Mardi 13 févier 1973
Tous les besoins, tous les besoins de lêtre parlant sont contaminés par le fait dêtre impliqués dans une autre satisfaction, soulignez ces trois mots, à quoi ils peuvent faire défaut, les dits besoins jentends.
Comment ça peut-il se faire ? Cette première phrase que, mon Dieu, en me réveillant ce matin, je lai mise sur le papier, comme ça, pour que vous lécriviez, cette première phrase emporte lopposition des besoins, si tant est que ce terme dont le recours est commun, vous le savez, puisse si aisément se saisir, puisquaprès tout il ne se saisit quà faire défaut à ce que je viens davancer comme cette autre satisfaction.
Lautre satisfaction, tout de même vous devez lentendre, cest bien ce qui se satisfait au niveau de linconscient, et pour autant que quelque chose sy dit, et ne s y dit pas sil est bien vrai quil est structuré comme un langage. Je reprends là, cest-à-dire d une certaine distance de ce à quoi depuis un moment je me réfère, cest à savoir la jouissance dont dépend cette autre satisfaction, celle qui se supporte du langage.
Si comme ça, enfin, dans lintervalle, dans lintervalle des temps de ce que jénonce ici, il vous arrive, enfin ça pourrait vous arriver, ça pourrait même vous être indiqué par des échos que vous auriez de ce quen traitant y a longtemps, y a très longtemps, 58-59, lÉthique de la psychanalyse , jai désigné enfin ce sur quoi jai insisté en partant de rien de moins que lÉthique à Nicomaque dAristote. Ça peut se lire, il n y a quun malheur pour un certain nombre ici, cest que ça ne peut pas se lire en français. Cest manifestement intraduisible. Il mest arrivé, il mest arrivé de massurer, je ne le soupçonnais pas jusquà présent, en men faisant venir un exemplaire pendant que jétais à la montagne, en men faisant venir un exemplaire quon a pu me trouver. Grâce à je ne sais quoi qui arrive dans lédition, les éditeurs menragent ! ce nest pas une raison pour que je leur fasse de la réclame, en en parlant justement de ce quils menragent. Dans loccasion ce nest pas ça qui menrageait du tout, simplement une traduction que, qui bien sûr mavait servi, à moi comme aux autres, parce quil ne faut pas croire que je lis comme ça aisément, enfin, le grec, et alors la traduction, quand elle est en face, donne un petit support, enfin, nest-ce pas Ouais ! enfin bref, il y avait chez Garnier autrefois une chose qui a pu me faire croire quil y avait une traduction, dun nommé Voillequin, ou Voilquin, je ne sais pas comment ça se prononce. Cest un universitaire évidemment, ce nest pas de sa faute ! Ce nest pas de sa faute si le grec ne se traduit pas en français ! Quoi quil en soit, pour avoir eu cette traduction toute seule, depuis quelques temps les choses sétant condensées de façon telle quon ne vous donne plus chez Garnier, que, qui sest en plus réuni à Flammarion, ouais ! on ne donne plus chez Garnier que le texte français. Aïe ! Alors quand vous lisez ça, vous nen sortez pas. Cest à proprement parler inintelligible. Ouais !
« Tout art et toute recherche » moi je ne sais pas, je commence hein, « de même que toute action et toute délibération réfléchie » quel rapport entre ces quatre trucs là « tendent semble-t-il vers quelque bien. Aussi a-t-on eu parfois parfaitement raison de définir le bien : ce à quoi on tend en toutes circonstances. Toutefois » ça vient là-dessus comme des cheveux sur la soupe, on nen a pas encore parlé « il paraît bien quil y a une différence entre les fins 90 ».
Je défie quiconque qui pourra de ce texte sen débrouiller sans dabondants commentaires, et qui ne peuvent pas ne pas faire référence, et je vous assure très péniblement toujours au texte grec, pour éclairer cette masse épaisse dont pourtant il est tout de même impossible de penser que cest simplement parce que cest des notes mal prises. On a été, bien sûr, parce que il vient, il vient comme ça avec le temps quelques lucioles dans lesprit des commentateurs, il leur vient à lidée que sils sont forcés de se donner tant de peine, il y a peut-être à ça une raison, enfin ! Il nest pas forcé du tout que Aristote ce soit impensable, jy reviendrai
Moi, ce que javais écrit, sous la forme de ce qui se tape, ce qui se trouvait écrit de ce que javais dit de léthique a paru plus quutilisable aux gens-mêmes qui justement, à ce moment-là, soccupaient de me faire , de me désigner à lattention de lInternationale de Psychanalyse, avec le résultat que, que lon sait. Mais du même coup, enfin, enfin, ça aurait été très bien si de tout ça il avait quand même flotté ces quelques réflexions sur ce que la psychanalyse comporte déthique, ça aurait été en quelque sorte tout profit ! Jaurais fait, moi, plouf ! Et puis lÉthique de la psychanalyse aurait surnagé.
