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6 - Le corps de l'autre/Autre
Ce point devrait faire partie de la section des homophonies. Mais, vu son extension nous avons préférer le séparer.
Nous avons vu comme a la première séance du séminaire, la version Seuil éliminait un paragraphe ou Lacan expliquait de quel Autre/autre il sagissait quand il parlait de « la jouissance de lAutre » et « du corps de lautre ».
Répétons ce paragraphe:
Version Seuil Page 11, deuxième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Je sors, et une fois de plus, j'écrirai sur la porte, afin qu'à la sortie, peut-être, vous puissiez ressaisir les rêves que vous aurez sur ce lit poursuivis. J'écrirai la phrase suivante - La jouissance de l'Autre, de l'Autre avec un grand A, du corps de l'Autre qui le symbolise, n'est pas le signe de l'amour. J'écris ça, et je n'écris pas après terminé, ni amen, ni ainsi soit-il L'amour, certes, fait signe, et il est toujours réciproque | Je sors, et une fois de plus
jécrirai sur la porte, dans la fin quà la
sortie peut-être vous puissiez vous rendre compte des
rêves que vous aurez sur ce lit poursuivis, la phrase
suivante : la jouissance de lAutre, de
lAutre avec
il me semble que depuis le
temps ça doit suffire que je marrête là, je vous
en ai assez rebattu les oreilles de ce grand A qui vient
après, et que maintenant il traîne partout, ce grand A
mis devant lAutre, plus ou moins opportunément
dailleurs, ça simprime à tort et à
travers, la jouissance de lAutre, du corps
de lautre qui Le, lui
aussi avec un grand L, du corps de lautre
qui Le symbolise nest pas le signe de lamour. Jécris ça, je nécris pas après : terminé, ni amen, ni ainsi soit-il. <Elle> nest pas le signe, cest néanmoins la seule réponse. Le compliqué cest que la réponse elle est déjà donnée au niveau de lamour, et que la jouissance de ce fait reste une question, question en ceci que la réponse quelle peut constituer nest pas nécessaire dabord. Ce nest pas comme lamour. Lamour, lui, fait signe et, comme je lai dit depuis longtemps, est toujours réciproque |
On croirait quil ny a pas de doute par rapport a la formule « la jouissance de lAutre » : quand le sens du « de » est subjectif, on devrait écrire Autre, avec majuscule, et quand le sens du « de » est objectif, on devrait écrire autre, avec, minuscule. Des 9 fois que cette formule apparaît dans le séminaire complet, dans tous les cas est utiliser le sens subjectif, et toutes les version semblent coïncider sur ce point
Mais, ¿quy a t-il pour la formule « le corps de lautre » ?
¿Quel est le sens de parler du corps en relation a « lautre » ou a « lAutre » ?
La formule « le corps de lautre » apparaît 21 fois (1), au total, tout au long du séminaire. Pour toutes les apparitions antérieures au séminaire Encore, toutes les versions semblent saccorder a écrire toujours « autre » avec minuscule. Mais pour le séminaire Encore, la version Seuil écrit « Autre », avec majuscule, tandis que la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB écrit "autre", avec minuscule. Et chaque version se maintient dans sa position tout au long de ce séminaire.
Le paragraphe éliminé par la version Seuil à la première séance argumente, explicitement, lécriture avec minuscule, tel que lindique la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB dans la note au pied de page, numéro 9 : Lacan indique que « Le symbolise » sécrit avec « L » majuscule ; donc, cest « lAutre » qui est symboliser par « le corps de lautre » (¿quel sens aurait décrire que « le corps de lAutre » symbolise « lAutre » ?)
Nous aurions, alors, deux formule équivalentes :
- La « jouissance de lAutre » nest pas le signe de lamour
- La « jouissance du corps de lautre » nest pas le signe de lamour
ou le sens du premier « de » est subjectif y le sens du deuxième « de » est objectif.
