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Première
Partie:
Session du 21 novembre 1972
Nous avons choisi deux parragraphes de la première session du séminaire "Encore" où la comparaison des deux versions écrites et le registre sonore indiquent des différences qui afectent la lecture du texte.
Pour l'indication de la place des textes nous avons suivis la numération de l'edition Seuil.
Les guillemets et italiques son des editions indiquées.
Les negritas indiquent, dans chaque version, ce qui remarcablement (a notre avis) manque sur l'autre.
Page 9
Edition Seuil | Edition critique |
Ce
qui, depuis quelque temps, me favorise, c'est qu'il y a
aussi chez vous, dans la grande masse de ceux qui sont
là, un je n'en veux rien savoir. Seulement, tout est là, est-ce
bien le même? De sorte que, s'il est vrai qu'à votre égard je ne puis être ici qu'en position d'analysant de mon je n'en veux rien savoir, d'ici que vous atteigniez le même il y aura une paye. C'est bien ce qui fait que c'est seulement quand le vôtre vous apparait suffisant que vous pouvez, si vous êtes de mes analysants, vous détacher normalement de votre analyse. J'en conclus qu'il n'y a, contrairement à ce qui s'émet, nulle impass de ma position d'analyste avec ce que je fais ici. |
Il
y a quelque chose, depuis quelque temps, qui me favorise,
cest quil y a aussi chez vous, chez la grande
masse de ceux qui sont là, un même, en apparence, un
même «je nen veux rien savoir». Seulement tout est là, est-ce le
même ? le «je nen veux rien
savoir» dun certain savoir qui vous est transmis
par bribes. Est-ce bien de cela quil sagit ?
Je ne crois pas. De sorte que sil est
vrai que je dise quà votre égard
je ne puis être ici quen position danalysant
de mon «je nen veux rien savoir», dici que
vous atteigniez le même, il y aura une paye, Il ny a, contrairement à ce qui sémet, nulle impasse de ma position danalyste avec ce que je fais ici à votre égard. |
Les rédactions de chaque version sont très differentes. Nous me marquerons que quatre de ces différences.
1 - Le "vôtre" et "chez moi" n'existent pas, ni dans l'édition critique ni dans le registre sonore.
L'édition critique dit "le je n'en veux rien savoir". Il ne s'agirait donc pas du "mien" et du "votre", mais d'une fonction du discours. A quel niveau se joue-t-il le "je" de ce "je n'en veux rien savoir"?2 - Pouvons nous considerer superflue la modulation "que je dise"?
3 - Mais surtout, le point central, à notre avis, de la comparaison de ce parragraphe, est l'exclusion, dans la version Seuil, du mot "inversement". L'enregistrement sonore pourtant est clair (pour l'écouter il suffit d'avoir installé le plug-in de Real Player, disponible gratuitement)
Que veut dire se détacher "normalement" d'une analyse? C'est quoi ce "normalement"?
Le fait est que, quoi que ce soit, cela implique, de toutes façons, une modalité de fin d'analyse.Selon la version Seuil, ou l' "inversement" a disparu, cette modalité de fin de d'analyse est posée en ces termes: les analysants de Lacan à qui "leur" je n'en veux rien savoir (et non pas la paye, puisque Lacan dit "le" vôtre et non pas "la" vôtre) apparaitraient "suffisant" pourraient se détacher "normalement" de leur analyse.
Si nous incluons l' "inversement", deux possibilitées sont ofertes, selon que nous placions, ou pas, une virgule après "inversement" (la possibilité est ouverte, car sur l'enregistrement sonore vous écouterez une pause très brieve après "inversement"):
- sans virgule, c'est tout a fait à l'envers: si vous êtes analysant de Lacan, que vôtre "je n'en veux rien savoir" vous apparaisse suffisant n'implique pas que vous vous détacherez "normalement" de votre analyse.
¿Quelle serait la place de l' "un peu plus" du début de cette session, que Lacan lui même a appris qu'il pouvait ajouter?- autre lecture possible, tel que l'indique une note au bas de page de l'edition critique : « [ ] que vous pouvez, si vous êtes, inversement, de mes analysants » où Lacan, après avoir parlé de sa position danalysant, "hic et nunc", à légard de ceux qui sont là, parlerait de la position inverse où se trouvent certains des membres de son auditoire qui sont en position dêtre ses analysants.
