Mardi 20 mars 1973
Moi, jaimerais bien que, que de temps en temps, jaie une réponse, voire une protestation. Jai pas beaucoup despoir puisque une des personnes qui, qui ma donné autrefois cette satisfaction, il est vrai que je ne lai suppliée de tenir ce rôle quil y a une demi-heure, me prie dy renoncer. Mais sil y avait quelquun, par hasard, qui, dans ce que jai dit la dernière fois, la dernière fois dont, dont je suis sorti moi-même, disons seulement assez inquiet pour ne pas dire plus, et ce qui se trouve à, à ma r, ma relecture savérer pour moi-même tout à fait supportable, disons, cest ma façon à moi de dire que cétait très bien, je ne serais pas mécontent si quand même quelquun pouvait me donner le témoignage den avoir entendu quelque chose. Il suffirait que, quune main se lève pour quà cette main, si je puis dire, je donne la parole.
Je vois quil nen est rien, de sorte quil faut donc que je continue.
Ce sera peut-être moins bien cette fois-ci.
Je voudrais partir dune remarque, de quelques remarques dont les deux premières vont consister à rappeler ce quil en est du savoir. Et puis à essayer de faire le joint et à ce que pour vous aujourdhui jécrirais volontiers de lhainamoration quil faut écrire : h.a.i.n.a.m.o.r.a.t.i.o.n. Cest le relief, vous le savez, qua su introduire la psychanalyse pour situer, pour y situer la zone de son expérience, cest de sa part un témoignage, si je puis dire, de bonne volonté. Si lhainamoration, justement, elle avait su lappeler dun autre terme que de celui, bâtard, de lambivalence, peut-être, peut-être aurait-elle mieux réussi à réveiller le contexte de lépoque où elle sinsère.
Peut-être aussi est-ce modestie de sa part.
Et en effet, si jai terminé sur quelque chose, ce quelquechose grâce à quoi peut faire quaborder ce qui mavait polarisé pendant toute mon énonciation de la dernière fois, javais énoncé de ce dernier paragraphe quil y avait un nommé Empédocle, et javais fait remarquer que ce nest pas pour rien que Freud s en arme, que pour Empédocle Dieu devait être le plus ignorant de tous les êtres, ce qui nous conjoint à la question du savoir. Et ceci très précisément, disais-je, de ne point connaître la haine. Jy ajoutais que les chrétiens plus tard ont transformé cette non-haine de Dieu en une marque damour.
Cest là que lanalyse du corrélat quelle établit entre haine et amour nous incite, nous incite à ce quelque chose dun rappel, où je reviendrai tout à lheure et qui est exactement celui-ci, quon ne connaît point damour sans haine. Cest à dire que, sil y a connaissance de quelque chose, si cette connaissance nous déçoit qui a été fomentée au cours des siècles et qui fait quil nous faut rénover la fonction du savoir, cest bien peut-être que la haine ny a point été mise à sa place. Il est vrai que là-dessus, ce nest point non plus ce quil semble le plus désirable dévoquer, et cest pour ça que jai terminé de cette phrase, on pourrait dire que plus lhomme prête à la femme de le confondre avec Dieu, c est à dire ce dont elle jouit,
rappelez-vous mon schéma de la dernière fois, je vais pas le refaire,
moins il hait,
et du même coup moins il est,
disais-je davoir équivoqué sur le h.a.i.t., et le est, e.s.t. en français,
cest à dire que dans cette affaire,
aussi bien, moins il aime.
Je nétais pas très heureux davoir terminé là-dessus, qui est pourtant une vérité. Cest bien ce qui me fera aujourdhui minterroger une fois de plus sur ce qui se confond apparemment du vrai et du réel, tel que jen ai apporté la notion, telle qelle ses-sss-quisse dans lexpérience analytique, et ce quil y a bien en effet à ne pas confondre.