Il est intéressant de noter que les traducteurs de la version Paidos, même sans compter (supposément) avec le paragraphe de la première séance éliminé par la version Seuil, mais raisonnant de la même façon, ont corrigé la version Seuil et ont écrit (mais seulement pour cette première séance ) « cuerpo del otro » (« corps de lautre »), avec minuscule.
Pour tout le reste du séminaire, la version Paidos saccorde sur la version Seuil et écrit « corps de lAutre » avec majuscule
Une analyse conceptuelle de cette formule simpose mais, comme dans les indications précédentes, ce travail se limite au signalement et commentaires de quelques différences remarquables entre les différentes versions.
Des 7 fois que la formule apparaît dans le séminaire, 4 correspondent a la séance du 21 novembre et 3 correspondent a la séance du 19 décembre
Nous avons retranscrit plus haut la première occasion de la séance du 21 novembre. Voici les 3 autres :
Version Seuil | VRMNAGRLSOFAFBYPMB | |
1 |
La jouissance jouissance du corps de lAutre reste, elle, une question, parce que la réponse quelle peut constituer nest pas nécessaire (page 11) | Alors bien sur, ça explique que la jouissance du corps de lautre, elle, ne soit pas une réponse nécessaire. |
2 |
Alors, doù part ce qui est capable, de façon non nécessaire, et non suffisante, de répondre par la jouissance du corps de lAutre? (page 11) | Alors, doù part, ça, qui est capable, certes, mais de façon non nécessaire, non suffisante, de répondre par la jouissance, jouissance du corps, du corps de lautre? |
3 |
Cest pourquoi le surmoi tel que je lai pointé tout à lheure du Jouis! est corrélat de la castration, qui est le signe dont se pare laveu que la jouissance de lAutre, du corps de lAutre, ne se promeut que de linfinitude. (page 13) | Et cest pourquoi le surmoi, tel que je lai pointé tout a lheure du jouis!, est corrélat de la castration qui est le signe dont se pare laveu que la jouissance de lAutre, du corps de lautre, ne se promeut que de linfinitude |
Dans les 3 occasions (quoique plus explicitement dans les deux premières, qui, dautre part, sont très proches entre elles), léquivalence entre les formules « jouissance de lAutre » et « jouissance du corps de lautre » est évidente.
¿Quel sens aurait cette équivalence si dans les deux formules on écrivait « Autre » avec majuscule ? ¿Cest le « corps de lAutre » qui jouirait ou cest « lAutre » qui jouirait de son propre corps ? ¿Quel est le sens du « de » à chaque occasion ?
Cest le même problème qui se pose à la séance du 19 décembre.
Mais avant de les retranscrire, voyons encore un paragraphe de la séance du 21 novembre qui apporte aussi quelques éléments, et dune façon très coïncidente avec les différences que nous trouverons a la séance du 19 décembre.
Version Seuil Pages 12/13 |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Mais lêtre, cest la jouissance du corps comme tel, cest à dire comme asexué, puisque ce quon appelle la jouissance sexuelle est marqué, dominé, par limpossibilité détablir comme tel, nulle part dans lénonçable, ce seul Un qui nous intéresse, lUn de la relation du rapport sexuel | Mais l être cest la
jouissance du corps comme tel, cest-à-dire comme
a, mettez-le comme vous voudrez comme a sexué, puisque ce qui est dit jouissance sexuelle est dominé, marqué par limpossibilité détablir comme tel, nulle part dans lénonçable, ce seul Un qui nous intéresse, lUn de la relation : rapport sexuel |
On remarque que la version Seuil a éliminé une claire indication de Lacan pour établir une équivalence entre « corps » et « objet a », indication qui permet, alors, décrire « a sexué » dune façon différente et de penser le corps comme objet a sexué (ce qui va dans le sens décrire « le corps de lautre » avec minuscule).
Passons alors a la séance du 19 décembre. Nous transcrivons 5 paragraphes qui se suivent (numérotés entre parenthèse).
