Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Anexe 3: Saussure

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Le chapitre I des Principes généraux s’intitule d’abord « Nature du signe linguistique », puis « La langue comme système de signes». Saussure introduit deux nouveaux termes : « signifiant » et « signifié». Ce sont les « organisateurs », les « discriminants » de la substance communiquée et de la substance communicante. C’est-à-dire que l’introduction des deux termes est une conséquence du principe de l’arbitraire du signe linguistique.

Le signe linguistique unit un concept et une image acoustique, termes que Saussure remplace respectivement par signifié et signifiant. Le signe fait référence à une entité plus petite que la phrase, probablement le vocable.

L’élément linguistique consiste en deux termes, d’une part un objet, hors du sujet (dessin de l’arbre), d’autre part le nom, l’autre terme vocal ou mental (arbor).

Premier principe : l’arbitraire du signe.

Le signifiant est immotivé, c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité. Le lien unissant le signifiant au signifié est radicalement arbitraire.

Ce premier principe est un principe sémiologique général, valable pour n’importe quelle sorte de signe.

Second principe : caractère linéaire du signifiant.

Le signifiant de nature auditive représente une étendue. Cette étendue est mesurable dans une seule dimension : c’est une ligne. Les éléments se présentent l’un après l’autre, ils forment une chaîne.

La possibilité de découper les mots dans les phrases est une conséquence de ce principe.

Ce second principe ne concerne que le signifiant, et est donc spécifique des signes à signifiant acoustique, c’est-à-dire des signes du langage verbal.

Saussure parle d’un principe qui régit la structure des signifiants : il n’y a pas de signifiant là où il n’y a pas de signifié.

Le chapitre IV de la Linguistique Synchronique concerne la valeur linguistique.

Les deux éléments entrant en jeu dans le fonctionnement de la langue sont les idées et les sons. Cette combinaison produit une forme, non une substance. La langue est comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso, on ne peut découper le recto sans découper en même temp s le verso. Dans la langue, on ne saurait isoler ni le son de la pensée, ni la pensée du son.

La pensée est linguistiquement amorphe hors de la langue. L’arbitraire radical vient d’abord, la relativité des valeurs signifiantes et signifiées en est la conséquence.

Puisque pour Saussure un signifiant ne peut avoir qu’un seul signifié, les « significations » d’un mot sont une chose différente de son signifié. Les « syllabes » sont pour Saussure une réalité « phonologique », et non pas de langue mais de parole. La signification est l’équivalent de la phonation, c ’est-à-dire qu’elle est la réalisation du signifié d’un signe faite au niveau de la parole, de l’exécution.

Il distingue entre la référence concrète, au moyen d’un signe, à un objet particulier et la façon dont le signe propose à notre représentation subjective cet objet ou d’autres possibles. La distinction entre référence concrète et façon de la faire est rendue par Saussure avec signification (ou sens) et signifié. Frege, avant lui, l’avait déjà bien vu, lui qui distingue Bedeutung et Sinn reprenant les problèmes déjà posés par Bolzano.

En affirmant qu’un mot signifie quelque chose, en s’en tenant à l’association de l’image acoustique avec un concept, on n’exprime en aucun cas le fait linguistique dans son essence et dans son ampleur. La langue n’est pas seulement l’ensemble des caractéristiques différentielles des entités, mais elle est l’ensemble de tout ce qui arbitraire, donc non seulement des complexes différentiels mais aussi, au niveau des classes des phonèmes, des classes de variantes.

Arbitraire et différentiel sont deux qualités corrélatives.

– Les signes de l’écriture sont arbitraires (aucun rapport entre la lettre t et le son qu’elle désigne).

– La valeur des lettres est purement négative et différentielle (différentes écritures de t).

– Le moyen de production du signe est totalement indifférent car il n’ intéresse pas le système (stylo, crayon, blanc, noir… sans importance).

Dans la langue il n’y a que des différences sans termes positifs. Bien que le signifié et le signifiant soient, chacun pris à part, purement différentiels et négatifs, leur combinaison est un fait positif. Le signe est une réalité positive, c’est-à-dire que le signe est une « entité concrète».

Deux signes comportant chacun un signifié et un signifiant ne sont pas différents, ils sont seulement distincts. Entre eux il n’y a qu’opposition.

Les caractères de l’unité se confondent avec l’unité elle-même. C ’est la différence qui fait le caractère, comme elle fait la valeur et l’unité. Ce qui distingue un signe c’est ce qui le constitue. La langue est une forme et non une substance.

 

En conclusion :

La particularité du signe saussurien concernant le signifiant, c’est la mise à l’écart du champ de la référence (la réalité référentielle). Ce qu’il fait fonctionner au niveau du signifiant et du signifié c’est la notion de pure différence fonctionnelle sans substance. Il n’est jamais question de la substance, c’est un rapport d’opposition entre les termes qui constituent chaque niveau. Pour Benveniste, relation de nécessité et de contingence entre signifiant et signifié et relation arbitraire (culturelle) entre le signe et la réalité.

Au niveau du signifiant et du signifié, au lieu de parler d’éléments, on parle de chaînes. Ce qui s’articule autour de la question de la métaphore et de la métonymie.

Quand Saussure situe l’objet de la linguistique, la question de la réalité n’est pas incluse : élément bi-polaire. Chez Pierce, le référentiel est intégré : élément tri-dimensionnel. Le sens n’est pas d’une substance mais d’un jeu d’opposition.

Chez Saussure, il y a exclusion du champ de la réalité.

Il met l’accent sur la notion de système. Pour saisir le fonctionnement du système, il revient sur le problème de la nature du signe. Signe n’est pas synonyme de mot. La notion de chaîne parlée passe avant celle de la phrase.

Les langues ne sont pas des systèmes purs de signes arbitraires.

– Caractère linéaire du signe et du message : les unités constitutives des langues naturelles (orales, phoniques) se déroulent dans le temps.

– Caractère « discret » des unités au moyen desquelles est construit le message.

Les unités linguistiques sont « différentielles », elles s’opposent les unes aux autres sans gradation. Un phonème sera ou /p/ ou /non p/ mais jamais + ou – p.

Un signe linguistique (arbitraire, linéaire, différentiel) est un objet qui unit indissolublement un signifiant, c’est-à-dire une production phonique, et un signifié, c’est-à-dire synonyme de concept ou synonyme de chose. C’est une conception dyadique du signe.

 

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Bibliothèque scientifique Payot, 1972, pp. 97-103 et 155-169.

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Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 13 - Julio 2001
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