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3 - Homophonies
Voici une série d exemples de différences qu on peut trouver dans le texte et qui peuvent être justifiées comme des lectures possibles dhomophonies
Exemple 1: Nutrition et bêtise
Version Seuil Page 19, troisième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Est-ce que tout ce quon nourrit est, de ce fait même, bête? Non pas. | Non pas parce que tous ceux quon nourrit soient bêtes.. |
A part les particulières modifications de la rédaction (Miller construit un question et introduit "de ce fait même" etc.), nous avons deux lectures différentes de l homophonie "tous ceux / tout ce".
A quoi renvoit lobjet neutre "ce" dans la version du Seuil?
Le contexte semble porter plutôt vers "ceux", car le paragraphe fait allusion aux formes avec lesquelles "on se nourrit" tant au restaurant comme à l université.Exemple 2: "ça nous, ¿ça vous?"
Version Seuil Page 21, avant dernier paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Changement de discours -- ça bouge, ça vous, ça nous, ça se traverse, personne naccuse le coup. | Changement de discours, assurément cest là quil est étonnant que ce que jarticule à partir du discours psychanalitique, eh bien, ça bouge, ça noue, ça se traverse personne naccuse le coup! |
Cela se passe au moment ou Lacan est en train de faire référence au changement du discours. Miller, non seulement décide résoudre lhomophonie "nous/noue" par le choix de la première personne du pluriel, mais, cherchant - peut être - renforcer ce premier choix, vient ajouter un "ça vous" qui n'a pas été prononcé par Lacan et réduit la possibilité de penser à l'option "noue".
Exemple 3: "Hérite" et "des rites"
Version Seuil Page 22, début de la deuxième section |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Le signifiant - tel que le promeuvent les rites dune tradition linguistique qui nest pas spécifiquement saussurienne, mais remonte jusquaux Stoïciens doù elle se reflète chez St-Augustin est à structurer en termes topologiques | Le signifiant, tel quel, hérite dune tradition linguistique qui, il importe de le remarquer nest pas spécifiquement saussurienne, elle remonte bien plus haut, ce nest pas moi qui lai découvert, jusquaux Stoïciens où elle se reflète chez St-Augustin. Elle est à structurer en termes topologiques |
Evidemment, "les rites" ou "hérite", ce n'est pas la même chose.
Daprès la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB, "le signifiant hérite d'une tradition lingüistique". En conséquence, cest cette tradition lingüistique celle qui doit être structurée en termes topologique.
Par contre, dans la version Seuil, cest le signifiant celui qui devrait être structurer en termes topologique, et ceci, à la manière où le promeuveraient "les rites dune tradition linguistique" (sic).
Exemple 4: La "subversion" du désir
Version Seuil Page 23, deuxième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Il y en a bien dautres locutions aussi extravagantes. Elles ne veulent dire rien dautre que ceci - la subversion du désir. Cest là le sens de «à tire-larigot». Par le tonneau percé de la signifiance coule «à tire-larigot» un bock, un plein bock de signifiance | Il y en a bien dautres locutions aussi extravagantes qui ne veulent dire rien dautre que ça : la submersion du désir, cest le sens de «à tire-larigot», par quoi ? par le tonneau percé de quoi ? mais de la signifiance elle-même. «À tire-larigot», un bock de signifiance |
Il est probablement difficil de comprendre qu'est ce que c'est que la "signifiance", ou que veut dire "tire-larigo". On peut aussi se surprendre avec cette histoire de "submersion" du désir.
Mais il est tout à fait clair que remplacer "submersion" par "subversion" et instituer ce paragraphe comme la seule et contradictoire référence tout au long de lenseignement de Lacan, à une hipothétique "subversion du désir", ne semble pas être une voie qui apporte des éclaircissements par raport à cette affaire.
D'autre part, on nage dans un contexte de "liquides" et de "fluides": lexpression "a tire-larigot" signifie "en des quantités énormes"; le verbe "tirer" est semblable au "tirar" espagnol, comme quand on parle de "bière tirée", cest à dire, faire sortir le liquide de son récipient; "larigot" est un refrain populaire des chansons de buveurs, et en plus il est associé au verbe "boire"; finalement, un bock est un récipient utilisé dhabitude pour boire de la bière.
Alors...Exemple 5: Signifier / signifié
En francais, "signifier" y "signifié" sont des termes homophoniques.
Voilà deux situations où ce problème se pose.