Version Seuil Page 26, a moitié de page |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
(1) Pour situer, avant de vous
quitter, mon signifiant, je vous propose de soupeser ce
qui, la dernière fois, sinscrit au début de ma
première phrase, le jouir dun corps, dun
corps qui, lAutre, le symbolise, et comporte
peut-être quelque chose de nature à faire mettre au
point une autre forme de substance, la substance
jouissante. (2) Nest-ce pas la ce que suppose proprement lexpérience psychanalytique ? la substance du corps, a condition quelle ne se définisse seulement de ce qui se jouit. Propriété du corps vivant sans doute, mais nous ne savons pas ce que cest que dêtre vivant sinon seulement ceci, quun corps, cela se jouit. Cela ne se jouit que de le corporiser de façon signifiante. (3) Ce qui implique quelque chose dautre que le partes extra partes de la substance étendue. Comme le souligne admirablement cette sorte de kantien quétait Sade, on ne peut jouir que dune partie du corps de lAutre, pour la simple raison quon na jamais vu un corps senrouler complètement, jusqua linclure et le phagocyter, autour du corps de lAutre. Cest pour ça quon en est réduit simplement à une petite étreinte, comme ça, à prendre un avant-bras ou nimporte quoi dautre ouille! (4) Jouir a cette propriété fondamentale que cest en somme le corps de lun qui jouit dune part du corps de lAutre. Mais cette part jouit aussi cela agrée à lAutre plus ou moins, mais cest un fiat qu il ne peut pas y rester indifférent. (5) Il arrive même qu'il se produise quelque chose qui dépasse ce que je viens de décrire, et qui est marqué de toute l'ambiguité signifiante, car le jouir du corps comporte un génitif qui a cette note sadienne sur laquelle j'ai mis une touche, ou, au contraire, une note extatique, subjective, qui dit qu'en somme c'est l'Autre qui jouit. |
(1) Pour situer avant de vous quitter
mon signifiant, je vous propose, je vous propose de
soupeser ce qui, la dernière fois, sinscrit au
début de ma première phrase qui comporte le jouir
dun corps, dun corps qui, « lAutre, Le
symbolise» et comporte peut-être quelque chose de
nature à faire mettre au point une autre forme de
substance : la substance jouissante. (2) Est-ce que ce nest pas là ce que suppose proprement et justement sous tout ce qui ici signifie lexpérience psychanalytique Substance du corps, à condition quelle se définisse seulement de ce qui se jouit. Seulement propriété du corps, vivant sans doute, mais nous ne savons pas ce que cest dêtre vivant, sinon seulement en ceci quun corps ça se jouit, et plus, nous tombons immédiatement sur ceci quil ne se jouit que de le corporiser de façon signifiante. (3) Ce qui veut dire quelque chose dautre que la pars extra partem de la substance étendue, comme le souligne admirablement cette sorte de kantien, disons-le cest un vieux bateau qui est quelque part dans mes Écrits, quon lit plus ou moins bien, cette sorte de kantien quétait Sade, à savoir qu on ne peut jouir que dune partie du corps de lautre, comme il lexprime très très bien, pour la simple raison quon na jamais vu un corps senrouler complètement, totalement jusqu à linclure et le phagocyter autour du corps de lautre. Cest même pour cela quon en est réduit simplement à une petite étreinte comme ça, un avant-bras ou nimporte quoi dautre. Ouille ! (4) Et que jouir a cette propriété fondamentale que cest en somme le corps de lun qui jouit dune part du corps de lautre, mais cette part jouit aussi, ça agrée à lautre plus ou moins, mais cest un fait quil ne peut pas y rester indifférent. (5) Et même quil arrive quil se produise quelque chose, qui dépasse ce que je viens de décrire, marqué de toute lambiguïté signifiante à savoir que le jouir du corps est un génitif dont, selon que vous le faites objectif ou subjectif, a cette note sadienne, sur laquelle jai mis juste une petite touche, ou au contraire extatique, subjestive, qui dit quen somme cest lautre qui jouit. |
Les paragraphes qui incluent la formule « le corps de lautre » sont les paragraphes 3 et 4. Nous avons ajoutés les antérieures et postérieures parce quils nous semblent relevants pour cette affaire.