Bien sûr que le vrai saffirme comme visant le réel. Mais ce nest là énoncé que comme fruit dune longue élaboration et, je dirai plus, dune réduction des prétentions à la vérité. Partout où nous la voyons se présenter, saffirmer elle-même comme dun idéal de quelque chose dont la parole peut être le support, nous voyons que la vérité nest pas quelque chose qui satteigne si aisément.
Dirai-je que si lanalyse se pose dune présomption, cest quil puisse sen constituer un savoir sur la vérité.
Dans le schéma, le petit gramme que je vous ai donné du discours analytique, le petit a sécrit en haut à gauche et se soutient de cet S2, savoir en tant quil est à la place de la vérité. Cest de là doù linterpelle le S 131 prié de dire ce nimporte quoi qui doit aboutir à la production du S1, du signifiant dont puisse se résoudre quoi ? Justement son rapport à la vérité.
La vérité disons, pour trancher dans le vif, est dorigine, aletheia/aletia, sur laquelle tant a spéculé Heidegger. Emet, le terme hébreu qui, comme tout usage de ce terme de vérité, a origine juridique. De nos jours encore, le témoin est prié de dire la vérité, rien que la vérité, et qui plus est toute, sil peut, comment hélas pourrait-il, toute la vérité sur ce quil sait.
Mais ce qui est cherché et justement plus quen tout autre dans le témoignage juridique, cest quoi ? Cest de pouvoir juger ce quil en est de la jouissance, et je dirai plus loin, cest que la jouissance savoue et justement en ceci quelle peut être inavouable, que la vérité cherchée cest justement celle-là plus que toute autre en regard de la loi qui, cette jouissance, la règle.
Cest aussi bien en quoi, aux termes de Kant, le problème sévoque, sévoque de ce que doit faire lhomme libre au regard du tyran, du tyran qui lui propose toutes les jouissances en échange de ceci, quil dénonce lennemi dont le tyran redoute quil soit, en ce qui est de la jouissance, celui qui la lui dispute. Comment ne se voit-il pas que la question dailleurs que, qui sévoque de cet impératif, au nom de rien de ce qui est de lordre du pathique ne doit diriger le témoignage, de ce qui sen évoque après tout, et si ce dont lhomme libre est prié de dénoncer lennemi, le rival, si cétait vrai, doit-il le faire ?
Est-ce quil ne se voit pas, rien quà ce problème évoqué, que s il est quelque chose qui assurément nous inspire toute la réserve qui est bien celle que nous avons toutes 132, que nous avons tous, cest que toute la vérité cest ce qui ne peut pas se dire. Cest ce qui ne peut se dire quà condition de, de ne la pas pousser jusquau bout, de ne faire que la mi-dire.
Il y a autre chose qui nous ligote quant à ce quil en est de la vérité, cest que la jouissance cest une limite. Cest quelque chose qui tient à la structure même quévoquaient au temps où je les ai construits pour vous mes quadripodes, cest que la jouissance ne sinterpelle, ne sévoque, ne se traque, ne sélabore quà partir dun semblant. Lamour lui-même, ai-je souligné la dernière fois, sadresse du semblant. Il s adresse du semblant et aussi bien, sil est bien vrai que lAutre ne satteint quà saccoler, comme je lai dit la dernière fois, au petit a cause du désir, cest aussi bien au semblant dêtre quil sadresse. Cet être là nest pas rien, il est supposé à ce quelque chose, à cet objet quest le petit a, mais ici, ne devons-nous pas retrouver cette trace, quen tant que tel il réponde à quelque imaginaire ?
Assurément cet i-maginaire, je lai désigné expressément de li, du petit i mis ici isolé du terme imaginaire, et que cest à ce en quoi ce nest que de lhabillement, de lhabillement de limage de soi qui vient envelopper lobjet cause du désir, que se soutient le plus souvent, cest larticulation même de lanalyse, que se soutient le plus souvent le rapport objectal.
