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2 - Logique du concept
Dans plusieurs paragraphes ou Lacan développe des concepts, Miller a consideré pertinent de faire des ajouts, des petites mises au point, apparemment secondaires ou tout simplement clarifiantes. Chaque lecteur jugera les conséquences dans les exemples suivants.
Exemple 1: La "fondation du sujet"
Version Seuil Page 20, deuxième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Mais si on considère tout ce qui, de la définition du langage, sensuit quant à la fondation du sujet, si renouvelée, si subvertie par Freud que cest là que sassure tout ce qui de sa bouche s est affirmé comme linconscient, alors il faudra, pour laisser à Jakobson son domaine réservé, forger quelque autre mot. Jappellerai cela la linguisterie | Mais si on prend tout ce qui sen suit du langage, et nommément de ce qui en résulte : dans cette fondation du sujet, si renouvelé, si subverti que cest bien là le statut dont sassure tout ce qui de la bouche de Freud sest affirmé comme linconscient , alors il me faudra forger quelque autre mot pour laisser à Jakobson son domaine réservé, et si vous le voulez jappellerai ça la linguisterie. |
Si nous laissons de côté la différence entre "on prend" et "on considère", nous trouvons deux différences qui ont peut être d'autres conséquences.
Ce fragment fait partie d'une séquence ou Lacan cherche à établir la différence entre le champ du linguiste et celui du psychanalyste. Cette délimitation surgit de la précision sur ce qui, du langage, s'en suit quand à la fondation du sujet
Alors, voilà que Miller considère pertinent ajouter le terme "définition". En conséquence, dans la version Seuil on lit que ce qui est en jeu dans la "linguisterie" est "ce qui, de la définition du langage, sensuit quant à la fondation du sujet".
Mais ce nest pas la même chose "ce qui" du "langage" que "ce qui" de "la définition du langage". Cette "définition", doù elle vient? Quel est son champ dappartenance? Celui de la linguistique? Pourquoi la délimitation de quelque chose dans le langage nécessite d'une "définition" du même? Pourquoi n'est pas suffisante l'indication de "ce qui du langage" "dans cette fondation du sujet"?
Interpelé par son partenaire par un "je t'aime beaucoup", Cortazar fait dire a un de ses personnages: "tu ne sais pas combien ce beaucoup enlève au je t'aime". On pourrait se demander combien cette "définition" enlève à "ce qui du langage" s'en suit quand a la fondation du sujet.
En tous les cas, de cette façon, la notion de "linguisterie" est soumise a une définition antérieur du langage.Finalement, dans ce même paragraphe, un autre problème se pose a partir de lhomophonie entre deux termes (voir aussi dautres cas problématiques d homophonies)
De quelle manière faut-il comprendre "renouvelé/e" et "subverti/e"? Comme masculin ou féminin?
Car, si masculin, ces adjectifs font référence au sujet, tandis que si féminin, ils se réferent à la "fondation" du sujet. Le sujet et sa fondation ne sont pas la même chose.Dans la version Seuil on lit que cest la "fondation" du sujet celle qui a été "renouvelée" et "subvertie", par Freud. L'établissement de l'inconscient ne se fonderait plus, alors, sur la particularité du sujet, mais sur la particularité de sa "fondation".
Dans la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB on lit que cest le sujet celui qui a été renouvelé et subverti dans sa fondation. Et cest dans le statut de ce sujet où Lacan désigne ce qui chez Freud saffirme comme inconscient.
Exemple 2 : Extraire hors du langage
Version Seuil Page 23, cinquième paragraphe. |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
cela ne s obtient quaprès un très long temps dextraction, dextraction hors du langage de quelque chose qui y est pris, et dont nous avons, au point où jen suis de mon exposé, quune idée lointaine | cela ne sobtient quaprès un très long temps dextraction du langage de ce quelque chose qui y est pris, et dont nous, au point où jen suis de mon exposé, nous navons quune idée lointaine |
Une chose cest "extraire du langage" et une autre chose cest "extraire hors du langage". Extraite nimplique pas forcément "un dedans" et "un dehors". Cet "hors" que - nous supposons -, a été ajouté pour trancher une eventuelle ambigüité des sens objectif et subjectif du "du langage", a aussi comme effet d'ajouter une topologie dedans-dehors qui, non seulement n'est pas prononcée par Lacan, mais est, aussi, contradictoire avec tout son enseignement.
La traduction à l'espagnol de l'edition Paidos a voulu, évidemment, atenuer la force de cet "hors" en écrivant "à partir"; mais la traduction de "hors" est sans aucun doute, "fuera".Exemple 3 Le symbolique et ses dimensions
Version Seuil Page 24, quatrième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Pourquoi mettons-nous tant daccent sur la fonction du signifiant ? Parce que cest le fondement de la dimension du symbolique, que seul nous permet disoler comme telle le discours analytique | Alors il s agirait quand même de savoir où ça nous mène et de nous poser la question de savoir pourquoi nous mettons tant daccent sur cette fonction du signifiant, il sagirait de la fonder, parce que quand même cest le fondement du symbolique, nous le maintenons, quelles que soient ses dimensions qui ne nous permettent dévoquer que le discours analytique |
Premièrement, la version Seuil inverse le rapport entre "symbolique" et "dimensions": il ne s'agit plus du fondement du symbolique, quelles que soient ses dimensions (plusieurs), mais du fondement d'une seule dimension, caracterisée par le symbolique. (Nous pourrions ajouter aussi que lhomophonie "ses/ces" permettrait de considerer plus de variantes parmi les rapports entre le symbolique et les dimensions)
Deuxièmement, la version Seuil transforme la réflexion de Lacan à propos de ce que les dimensions (plusieurs) du symbolique permettraient d "évoquer" du discours analytique, en une affirmation (renforcée par lajout du terme "isoler" et par la suppression du terme "évoquer") selon laquelle la dimension (unique) du symbolique, pourrait être "isolée" comme tel, seulement par le discours analytique
Exemple 4 : La pure position de lêtre
Version Seuil Page 25, troisième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Heureusement que Parménide a écrit en réalité des poème | Ce que je regrette beaucoup
cest que Parménide
je parle de Parménide,
de Parménide, de ce que nous en avons encore de ses
dires, enfin de ce que la tradition philosophique en
extrait, de ce doù part par exemple mon maître
Kojève cest la pure position de lêtre. Heureusement ! Heureusement que Parménide a écrit, a écrit en réalité des poème |
A différence des cas précedents, ici il sagit de lélimination complete dun paragraphe.
Nous aurions pu mettre cet exemple dans la série des exemples de "Contextes et références". Mais nous preferons le placer ici pour souligner limportance, qu'au moment de lanalyse du Parménides, aura cette réference conceptuelle à Kojève et à ce que celui ci désigne comme "pure position de lêtre". Dans la version Seuil cette référence a été eliminée