Voilà un exemple, il faut prendre les choses toujours au plus près, un exemple de ceci que le calcul ne suffit pas. Parce que, parce que moi jai empêché cette Éthique de la psychanalyse de paraître. Je my suis refusé simplement à partir de lidée que, mon Dieu, les gens qui ne veulent pas de moi, moi, je ne cherche pas à les convaincre. Il ne faut pas convaincre. Le propre de la psychanalyse, cest de, de ne pas vaincre, con ou pas ! Cétait quand même un séminaire pas mal du tout. À tout prendre et parce que la chose avait été déjà comme ça une fois écrite, et par les soins de quelquun 91 qui ne participait pas du tout à ce calcul de tout à lheure, qui lui avait fait ça comme ça, franc-jeu, comme argent, de tout cur quil avait lui alors, quil en avait fait un écrit, un écrit de lui. Il ne songeait dailleurs pas du tout, bien sûr, à me ravir. Il laurait produit tel que, si javais bien voulu, bon ! Alors jai pas voulu. Mais ça nempêche pas que cest peut-être de tous les séminaires, le seul que je réécrirai moi-même, et dont je ferai un écrit. Il faut bien que jen fasse un quoi ! Pourquoi ne pas choisir celui-là.
Bon ! Vous voyez que ce que jessaie, ce quil faut faire nest-ce pas, cest quand même disons, il ny a pas de raison de ne pas se mettre à l épreuve de voir une chose comme ça par exemple, en quoi Freud, en posant certains termes comme il a pu en pensant ce quil découvrait Comment, comment ce terrain, dautres le voyaient avant lui, cest ça que je dis, une preuve de plus, une façon autre déprouver ce dont il sagit, cest que ce terrain nest pensable que grâce aux instruments dont on opère, et que les seuls instruments dont nous pouvions voir se véhiculer le témoignage, eh bien cest des écrits. Il est tout à fait clair, il est rendu sensible par une épreuve toute simple, que même à le lire dans la traduction française, lÉthique à Nicomaque nest-ce pas, vous ny comprendrez rien bien sûr, mais pas plus quà ce que je dis, donc ça suffit quand même, vous verrez quAristote cest pas plus compréhensible que ce que je vous raconte, et que ça lest même plutôt moins parce quil remue plus de choses, et des choses qui nous sont plus lointaines. Mais il est clair que cette autre satisfaction dont je parlais à linstant, eh bien cest exactement celle, repérable de surgir, de quoi eh bien mes bons amis, impossible dy échapper si vous ne mettez là au pied du truc des universaux, du Bien, du Vrai, du Beau.
Quil y ait ces trois significations, spécifications, donne un aspect pathétique à lapproche quen font certains textes, comme ça, ceux qui relèvent dune pensée « autorisée », je dis « autorisée » avec le sens, entre guillemets, que je donne à ce terme, léguée avec un nom dauteur. Il y a certains textes qui nous viennent comme ça de ce que je regarde à deux fois à appeler une culture très ancienne, parce quil est clair que ce nest pas de la culture. La culture en tant que distincte de la société, ça nexiste pas. La culture cest justement ça, dancien, que nous navons plus sur le dos que comme une vermine. Parce que nous ne savons pas quen faire sinon nous en épouiller, mais je vous conseille de la garder parce que ça chatouille, ça réveille. Ça réveillera vos sentiments qui tendent plutôt à devenir un peu abrutis sous linfluence des circonstances ambiantes, cest-à-dire de ce que les autres, qui viendront après, appelleront votre culture à vous. La culture, la culture qui sera devenue pour eux de la culture, parce que depuis longtemps vous serez là-dessous, est tout ce que vous supportez de lien social car en fin de compte il ny a que ça, ce lien social que je désigne du terme de discours. Parce quil ny a pas dautre moyen de le désigner, dès quon sest aperçu que le lien social ne sinstaure que de sancrer 92 dans une certaine façon dont le langage simprime, se situe, se situe sur cette grouille, c est-à-dire lêtre parlant.
