendôme, PUF, 1975.
114 Etienne Gilson, La Théologie mystique de Saint Bernard, Paris, Vrin, 1934. Cf. Annexe 4.
115 Denis de Rougemont, LAmour et lOccident, Paris, Plon 10/18, 1991.
116 Anders Nygrens (1890-1978), Éros et Agapê, trad. P. Jundt, Paris, Aubier, 1940.
117 Hadewijch dAnvers, Amour est tout, poèmes strophiques, Paris, Téqui, 1984, et Écrits mystiques des béguines, Paris, Seuil, 1985.
118 Péguy, qui avait vu dans « létablissement de la République socialiste universelle » le « remède au mal universel », écrira en 1910 dans Notre jeunesse : « lessentiel est que la mystique ne soit point dévorée par la politique à laquelle elle a donné naissance ». Devant « la menace dune invasion allemande » dans Notre Patrie, il aura dès 1905 lié sa mystique socialiste à une mystique de la patrie française, stigmatisée comme la figure privilégiée de la cité de Dieu.
119 Le Bernin, « Extase de Sainte Thérèse », Chapelle Cornaro, transept gauche de léglise Santa Maria della Vittoria, Rome. Dans Ravissements célestes, FMR n° 65, Ed. française, p.26, Caterina Napoleone propose une autre interprétation de cette statue :
« Serait-elle morte ? ou mourante ? ou bien liconographie bernienne se réfère-t-elle à cette représentation qui, sous forme de chronique, fût élaborée de son agonie ? Une représentation qui transforme la sainte, au moment où elle passe de la vie à trépas, en ravissante jeune femme alors quelle est une septuagénaire dallure peu soignée ».
Il sagit de la chapelle funéraire du Cardinal Cornaro, commanditaire du Bernin. Elle sorganise comme un théâtre selon la tradition baroque : les ancêtres du Cardinal, accoudés aux balcons de deux loges, sont les spectateurs et les juges de la scène de lextase de la sainte, comme les théologiens qui toute sa vie durant questionnèrent la foi de Thérèse. Mystique ou démon telle était la question à laquelle devaient répondre les écrits que rédigea Thérèse sous la pression renouvelée de ses confesseurs : elle y décrit ses expériences Cf. Annexe 6.
En affirmant quelle éprouve une jouissance dont elle ne sait rien sinon quelle léprouve, Lacan réédite la question des théologiens du XVIe, mystique ou hystérique ?120 S. Kierkegaard, La Reprise, Paris, Flammarion, 1990.