Le premier paragraphe reproduit, pour les relations entre « corps » et « autre », un contexte presque identique a celui de la première apparition de la formule (a la séance du 21 novembre), dans le paragraphe éliminé par la version Seuil, ou Lacan précisait que « Le symbolise » devait sécrire avec « L » majuscule.
Cette précision renforce, tant dans la séance du 21 novembre comme dans cette séance du 19 décembre, largumentation que le « corps de lautre » vient symboliser « lAutre », raison pour laquelle le « corps de lautre » devrait sécrire avec minuscule.
Lacan propose aussi cette relation a cet autre paragraphe de la séance du 19 décembre (et nous répondons, ainsi, à lappel du deuxième exemple de litem 7 «Interventions sur lénoncé »)
Version Seuil Page 21, quatrième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Ce qui n'est pas signe de l'amour, c'est la jouissance de l'Autre, celle de l'Autre sexe et, je commentais, du corps qui le symbolise. | Ce qui n'est pas le signe de l'amour, je le reprends donc de la première fois, ce que j'ai énoncé de la jouissance de l'Autre, ce que je viens de rappeler à l'instant, en commentant, le corps qui Le symbolise. La jouissance de l'Autre, avec le grand A que j'ai souligné en cette occasion, c'est proprement celle de l'Autre sexe, et je commentais, du corps qui Le symbolise. |
La version Seuil (avec sa cohérence) élimine ici une claire et évidente référence de Lacan à ce quil a dit a la séance du 21 novembre (éliminé aussi dans la version Seuil), sur les relations entre le « corps » et « lAutre », et comment le premier symbolise le deuxième.
Revenons alors aux 5 paragraphes antérieurement numérotés, pour noter, au deuxième, cette différence entre les version Seuil et VRMNAGRLSOFAFBYPMB
Ou la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB écrit, et lenregistrement sonore prononce, « un corps, ça se jouit », la version Seuil écrit « un corps, cela ce jouit ».
Ou la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB écrit, et lenregistrement sonore prononce, « il [se référant au corps] ne se jouit que », la version Seuil écrit « cela ne se jouit que ».
« Cela » et « ça », ce nest pas la même chose.
Les 3 apparitions de la formule aux troisième et quatrième paragraphes renvoient à la problématique de comment ont jouit dun corps.
Le deuxième paragraphe finit sur lindication quun corps se jouit de « le corporiser de façon signifiante ». ¿Devons nous comprendre que « de façon signifiante » impliquerait que le corps est de « lAutre » ? On ny voit pas pourquoi ou comment. Il ny a pas de corps qui ne soit pas marquer et corporiser par le signifiant. Larticulation de la pulsion au corps implique la coupure signifiante. Ce qui maintient lécriture de « lautre », avec minuscule, est la référence au corps avec ses dimensions imaginaire et réel.
Au troisième paragraphe nous avons deux apparitions de la formule « le corps de lautre » dans un contexte de référence au texte de Kant avec Sade. Dans cet écrit nous trouverons 4 référence au corps, commençant par la maxime sadienne (2), et suivent 3 autres références simples au corps
Finalement, au cinquième paragraphe, nous avons lindication que « cest lautre qui jouit ». ¿Devrions nous considérer cette indication comme une inversion de la formule « la jouissance de lAutre » ?¿Est-ce lAutre le seul pour lequel nous pourrions assigner un sens subjectif pour le « de » ?
Nous essayerons de répondre a ces question dans un autre travail. Tel que nous lindiquions au début, ici nous nous contentons de signaler quelques différences qui soulignent le probleme de « létablissement » du texte du séminaire.
Notes
(1) De ces 21 fois, 7 correspondent au séminaire « Encore », 3 au séminaire « RSI », 1 au séminaire « Dissolution », 3 au séminaire « Les écrits techniques de Freud », 1 au séminaire « Le désir et son interprétation », 3 au séminaire « Lidentification », 1 au séminaire « Langoisse », 4 au séminaire « La logique du fantasme », et 1 au séminaire « Dun Autre à lautre ».
Par contre, dans les Écrits, cette formule napparaît jamais