Il faut pas sétonner, il faut pas sétonner que des discours antérieurs, et puis il y en aura dautres, des discours antérieurs ne soient plus pensables pour nous, ou très difficilement. Bon. Je veux dire quen fin de compte, de la même façon que, moi le discours que jessaye damener au jour il ne vous est pas, comme ça, tout de suite accessible de lentendre, doù nous sommes il nest pas non plus très facile dentendre le discours dAristote. Mais est-ce que cest une raison pour quil ne soit pas pensable, il est tout à fait clair quil l est. Cest simplement que, quand nous imaginons, enfin, que, que, quAristote veut dire quelque chose, enfin que, que, que nous nous inquiétons de ce quil entoure 93. Parce quaprès tout, ce quil entoure, ce quil prend dans son filet, dans son réseau, ce quil retire, ce quil manie à quoi il a affaire, avec qui il se bat, quest-ce quil, qu est-ce quil soutient, quest-ce quil supporte, quest-ce quil travaille, quest-ce quil poursuit ?
Mais évidemment après tout, ce que je venais de vous lire tout à lheure, les quatre premières lignes, vous entendez bien les mots, vous supposez bien que ça veut dire quelque chose, comme ça, quelque chose, vous ne savez pas quoi naturellement, mais « Tout art » ou « toute recherche », « toute action », tout, tout ça, quest-ce que ça veut dire chacun de ces mots ? Cest quand même parce quil en a mis beaucoup à la suite, et puis que ça nous parvient imprimé après avoir été écrit, comme ça, pendant longtemps, que, quon suppose quil y a quelque chose qui fait, qui fait prise au milieu de tout ça, et cest bien à partir du moment où nous nous posons la question, la seule : où est-ce que ça les satisfaisait des trucs comme ça ? Peu importe quel en fut alors lusage, on sait que ça se véhiculait, quil y avait des volumes dAristote. Ça nous déroute quand même, et très précisément en ceci, où est-ce que ça les satisfaisait n est traduisible que de cette façon : où est-ce quil y aurait eu faute à une certaine jouissance ? autrement dit, pourquoi, dans un texte comme ceci, pourquoi est-ce quil se tracassait comme ça ?
Vous avez bien entendu, faute, défaut, quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui dérape dans ce qui, dans ce qui manifestement est visé, et puis ça commence comme ça tout de suite, au début, le Bien et le Bonheur : DU BI, DU BIEN, DU BENÊT 94 !
La réalité est abordée avec les appareils de la jouissance. Voilà encore une formule que je vous propose, si tant est que nous nous centrions bien sur ceci, que dappareil il ny en a pas dautre que le langage. Cest comme ça que chez lêtre parlant la jouissance est appareillée, et cest ça ce que dit Freud, bien sûr si nous corrigeons cet énoncé qui est celui où je vais en venir tout à lheure pour laccrocher, à savoir celui du principe du plaisir. Ce que ça veut dire, pourquoi il la dit comme ça ? Il la dit comme ça parce quil y en avait dautres qui avaient parlé avant lui et que cétait la façon qui lui paraissait la plus audible. Cest très facile à repérer en fin de compte, et cette conjonction dAristote avec Freud, ça aide à ce repérage. Si je pousse loin au point où maintenant ça peut se faire, si linconscient est bien ce que je dis, structuré comme un langage, à savoir quà partir de là ce langage séclaire sans doute de se poser comme appareil de la jouissance, mais inversement la jouissance aussi, peut-être quen elle-même aussi elle montre que, quelle est en défaut, que pour que ce soit comme ça il faut quelque chose de son côté qui boite.
Quest-ce que je vous ai dit, la réalité est abordée avec ça, avec les appareils de jouissance. Et oui, ça veut pas dire que la jouissance est antérieure à la réalité, cest là aussi un point où Freud a prêté à malentendu quelque part. Et vous trouverez dans ce qui est classé en français dans les Essais de Psychanalyse 95, je vous dis ça pour que vous vous repériez, parce que si je vous donne simplement lindication bibliographique, vous saurez même pas où cest. Cest dans les Essais de Psychanalyse, il y a quelque chose qui ressemble, qui ressemble à lidée dun développement, nest-ce pas, quil y a un Lust-Ich avant un Real-Ich. Cest un glissement, cest un retour à lornière, cette ornière que jappelle le développement, et qui nest que, quune hypothèse de la maîtrise, soi-disant que le bébé rien à faire avec le Real-Ich, pauvre lardon incapable davoir la moindre idée de ce que cest que le réel, cest réservé aux gens que nous connaissons, à ces adultes dont par ailleurs il est expressément dit quils ne peuvent jamais arriver à se réveiller. Cest-à-dire que quand il arrive dans leur rêve quelque chose qui menacerait de passer au réel, ça les affole tellement quaussitôt ils se réveillent, cest-à-dire quils continuent à rêver ! Il suffit de lire, il suffit dy être un peu, il suffit de les voir vivre, il suffit de les avoir en psychanalyse Ouais ! pour sapercevoir ce que ça veut dire que donc, que le développement.