Cette affinité du petit a à cette enveloppe cest là le joint, il faut le dire, un de ces joints majeurs à avoir été avancés par la psychanalyse, et qui pour nous est le point, le point de suspicion quelle introduit essentiellement.
Cest là que ce qui peut nous venir à dire du réel se distingue, car le réel, si vous le prenez tel que jai cru au cours des temps, temps qui sont ceux de mon expérience, le réel ne saurait sinscrire que dune impasse de la formalisation, et cest en quoi, cest en quoi jai cru pouvoir en dessiner le modèle de la formalisation mathématique, en tant, en tant quelle est lélaboration la plus poussée quil nous ait été donné de produire, lélaboration la plus poussée de la signifiance. Dune signifiance dont en somme, je parle de la formalisation mathématique, on peut dire quelle se fait au contraire du sens. Jallais presque dire à contre-sens. Le « ça ne veut rien dire » concernant les mathématiques, cest ce que disent de notre temps les philosophes des mathématiques, fussent-ils mathématiciens eux-mêmes, jai assez souligné les Principia de Russel.
Et pourtant, peut-on pas dire que ce réseau si loin poussé de la logique mathématique précisément, pour autant quau regard de ce qui a trouvé sa pointe dune philosophie bien forçée de sortir de ses propres retranchements, le sommet cest Hegel, peut-on pas dire quau regard de cette plénitude des contrastes dialectisés dans lidée dune progression historique dont il faut dire que rien ne nous atteste la substance, peut-on pas dire quau regard de cela, ce qui s énonce de cette formalisation si bien faite à ne se supporter que de lécrit, soit quelque chose qui ne nous sert, ne nous servirait sil le fallait dans le procès analytique, que de ce quy désigne, que de ce que sy désigne, ça qui retient les corps invisiblement ?
Et sil nétait permis den donner une image, je la prendrais aisément de ce qui dans la nature paraît se, le plus sen rapprocher de ce qui fait que lécrit exige, en quelque sorte, cette réduction aux dimensions, dimensions deux, de la surface et qui dune certaine façon, se trouve supporté, dirais-je, dans la nature de ce quelque chose dont déjà sémerveillait Spinoza, cest à savoir le travail de texte qui sort du ventre de laraignée. La toile daraignée, fonction vraiment miraculeuse à voir en quelque sorte sen supporte, et déjà en ce point opaque de cet étrange être, les paraîtres de la surface elle-même, celle qui pour nous permet le dessin de la trace de ces écrits qui sont en fin le seul point où nous trouvions saisissables ces limites, ces points dimpasse, de sans-issue qui, le réel, le font entendre comme s accèdant du symbolique à son point le plus extrême.
Cest en cela que je ne crois pas vain quaprès un travail délaboration dont je nai point à rappeler la date ici ni maintenant, jen sois venu à lécriture de ce petit a, de ce grand S lu signifiant, du grand A en tant que barré <S (A)>et du grand F. Leur écriture même constitue le support qui va au-delà de la parole qui pourtant ne sort pas des effets même du langage, et où se désigne ce quelque chose où, à centrer le symbolique, quelque chose qui importe à condition bien sûr de savoir sen servir.
Mais sen servir pour quoi ?
Pour retenir une vérité congrue. Non pas cette vérité qui se prétend dêtre toute, celle justement, celle à laquelle nous avons affaire dun mi-dire, celle qui s avère se mettre en garde daller jusquà laveu, laveu qui serait le pire, celle qui se met en garde dès la cause du désir. Elle le présume ce désir, inscrit dune contingence corporelle. Je vous rappelle la façon dont je supporte ce terme de contingence. On peut dire que le phallus, tel que dans lexpérience analytique il saborde comme le point-clé, le point extrême de ce qui sénonce comme cause du désir, on peut dire que lexpérience analytique ne cesse pas de lécrire. Or, si je lappelle contingence, cest pour autant que cest là que lexpérience analytique rencontre son terme, que tout ce quelle peut produire, c est ce S1, ce signifiant, ce signifiant dont la dernière fois, je pense que vous avez encore le souvenir de la rumeur que jai réussi à produire de cet auditoire en le qualifiant comme signifiant de la jouissance même la plus idiote, et, on me la fait remarquer dans les deux sens du terme, celle de lidiot dune part, qui a bien ici sa fonction de référence, et celle aussi qui est la plus singulière.