4 - Finalement, Seuil ajoute un "J'en conclus que" avant le dernier parragraphe
Cela constitue un pont avec ce qui suit en termes de justification: cette modalité de fin d'analyse justifierait, ainsi, qu'il n'y ait pas d'impasse entre la position d'analyste de Lacan et la position qui résulte de ce qu'il fait au séminaire: analysant de son "je n'en veux rien savoir".Ce "J'en conclus", n' existe pas ni dans l'edition critique ni au registre sonore.
Dans ce cas la phrase pourrait faire réfèrence à tout le paragraphe et non seulement a la question du détachement de l'analyse. Quand Lacan dit : ... c'est bien parce que vous me supposez partir d'ailleurs dans ce "je n'en veux rien savoir" que ce supposé vous lie à moi, n'est il pas en position d'analyste par rapport a cette suposition de savoir ?Page 11
Edition Seuil | Edition crítique |
Je
sors, et une fois de plus, j'écrirai sur la porte, afin
qu'à la sortie, peut-être, vous puissiez resaisir les
rêves que vous aurez sur ce lit poursuivis. J'écrirai
la phrase suivante - La jouissance de l'Autre,
de l'Autre avec un grand A, du corps de l'Autre qui
le symbolise, n'est pas le signe de l'amour. J'écris ça, et je n'écris pas après terminé, ni amen, ni ainsi soit-il L'amour, certes, fait signe, et il est toujour réciproque. |
Je
sors, et une fois de plus jécrirai sur la porte,
dans la fin quà la sortie peut-être vous puissiez
vous rendre compte des rêves que vous aurez sur ce lit
poursuivis, la phrase suivante : la jouissance de
lAutre, de lAutre avec
il
me semble que depuis le temps ça doit suffire que je
marrête là, je vous en ai assez rebattu les
oreilles de ce grand A qui vient après, et que
maintenant il traîne partout, ce grand A mis devant
lAutre, plus ou moins opportunément
dailleurs, ça simprime à tort et à
travers, la jouissance de lAutre, du
corps de lautre qui Le,
lui aussi avec un grand L, du
corps de lautre qui Le symbolise nest pas le
signe de lamour. Jécris ça, je nécris pas après : terminé, ni amen, ni ainsi soit-il. <Elle> nest pas le signe, cest néanmoins la seule réponse. Le compliqué cest que la réponse elle est déjà donnée au niveau de lamour, et que la jouissance de ce fait reste une question, question en ceci que la réponse quelle peut constituer nest pas nécessaire dabord. Ce nest pas comme lamour. Lamour, lui, fait signe et, comme je lai dit depuis longtemps, est toujours réciproque. |
Dans ce parragraphe deux différences nous sembles importantes.
1- Premièrement, la possibilité d'écrire "corps de l'autre", avec "autre" en minuscule.
Tel que le signale une note au bas de page de l'édition critique "Il ny a aucun témoignage de lécriture de cette phrase, pas plus sur la porte quau tableau. Nous la considérons toutefois comme un écrit et la transcrivons en italiques. Lacan revient constamment à cette phrase, dans cette séance ainsi que dans les suivantes. Nous avons pris le parti décrire régulièrement jouissance de lAutre avec un grand A puisque Lacan est très explicite sur ce point, et jouissance du corps de lautre avec un petit a puisquil sagit cette fois de lautre qui Le symbolise, précisément ce grand Autre".
L'enregistrement sonore est clair ici aussi: on écoute dire "Le, lui aussi avec un grand L", ce qui justifie d'écrire le "corps de l'autre" avec minuscule.2 - Tout un fragment est eliminé dans l'edition Seuil.
L'indication "<Elle>" pour le début de ce fragment, dans l'édition critique, indique qu'une décision est à prendre, car sur L'enregistrement sonore on entend "Il", ce qui reporterait ce fragment à l'amour et pas à la jouissance.
L' édition critique propose écrire "Elle".