Oui quand on dit primaire et secondaire pour les processus, il y a peut-être là une sorte de façon de dire qui fait illusion. En tout cas disons que cest pas parce quun processus est dit primaire, on peut bien les appeler comme on veut après tout, quil apparaît le premier. Quant à moi, jai jamais regardé un bébé sans, sans le sentiment quil ny avait pas pour lui de monde extérieur. Il est tout à fait manifeste quil ne regarde que ça, et que ça lexcite manifestement, et ce, et ce mon Dieu dans la proportion exacte où il ne parle pas encore. À partir du moment où il parle, eh ben, à partir de ce moment là très exactement, pas avant, je comprends que, quil y ait du refoulement. Le processus est peut-être primaire, du Lust-Ich, et pourquoi pas, il est évidemment primaire dès que nous commencerons à penser, mais il est certainement pas le premier.
Cette idée du développement qui se confond avec quoi, avec le développement de la maîtrise, je lai dit tout à lheure, cest là quil faut quand même avoir un petit peu, enfin un peu doreille comme pour la musique : je suis mêtre, je progresse dans la mêtrise, le développement cest quand on devient de plus en plus mêtre, je suis mêtre de moi comme de lUnivers. Cest bien là ce dont je parlais tout à lheure, de con-vaincu. Lunivers, à partir de certaines petites, comme ça, lumières, un peu, que jai essayé de vous donner, lunivers, lunivers cest une fleur de rhétorique. Alors ça pourrait peut-être aider à comprendre, avec cet écho littéraire, que le moi peut-être aussi lest fleur de rhétorique, sans doute, qui pousse du pot du principe du plaisir, de ce que Freud appelle Lustprinzip, et de ce que je définis de ce qui se satisfait du blablabla. Car cest ça quand je dis que linconscient est structuré comme un langage. Il faut que je mette les points sur les i.
Lunivers, vous pouvez peut-être tout de même maintenant vous rendre compte, à cause de la façon dont jai accentué lusage de certains mots, leur application différente dans les deux sexes, à savoir ce que jai accentué du tout et du « pas tout », lunivers, cest là où de dire tout réussit. Ouais ! Est-ce que je vais me mettre à faire là du William James 96 ? Réussit à quoi ? La réponse, grâce au point où avec le temps jai fini par vous en faire arriver, où jespère avoir fini par vous en faire arriver réussit à faire rater le rapport sexuel de la façon mâle. Normalement je devrais recueillir ici des ricanements, hélas rien de pareil ! Les ricanements devraient vouloir dire : Ah ! vous voilà donc pris, deux manière de la rater laffaire, le rapport sexuel.
Cest comme ça que se module la musique de lépithalame. Lépithalame, le duo, parce quil faut quand même distinguer le duo du dialogue, lalternance, la lettre damour ce nest pas le rapport sexuel. Ils tournent autour du fait quil ny a pas de rapport sexuel. Quil y ait donc la façon mâle de tourner autour et puis lautre, que je ne désigne pas autrement, parce que cest ça que cette année je suis en train délaborer, à savoir comment de la façon femelle ça sélabore du « pas tout». Seulement comme jusquici ça na pas beaucoup été exploré le « pas tout », cest ça évidemment qui me donne un peu de mal.
Là-dessus je vais vous en raconter une bien bonne pour vous distraire un peu. Ouais ! Cest que, au milieu de mes sports dhiver, jai cru devoir, pour tenir une parole, me véhiculer jusquà Milan ; à une heure à vol doiseau rapide de Milan que jy étais, par le chemin de fer, ça faisait une journée entière dy aller. Bref, jai été à Milan et comme moi je ne peux jamais quitter, parce que je suis comme ça vous comprenez, jai dit que je referais lÉthique de la psychanalyse, mais cest parce que je la réextrais, je ne peux pas ne pas rester au point où jen suis, de sorte que javais donné ce titre absolument fou pour une conférence aux milanais qui nont jamais entendu parler de ça, « la psychanalyse dans sa référence au rapport sexuel». Ben ils sont très intelligents. Ils ont tellement bien entendu que aussitôt, le soir même, dans le journal, il était écrit : « Pour le Docteur Lacan, les dames, le donne, nexistent pas ! » Cest vrai que voulez-vous, si le rapport sexuel nexiste pas, eh ben, il ny a pas de dames quoi, hein ! Il y avait une personne qui était furieuse, cétait une dame du M.L.F. de là-bas. Et même quil a fallu, quil a fallu que je leur explique, et jai pris le soin de leur expliquer. Il y en avait en tout cas une qui était vraiment ah oui ! je lui ai dit : « Venez demain matin, je vous expliquerai de quoi il sagit, je vous expliquerai de quoi il sagit, que cest justement de ça que je parle ! ».