Cest dans ce « ne cesse pas de sécrire » que réside la pointe de ce que jai appelé contingence. La contingence, si comme je le dis elle soppose à limpossible, cest pour autant que le nécessaire cest le « ne cesse pas de ne pas sécrire» , je vous demande pardon, cest nécessaire qui ici nous introduit ce « ne cesse pas », mais le « ne cesse pas » du nécessaire, cest le « ne cesse pas de sécrire». Or, cest bien là lapparente nécessité à quoi nous mène lanalyse de la référence au phallus. Le « ne cesse pas de ne pas sécrire » que jai dit par lapsus à linstant cest limpossible, limpossible tel que je le définis de ce quil ne puisse en aucun cas sécrire. Cest en quoi je désigne ce quil en est du rapport sexuel. Il ne cesse pas de ne pas sé crire, mais la correction que de ce fait il nous permet dapporter à lapparente nécessité de la fonction phallique, cest ceci, cest que cest réellement en tant que mode du contingent, cest-à-dire que le « ne cesse pas de sécrire » doit sécrire, cesse justement « de ne pas sécrire». Cest comme contingence, contingence en quoi se résume tout ce quil en est de ce qui, pour nous, soumet le rapport sexuel à nêtre pour lêtre parlant que le régime de la rencontre, cest en ce sens, cest en ce sens quon peut dire que par la psychanalyse, le phallus, le phallus réservé aux temps antiques aux mystères, a cessé de ne pas sécrire, rien de plus. Il nest pas entré dans le « ne cesse pas », dans le champ doù dépendent la nécessité dune part et, plus haut, limpossibilité.
Le vrai donc ici, témoigne, quà mettre en garde comme il le fait contre limaginaire, il a beaucoup à faire avec la-natomie 133.
Cest en fin de compte de ces trois termes, ceux que jinscris du petit a, du S de A barré < S (A) > et du grand F, cest sous un angle dépréciatif que je les apporte. Ce que nous démontre la conjonction de ces trois termes, cest justement ce qui sinscrit de ce triangle, de ce triangle constitué de limaginaire, du symbolique et du réel, et où se désigne de leur jonction quoi ?
à droite le peu de réalité dont se supporte ce principe quà promu Freud comme étant celui qui sélabore dun progrès, lequel serait dans son fond celui du principe du plaisir, le peu de réalité, cest-à-dire ceci que tout ce quil nous est permis daborder de réalité reste enraciné dans le fantasme.
Dautre part S A, quest-ce dautre que limpossibilité de dire tout le vrai dont je parlais tout à lheure.
Et enfin, troisième terme ceci, ceci par quoi le Symbolique, à se diriger vers le Réel nous démontre la vrai nature de cet objet a que tout à lheure jai qualifié de semblant dêtre, non par hasard, cest bien de ce quil semble nous donner le support de lêtre. Cest bien aussi de ce qui se confirme de tout ce qui sest élaboré comme tel. Et quoi que ce soit de lêtre, de lêtre et même de lessence que nous pouvons, à le lire à partir de lexpérience analytique, à lire Aristote par exemple, voir que ce dont il sagit cest de lobjet a, que la contemplation par exemple aristitélicienne est le fait de ce regard tel que je lai défini dans Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse comme représentant un, un des quatre supports qui font la cause du désir.