La version VRMNAGRLSOFAFBYPMB dit: "Alors, quest-ce que, quest ce que cest que cette signifiance? Au niveau ou nous sommes cest ce qui a effet de signifier"
Tandit que la version Seuil dit: "Qu est-ce que cest que cette signifiance? Au niveau ou nous sommes, c est ce qui a effet de signifié"Evidemment, cest ne pas la même chose que la signifiance soit ce qui a effet de signifier que ce qui a effet de signifié. En particulier, si on se décide pour "signifié", la différence très interessante entre signifiant y significance est ratée. Il convient de mentionner, en ce sens, que quelques pages plus haut nous pouvons lire (les deux versions coincident) que "le signifiant est, dabord , ce qui a effet de signifié" (version Seuil, page 22, prémier paragraphe- déuxième séction; version Paidos, page 27, prémier paragraphe, section 2). Et une demi-page plus loin nous trouvons cette autre différence.
Versión Seuil Página 23, final de página |
Versión VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Ce qui caractérise, au niveau de la distinction signifiant-signifié, le rapport du signifié à ce qui est la comme tiers indispensable, a savoir le référent, cest proprement que le signifié le rate. Le collimateur ne fonctionne pas | Au niveau de la distinction signifiant-signifié qui caractérise le signifier quant a ce qui est là pourtant comme tiers indispensable, a savoir le référent, c est proprement que le signifié le rate, cest que le collimateur ne fonctionne pas |
Miller, non seulement interprète lhomophonie "signifier/signifié" en termes de "signifié", mais modifie aussi, foncièrement, la rédaction du paragraphe, avec, apparement, lobjectif de renfoncer son choix.
On pourait dire que dans les deux versions il est clair que le signifié rate le référent, et que cela se passe au niveau de la distinction signifiant / signifié, et que cest cela l'important.
Mais il résulte des nuances différentes selon que nous utilisions le verbe "caracteriser" pour :
associer la distinction signifiant / signifié au signifier (dans la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB et le registre sonore)
- caracteriser en soi même le rapport du signifié au référent (dans la version Seuil)
Finalement, on pourait dire que la rédaction de Miller est plus "claire" (on peut la "comprendre" plus facilement), mais on y rate la présence du verbe "signifier" et les associations que ce verbe apporte au régard de la signifiance et les indications que nous avons fait une demi-page en haut. Et les complications resultent dune rédaction qui va daccord avec une intérpretation de l homophonie en termes de "signifié"
Exemple 6: "inextraillablement"
Version Seuil Page 24, troisième paragraphe |
Version VRMNAGRLSOFAFBYPMB |
Ce n'est pas que je ne croie pas aux anges - chacun le sait, j' y crois inextrayablement et même inexteilhardement - | Ce n'est pas que je ne croie pas aux anges, chacun le sait, j'y crois inextraillablement et ême inexteilhardement. |
La version Seuil écrit "inextrayablement" avec "y" grécque et la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB écrit avec "i" latine.
Ce sont des néologismes inventés par Lacan.
On peut supposer, alors, qu'un des termes employés pour cette construction est "inextricable", qui indique un mélange impossible de défaire, une confusion dont il est impossible sortir
Si nous suivons la version VRMNAGRLSOFAFBYPMB on pourrait penser que le deuxième terme pour cette construction est "traille": Câble tendu d'une rive à l'autre le long duquel se déplace une embarcation servant de bac; ce bac lui-même.
Par contre, avec l' "y" grecque (choisie par la version Seuil), tout ce qu'on imagine comme deuxième terme serait "trayeur": "Personne chargé de traire" ("traire": Tirer le lait de (la femelle de certains animaux domestiques) en pressant le pis ou mécaniquement)
Lécriture avec "i latine" nous semble plus logique de même que la construction du néologisme avec "inextricable" et "traille". Surtout si nous pensons à dautres termes qui nous permettraient de faire un pont avec le néologisme suivant, "inexteilhardement" (qui semble faire référence à Teilhard de Chardin):
- treille: Berceau de ceps de vigne soutenus par un treillage; tonnelle où grimpe la vigne
- teille: Liber du tilleul, dont on fait des cordes, des nattes - Écorce de la tige de chanvre. On dit aussi TILLE.
Nous arrêtons ici nos réflexions. L'intention était celle de signaler loption décrire cette homophonie avec "y" grècque ou "i" latine.