Jessaie délaborer ce quil en est de cette affaire du rapport sexuel à partir de ceci que, sil y a un point doù ça pourrait séclairer, puisque justement il y a quelque chose là qui ne se réunit pas, cest justement du côté des dames pour autant que cest de lélaboration du « pas tout » quil sagit, quil sagit de frayer la voie, ce qui est mon vrai sujet de cette année, derrière cet Encore, qui est ben voilà, dont un des sens que jessaie, encore, et après dautres. Ça veut dire que cest peut-être par une autre voie que jarriverai à faire sortir quelque chose, qui ne soit pas tout à fait ce qui sest sorti jusquà présent sur la sexualité féminine. Parce que quand même cest bien intéressant, et il est même frappant que sil y a une chose en tout cas qui de ce « pas tout » donne un témoignage éclatant, avec une de ces nuances, une de ces oscillations de signification qui se produit, parce que la langue ça doit tout de même nous habituer à ça. Vous voyez ce que ça change de sens, le « pas tout », quand je vous dis : « Nos collègues analystes, sur la sexualité féminine, elles ne nous disent pas tout !». Cest même tout à fait frappant, parce quon ne peut pas dire que ce soit elles qui aient fait avancer dun bout la question. Je parle de la sexualité féminine. Elles nont pas plus de raisons que les autres de ne pas en savoir un bout, il doit y avoir à ça une raison plus interne, liée justement à cette structure de lappareil de la jouissance.
Bon alors, pour en revenir donc à ce que tout à lheure je me soulevais à moi-même, bien tout seul, comme objection, à savoir que, quil y avait une façon de rater mâle et puis une autre : je parle de rater le rapport sexuel qui en est la seule forme de réalisation si, comme je le pose, il ny a pas de rapport sexuel. Alors donc, quand je dis que, dire tout réussit, hein, ça nempêche pas de dire « pas tout » de réussir aussi, à condition que ce soit de la même manière cest-à-dire que ça rate. Il ne sagit pas danalyser comment ça réussit ; il sagit de répéter jusquà plus soif pourquoi ça rate. Pourquoi ça rate, cest objectif. Jy ai déjà insisté. Cest même tellement frappant que cest objectif, que cest là-dessus quil faut centrer dans le discours analytique ce quil en est de lobjet. Cest lobjet. Cest pas la peine de chercher, comme je lai déjà dit depuis longtemps, le bon et le mauvais objet, et en quoi ils diffèrent. Lobjet nest ni bon
il y a le bon, il y a le mauvais, oh là là ! justement, aujourdhui jessaie den partir, hein !
de ce qui a affaire avec le bon, le bien, et ce quénonce Freud. Mais lobjet cest un raté, cest lessence de lobjet le ratage. Vous remarquerez, hein,
que jai parlé de lessence, hein,
tout comme Aristote, et puis après ! Ça veut dire que ces vieux mots sont tout à fait utilisables.
Enfin, dans un temps où je piétinais moins quaujourdhui, cest même là que jen suis passé tout de suite après Aristote, jai dit que si quelque chose avait un peu aéré latmosphère après tout ce piétinement grec autour de leudémonisme, ça veut dire le bonheur, tout simplement, ça, ça se traduit, si quelque chose les avait tirés de là, cétait la découverte de lutilitarisme. Ça fait sur les auditeurs que javais alors ni chaud ni froid, parce que lutilitarisme ils nen avaient jamais entendu parler, de sorte quils ne pouvaient pas faire derreur et quils ne pouvaient pas croire que cétait le recours à lutilitaire. Je leur ai expliqué ce que cétait que lutilitarisme au niveau de Bentham, cest-à-dire pas du tout ce quon croit, et quil faut pour ça lire la Théorie, Theory of fictions 97, et que lutilitarisme, ça ne veut pas dire autre chose que ça : cest que les vieux mots, cest de ça quil sagit, ceux qui servent déjà, eh ben, cest à quoi ils servent quil faut penser. Rien de plus. Et ne pas sétonner du résultat quand on sen sert. On sert à quoi ils servent : à ce quil y ait de la jouissance quil faut, si vous me suivez jusquà présent, à ceci près que grâce à quelque chose, que je ne peux tout de même pas toujours tout réévoquer, de ce que jai mis daccent sur léquivoque entre faillir et falloir 98, ceci nous mène à ce quil y ait la jouissance quil faut, à la traduire à ce quil y ait là, jouissance quil ne faut pas.