Cest donc dune des graphicisations, pour ne pas parler de graphe, puisquaussi bien un graphe cest un terme qui a un sens très précis dans la logique mathématique, dans cette graphicisation que se montrent, que se montrent ces correspondances qui font du réel un ouvert entre le semblant qui résulte du symbolique et la réalité telle quelle se supporte dans le concret de la vie humaine, dans ce qui mène les hommes, dans ce qui les fait foncer toujours par les mêmes voies, dans ce qui les fait encore produire dautres hommes, dans ce qui fait que à jamais l encore à naître ne donnera rien que lencorné.
De lautre côté, ce petit a, ce petit a qui luit dêtre dans la bonne voie somme toute, nous ferait prendre pour être, au nom de ceci quil est, apparemment bien quelque chose, qui ne se résout en fin de compte que de son échec, que de justement ne pouvoir sinscrire daucune façon complètement à labord du réel.
Le vrai, alors, le vrai alors, bien sûr cest cela, à ceci près que ça ne satteint jamais que par des voies tordues, et que tout ce à quoi enfin le vrai, auquel couramment nous sommes amenés à faire appel, cest simplement à rappeler ceci quil ne faut pas se tromper, quil ne faut pas croire qu on est déjà même dans le semblant, quavant le semblant dont en effet tout se supporte pour rebondir dans le fantasme, quavant cela, il y a à faire une distinction sévère de limaginaire et du réel, quil ne faut pas croire que ce semblant, ce soit daucune façon nous-même qui le supportions même. Nous ne sommes même pas semblant. Nous sommes à loccasion ce qui peut en occuper la place et y faire régner quoi, ce qui assurément, pour nous en tenir à cet immédiat daujourdhui, nous permet de dire quaprès tout, lanalyste, dans tous les ordres de discours qui sont ceux en tout cas qui se soutiennent actuellement, et ce mot actuellement nest pas rien si nous donnons à lacte son plein sens aristotélicien, de tous les discours qui se soutiennent actuellement, cest bien lanalyste qui, à mettre lobjet petit a à la place du semblant, est dans la position la plus convenable à faire ce quil est juste de faire, à savoir interroger, interroger comme du savoir ce quil en est de la vérité.
Quest-ce cest que le savoir ? Il est étrange que, mis à part Descartes dont ce nest pas pour rien quil est à lorée de la science moderne, pas le seul mais quil lest tout de même, quavant Descartes, la question du savoir nait jamais été posée, quil ait fallu en quelque sorte ce quelque chose quest lanalyse et qui est venu nous annoncer quil y a du savoir qui ne se sait pas, et que cest à proprement parler un savoir qui se supporte du signifiant comme tel, quun rêve ça introduit à aucune expérience insondable, à aucune mystique, que ça se lit dans ce qui sen dit et quon pourra même aller plus loin, à en prendre les équivoques au sens le plus anagrammatique du mot, que cest à ce point du langage où un Saussure se posait la question de savoir si même dans les vers saturniens où il trouvait les plus étranges ponctuations décrit, cétait ou non intentionnel. Cest là où Saussure en quelque sorte attend Freud. Cest là que se renouvelle la question du savoir.
Si vous voulez bien ici pardonner quelque chose que jemprunterai à un tout autre registre, celui des vertus inaugurées par la religion chrétienne, mais vous verrez que ce nest pas déplacé puisque il faudra bien que nous en venions à en parler de la dite religion. Il y a là une sorte, une sorte deffet tardif de rejet, de surgeon de charité. Quest-ce qui a bien pu, si ce nest je ne sais quelle parenté, affinité avec ce qui dans le genre de cet animal qui est parlant participe du don, comme on dit, je ne le vois pas ailleurs que dans ce don de Freud. Nous avoir dit que linconscient, ça avait au moins ce petit degré d amorçage grâce à quoi la misère pouvait se dire, quil y avait quelque chose qui la, vraiment et non pas comme on lavait dit jusque là, transcendait ?
Rien dautre que ce langage quelle habite cette espèce, rien dautre que ce langage et que de ce langage, elle trouvait en somme avoir, dans ce quil en est de sa vie quotidienne, support de plus de raison quil nen pouvait apparaître, à savoir que cette poursuite vaine dune sagesse inatteingible et toujours vouée à léchec, il y en avait déjà là.