Oui, jenseigne là quelque chose de positif comme on dit, à ceci près que ça sexprime par une négation. Et pourquoi ça serait pas aussi positif quautre chose ? Le nécessaire, ce que je vous propose daccentuer de ce mode, ce qui ne cesse de quoi ? eh ben justement, de sécrire. Cest une très bonne façon de répartir au moins quatre catégories modales. Je vous expliquerai ça une autre fois, mais je vous en donne un petit bout de plus pour cette fois-ci. Ce qui ne cesse de ne pas sécrire, cest une catégorie modale qui nest justement pas celle que vous auriez attendue pour sopposer au nécessaire, qui aurait été plutôt le contingent, mais figurez-vous que le nécessaire est conjugué à limpossible. Et ce « ne cesse de ne pas sécrire », cen est larticulation. Mais laissons Le nécessaire en tant quil ne cesse de sécrire, cest que ce qui se produit cest la jouissance quil ne faudrait pas. Cest là le corrélat de ce quil ny ait pas de rapport sexuel. Et cest le substantiel de la fonction phallique.
Alors maintenant je reprends au niveau du texte. Cest la jouissance quil ne faudrait pas que jai cru dire conditionnel. Ce qui nous suggère pour son emploi la protase, lapodose 99. Cest : sil ny avait pas ça, ça irait mieux conditionnel dans la seconde partie. Limplication matérielle, celle, dont les Stoïciens se sont aperçus que cétait peut-être ce quil y avait de plus solide dans la logique. La jouissance, donc. Comment allons-nous exprimer ce quil ne faudrait pas à son propos, sinon par ceci : sil y en avait une autre que la jouissance phallique, là, comme ça, pour que vous ne perdiez pas la corde, cest affreux mais si je vous parle comme ça, comme jai pris mes notes ce matin, vous perdrez le fil, sil y en avait une autre, il ne faudrait pas que ce soit celle-là. Cest très joli. Il faut user, hein, il faut user, mais user vraiment, savoir user, user jusquà la corde de choses comme ça, bêtes comme chou, des vieux mots. Cest ça lutilitarisme. Et ça a permis un grand pas pour décoller des vieilles histoires, là, duniversaux où on était engagé depuis Platon et Aristote, et où ça avait traîné pendant tout le Moyen-âge, et où ça étouffe encore Leibnitz, au point quon se demande comment il a été aussi intelligent. Oui sil y en avait une autre, il ne faudrait pas que ce soit celle-là. Écoutez ça. Quest-ce que ça désigne, celle-là ? Ça désigne ce qui dans la phrase est lautre ? ou celle doù nous sommes partis pour désigner cette autre comme autre ? Parce quenfin, si je dis ça qui se soutient au niveau de limplication matérielle parce qu en somme la première partie désigne quelque chose de faux sil y en avait une autre. Il ny en a pas dautre que la jouissance phallique. Sauf celle sur laquelle la femme ne souffle mot, peut-être parce qu elle ne la connaît pas, celle qui la fait pas toute en tout cas.
Il est donc faux, hein, quil y en ait une autre. Ce qui nempêche pas la suite dêtre vraie. À savoir quil faudrait pas que ce soit celle-là. Vous savez que cest tout à fait correct, que quand le vrai se déduit du faux, cest valable, ça colle, limplication. La seule chose quon ne peut pas admettre, cest que du vrai suive le faux. Pas mal foutue la logique ! Quils se soient aperçus de ça tous seuls, ces Stoïciens, il y avait Chrysippe, et puis il y en avait un autre qui nétait pas du même avis. Mais quand même, il ne faut pas croire que cétait des choses qui navaient pas de rapport avec la jouissance. Il suffit de faire réhabiliter ces termes. Il est donc faux quil y en ait une autre, ce qui nous empêchera pas de jouer une fois de plus de léquivoque, et à partir non pas de faillir mais de faux, et de dire quil ne faudrait pas que ce soit celle-là. À supposer quil y en ait une autre, mais justement il ny en a pas et, du même coup, cest pas parce quil ny en a pas et que cest de ça que dépend le « il ne faudrait pas », pour que le couperet nen tombe pas moins sûr. Eh bien celle-là qui nest pas lautre, celle dont nous sommes partis, il faut que celle-là soit faute, entendez-le culpabilité, et faute de lautre, de celle qui nest pas. Ce qui nous ouvre comme ça latéralement, je vous le dis, comme ça, au passage, ce petit aperçu qui a tout son poids dans une métaphysique. Il peut arriver des cas où ça soit pas seulement nous qui allions chercher un truc pour nous rassurer dans cette mangeoire de la métaphysique. Nous pouvons aussi, nous, lui refiler quelque chose et,
bien que le non-être ne soit pas,
il faut quand même pas oublier quà tout instant,
si ceci que jai dit, que le non-être ne soit pas,
si ceci est porté par la parole au compte de lêtre dont cest la faute,
dont cest la faute que le non-être ne soit pas,
et cest bien vrai dailleurs que cest sa faute
parce que si lêtre nexistait pas,
on serait bien plus tranquille avec cette question du non-être,
et cest donc bien mérité quon le lui reproche,
à savoir quil soit en faute.Cest bien pour ça aussi que, si cest bien vrai ce que je vous débite, qui me met en rage à loccasion, ce dont je suis parti, je suppose que vous ne vous en souvenez pas, cest que quand je moublie au point de, de poublier, cest-à-dire toublier, il y a du tout là-dedans, eh bien je mérite décoper. Décoper que ce soit de moi quon parle, et pas du tout de mon livre. Exactement comme ça se passait, cest partout pareil, à Milan où cest peut-être pas tout à fait de moi quon parlait quand on disait que pour moi les dames nexistent pas, mais cest certainement pas de ce que je venais de dire.
Alors revenons-en à notre Aristote après cet éclaircissement que nous avons fait. Quen somme cette jouissance, cette jouissance cest-à-dire ce qui vient à celui qui parle, et pas pour rien, cest parce que déjà, parce que cest un petit prématuré, il a quelque chose à faire avec ce fameux rapport sexuel dont il naura que trop l occasion de sapercevoir quil nexiste pas, cest donc bien plutôt en second, en second qu en premier, et dans Freud il y en a la marque, il y en a des traces, sil a parlé dUrverdrängung, de refoulement primordial, cest bien parce que justement le vrai, le bon, le refoulement de tous les jours, eh ben justement il est pas premier, il est second.
On la refoule, ladite jouissance, que parce quil ne convient pas quelle soit dite, et ceci pour la raison justement que le dire nen peut être que ceci, comme jouissance, elle ne convient pas. Ce que jai déjà avancé tout à lheure par ce biais quelle nest pas celle quil faut, quelle est celle quil ne faut pas.
Le refoulement ne se produit quà attester dans tous les dires, dans le moindre des dires, ce quil y a dimpliqué de ce dire que je viens dénoncer que la jouissance ne convient pas, non decet. Ne convient pas à quoi ? au rapport sexuel en ce sens quà cause de ce qu elle parle, ladite jouissance, lui, le rapport sexuel, nest pas.
Cest bien pour ça que, elle fait, elle fait mieux de se taire, avec le résultat que ça rend le rapport sexuel, dans son absence même encore un peu plus lourd, ou plus lourde si cest de labsence quil sagit.
Cest bien pour ça que, quen fin de compte elle se tait pas, et que le premier effet du refoulement cest que, cest quelle parle dautre chose. Et cest ce qui fait le ressort, comme je lai lourdement indiqué, cest ce qui fait de la métaphore le ressort. Voilà.
Vous voyez le rapport de tout ça avec lutilité, cet utilitaire ça vous rend capable de servir à quelque chose. Et ceci faute de savoir jouir autrement quà être, quà être joui, ou joué puisque cest justement la jouissance quil ne faudrait pas.
Eh bien, cest à partir de là, cest à partir de ce pas à pas qui ma fait aujourdhui scander quelque chose dessentiel, quil nous faut aborder, et je vous en laisserai le temps à vous congédier maintenant, quil nous faut aborder cet éclairage que peuvent prendre lun de lautre, Aristote et Freud, dinterroger comment pourrait bien se, se, sépingler, de se traverser lun lautre, ce dont Aristote au Livre VII de ladite Éthique de Nicomaque pose la question à propos, à propos, à propos du plaisir.