Mais alors, est-ce quil faut tout ce détour pour poser la question, la question du savoir sous la forme quest-ce qui sait ? Se rend-on compte que cest lAutre, lAutre avec un grand A tel quau départ je lai posé, comme rien dautre, rien dautre que le lieu où le signifiant se pose, et sans lequel rien ne nous indique quil ny ait nulle part une dimension de vérité, dit-mansion en deux mots : la résidence du dit, le dit dont le savoir pose lAutre comme lieu. Le statut du savoir implique comme tel quil y en a déjà du savoir, et dans lAutre, quil est à prendre en deux mots, cest pourquoi il est fait dapprendre en un seul mot.
Le sujet résulte de ce quil doive être appris, ce savoir, et même mis a-prix, p.r.i.x., cest-à-dire que cest son coût qui lévalue non pas comme déchange mais comme dusage. Le savoir vaut juste autant quil coûte beaucoup en deux mots et c.o.û.t. avec un accent grave, beau-coût de ce quil faille y mettre de sa peau, de ce quil soit difficile, difficile de quoi, et bien moins de lacquérir que den jouir.
Là dans le jouir, sa conquête à ce savoir, sa conquête se renouvelle dans le chaque fois que ce savoir est exercé, le pouvoir quil donne restant toujours tourné vers sa jouissance. Il est étrange que ceci nait jamais été mis en relief, que le sens de savoir soit tout entier là, que la difficulté de son exercice lui-même, cest cela qui réhausse celle de son acquisition. Cest de ce que à chaque exercice de cette acquisition se répète quil ne fait pas question de laquelle de ces répétitions, de laquelle est à poser comme première dans son appris.
Bien sûr, quil y a des choses qui courent et qui ont tout à fait lair de marcher comme des petites machines, on appelle ça des ordinateurs. Mais quest-ce qui va dire qu un ordinateur pense, moi je le veux bien, mais quil sache, quest-ce qui va le dire ? La fondation dun savoir cest ce que je viens de dire, cest que la jouissance de son exercice, cest la même que celle de son acquisition. Cest ainsi, puisque comme vous le voyez, là se rencontre de façon sûre, plus sûre que dans Marx lui-même, ce quil en est dune valeur dusage, puisquaussi bien dans Marx, elle nest là que pour faire point idéal par rapport à la valeur déchange où tout se résume. Et justement parlons-en de cet appris qui ne repose pas sur l échange. Du savoir dun Marx lui-même, puisque je viens de lévoquer, et bien du savoir dun Marx lui-même dans la politique qui nest pas rien, eh ben on ne fait pas Commarxe, si vous me permettez, pas plus quon ne peut de celui de Freud faire fraude. Il ny a quà regarder pour voir, hein !, que partout où ne les retrouve pas ces savoirs se les être fait entrer dans la peau hein ! par de dures expériences hein ! eh ben ça retombe sec, ça ne simporte ni ne sexporte. Il ny a pas dinformation qui tienne, sinon de la mesure dun formé à lusage.
Ainsi ce déduit du fait que le savoir est dans lAutre, quil ne doive rien à lêtre, si ce nest que celui-ci en ait véhiculé la lettre. Doù il résulte que l être puisse tuer là où la lettre reproduise, mais reproduise jamais le même, jamais le même être de savoir.
Je pense que vous sentez là hein !, quant au savoir la fonction que je donne à la lettre. Cest celle, à propos de quoi je vous prie de ne pas trop vite glisser du côté des prétendus messages, cest celle qui la fait analogue dun germen, germen que nous devons si sévèrement, si nous sommes dans la ligne de la physique moléculaire, la physiologie moléculaire, que nous devons si sévèrement séparer des corps auprès desquels il véhicule vie et mort tout ensemble.
Marx et Lénine, Mmh !, Freud et Lacan, Mmh !, ne sont pas couplés dans lêtre, cest par la lettre quils ont trouvée, trouvée dans lAutre, que comme êtres de savoir ils procèdent deux par deux dans un Autre supposé. Le nouveau mot de leur savoir, cest que nen est pas supposé quoi,
que lAutre en sache rien, non pas bien sûr lêtre qui y a fait sa lettre, Mmh ! car cest bien de lAutre Mmh !, quil a fait lettre à ses dépens au prix de son être, Mmh !, au prix de son être mon Dieu pour chacun, pas de rien du tout mais non plus pas de très beaucoup, Mmh !.
Pour dire la vérité, ces êtres, ces êtres doù se fait à la lettre, je vais vous faire sur eux une petite confidence. Je pense pas, malgré tout ce quon a pu raconter par exemple de Lénine, que la haine ni lamour, que lhainamoration, que ça en ait vraiment étouffé aucun. Quon ne me raconte pas dhistoires à propos de Madame Freud, là-dessus jai le témoignage de Jung, il disait la vérité, cétait même son tort il ne disait que ça.
Ceux qui arrivent à faire ces sortes de rejets dêtre, encore, cest plutôt ceux qui participent du mépris, que je vous ferai écrire cette fois puisquaujourdhui je mamuse avec la-prix et le reste, m.é.p.r.i.x. Ça fait Uniprix. Nous sommes quand même au temps des supermarkets, alors il faut savoir ce quon est capable de produire même en fait dêtre. Oui.
Lembêtant est ceci, cest que lAutre, le lieu, lui, comme je vous lai dit, ne sache rien. On peut plus haïr Dieu si lui-même ne sait rien, rien de ce qui se passe notamment. Quand on pouvait le haïr, on pouvait croire quil nous aimait, puisquil nous le rendait pas. Cétait pas apparent, malgré que dans certains cas on y a mis toute la gomme.
Enfin comme jarrive au bout de ces discours que jai le courage de poursuivre devant vous, je voudrais puisque cest là une idée qui me vient et quaprès tout cest une idée aussi à laquelle jai un tout petit peu réfléchi, nest-ce pas, cest que le Christ en somme, dont on nous explique le malheur par une idée de sauver les hommes, je trouve plutôt que cest de sauver Dieu quil sagissait en redonnant enfin, un peu de présence, dactualité à cette haine de Dieu enfin sur, sur laquelle bien sûr enfin, nous sommes pour cause plutôt mous, Mmh. Cest de là que je dis que limputation de l inconscient nest-ce pas est un fait de charité incroyable, ils savent, ils savent, les sujets, Mmh !, mais enfin tout de même ils ne savent pas tout. Au niveau de ce pas tout, Mmh ! il ny a plus que lAutre à ne pas savoir. Cest lAutre qui fait le « pas-tout », justement en ce quil est la part du pas savant du tout dans ce « pas-tout».
Alors momentanément, bien sûr, ça peut être commode de le rendre responsable, de le rendre responsable de ceci à quoi aboutit lanalyse nest-ce pas, de la façon la plus avouée à part ceci que personne ne sen aperçoit, n est-ce pas, cest quen somme, si le désir, la libido est masculine, eh bien la chère femme, cest justement que de là où elle est toute, Mmh ! cest-à-dire d où la voit lhomme, et rien que là, Mmh ! quelle peut avoir un inconscient nest-ce pas, et à quoi ça lui sert. Ben ça lui sert comme chacun sait à faire parler lêtre parlant ici réduit à lhomme, cest-à-dire, je ne sais si vous lavez bien remarqué dans la théorie analytique, à nexister comme mère. Elle a des effets dinconscient, Mmh ! mais son inconscient à la limite où, où elle est pas responsable, enfin de linconscient de tout le monde nest-ce pas, cest-à-dire au point où lAutre à qui elle a affaire, le grand Autre, où lAutre fait quelle ne sait rien parce que lui lAutre, cest trop clair, sait dautant moins que cest très difficile de soutenir son existence, nest-ce pas, eh ben on ne peut pas dire que tout ceci lui fasse la part belle.
Jai joué en somme la dernière fois, comme je me le permets, sur léquivoque un peu tirée par les cheveux de « il hait » et « il est ». Je nen jouis pas, sinon à poser la question que elle soit digne de la paire de ciseaux. Cest justement de quoi il sagit dans la castration.
Que lêtre provoque la haine comme telle nest disons pas exclu. Parce que si toute laffaire, si toute laffaire dAristote ça a été de concevoir lêtre comme étant ce par quoi les êtres moins êtres participent au plus haut des êtres, cest formidable, cest formidable que Saint Thomas a réussi à réintroduire ça dans une tradition chrétienne qui bien entendu pour sêtre répandue chez les Gentils, enfin, était bien forçée de sy être toute entière formée, de sorte quil avait quà tirer sur les ficelles pour que ça marche. Mais enfin se rend-on compte que dans la tradition juive la coupure ne passe pas du plus parfait au moins parfait, que le moins parfait est tout simplement ce quil est à savoir radicalement imparfait, et quil ny a strictement quà obéir au doigt et à lil si jose mexprimer ainsi, à celui qui porte un nom, Jahvé, avec dailleurs quelques autres noms dans lentourage, qui ne sont pas exclus comme tels, mais celui-ci a fait le choix de son peuple et ya pas à aller contre. Est-ce que là ne se dénude pas que cest bien mieux que de lêtre-haïr de le trahir à loccasion ? Et ce dont bien évidemment nest-ce pas les juifs ne se sont pas privés, ils ne pouvaient pas en sortir autrement, Mmh !.
Nous en sommes sur ce sujet de la haine si étouffés que personne ne saperçoit quune haine, une haine solide ça sadresse à lêtre, à lêtre même de quelquun qui nest pas forcément Dieu. On en reste et cest bien en quoi jai dit que le petit a est un semblant dêtre, on en reste à la notion, et cest là que l analyse comme toujours, enfin, est un petit peu boiteuse, on en reste à la haine jalouse Mmh !, celle qui jaillit de la jalouissance, de celle qui simageaillisse du regard de Saint Augustin. Quil observe le petit bonhomme, hein, il est là en tiers. Il observe le petit bonhomme et il voit que pallidus, enfin i, i, i, i, il en pâlit dobserver, suspendu à la têtine, son conlactaneum suum. Oui, heureusement que cest la jouissance substitutive première nest-ce pas dans lénonciation freudienne, le désir évoqué dune métonymie qui, qui sinscrit dune demande supposée adressée à lAutre, de ce noyau de ce que jai appelé Ding dans mon article, dans mon séminaire sur la psychanalyse, sur Léthique de la psychanalyse, « la chose freudienne », en dautres termes, le prochain même que Freud se refuse à aimer au-delà de certaines limites nest-ce pas. Lenfant regardé lui la le petit a. Est-ce quavoir la c est lêtre ? Voilà la question sur laquelle je vous laisse aujourdhui, et si vous voulez lire dici la prochaine fois que je vous verrai, cest-à-dire si mon souvenir est bon le dix avril, ce que jai écrit sur la Bedeutung des phallus 134, sur la signification du phallus en français, si vous voulez le lire, vous verrez à quoi conduit la dernière question sur laquelle je vous laisse.
Notes
131 Lacan dit très clairement S, quen penser au regard du schéma ? Est-ce une omission ?
132 Lacan oppose-t-il «toute la réserve, toute» à « toute la vérité quon ne peut que mi-dire », ou parle-t-il de toutes les femmes et tous les hommes ?
133 Lacan le prononce ainsi.
134 « La signification du phallus Die Bedeutung des Phallus » in Écrits, op. cit., pp. 685-695