Comme le plaisir de cette façon non douteuse, ce qui lui paraît le plus sûr, à se référer à la jouissance, ni plus ni moins, il pense, sans aucun doute, que cest là quelque chose qui ne peut que se distinguer du besoin, ces besoins dont je suis parti dans ma première phrase. Là il sagit, dit-il, de ce quil encadre de la génération, cest-à-dire de ce qui se rapporte au mouvement. Pour lui Aristote, le mouvement, en raison de ce qu il a mis au centre de son monde, de ce monde à jamais maintenant foutu le camp à vau-leau, ce quil a mis au centre, le moteur immobile, cest dans la ligne de ce qui suit immédiatement, à savoir le mouvement que ce moteur immobile sait causer 100, cest un peu plus loin encore pour ce quil en est de ce qui naît et de ce qui meurt, de ce qui sengendre et se corrompt, que les besoins bien sûr se situent. Les besoins, ça se satisfait par le mouvement. Chose étrange, comment se fait-il que nous devions, sous la plume de Freud, précisément retrouver ça dans larticulation de ce quil en est du principe du plaisir ? Quelle équivoque fait que dans Freud, le principe du plaisir ne sévoque que de ce qui vient dexcitation, et de ce que cette excitation provoque de mouvement pour sy dérober ? quelle chose étrange que ce soit là ce qui vient sous la plume de Freud à devoir être traduit par principe du plaisir, quand dans Aristote, assurément, il y a là quelque chose qui ne peut être considéré que comme une atténuation de peine, mais sûrement pas comme un plaisir.
Si Aristote vient à épingler quelque part ce qui est du plaisir, ça ne saurait être que dans ce quil appelle, et quon ne peut traduire en français que comme une activité, ce quil appelle energeïa nrgi a et dans loccasion encore ny en a-t-il que de choisies quil peut promouvoir à cette fonction déclairer ce quil en est du plaisir.
Chose très étrange. Chose très étrange, les exemples quil en donne, et bien sûr non sans cohérence, ce sont le voir. Cest là pour lui où réside le plaisir suprême et en même temps celui quil distingue du niveau où il plaçait la genesis gnesi la génération de quelque chose, celle quil repousse du cur, du centre, du pur plaisir. Nulle peine na besoin de précéder le fait que nous voyons, pour que voir soit un plaisir.
Cest amusant que mise sur ce pied, mise sur cette voie, posée comme ça la question, il lui faille, consultez toujours le Livre VII, mettre en avant quoi ? Ce que le français ne peut traduire autrement, faute, faute de mot qui soit équivoque, que odorer. Ici Aristote met sur le même plan que lolfaction, ce qui est étrange, lolfaction que la vision. Et il en a un vif sentiment de diversité de la chose, et aussi que le plaisir, si opposé que semble ce second sens au premier, le plaisir sen trouvait supporté. Et il y ajoute troisièmement : l entendre.
Puisque nous arrivons tout près de quarante cinq, je peux bien amorcer, ne pas vous laisser en devinette la remarque quà savancer sur cette voie, mais ne reconnaissez-vous pas que sur cette voie, dont, après tout, il faut que nous ayons déjà fait le pas que je vous ai dit tout à lheure, de voir que la jouissance se réfère centralement à celle-là quil ne faut pas, quil ne faudrait pas pour quil y ait du rapport sexuel, mais qui y reste toute entière accrochée, ce qui surgit sous la pointe, sous lépinglage dont le désigne Aristote, mais quoi ? Cest très exactement ce que lexpérience analytique nous permet de repérer comme étant dau-moins un côté de lidentification sexuelle, le côté mâle pour le nommer, ce qui se repère dêtre lobjet justement. Lobjet qui se met à la place de ce qui de lAutre ne saurait être aperçu. Cest pour autant que lobjet a joue quelque part et dun départ, dun seul, du mâle, le rôle de ce qui vient à la place du partenaire manquant, et que se constitue, mais quoi, ce dont nous avons lusage de le voir surgir aussi à la place du réel, à savoir le fantasme. Mais je suis presque au regret den avoir, de cette façon, dit assez, ce qui veut dire toujours trop dit, puisque si lon ne voit pas la différence, la différence radicale de ce qui se produit de lautre côté, à savoir à partir je ne peux pas dire de la femme, puisque justement ce que la prochaine j essaierai dénoncer dune façon qui se tienne, qui se tienne et soit assez complète pour que puissiez vous en supporter le temps que durera ensuite la reprise, cest-à-dire un demi-mois,
que du côté de L femme, mais marquez ce « la » de ce trait oblique dont je désigne chaque fois que jen ai loccasion ce qui doit se barrer, à partir de L femme, cest dautre chose que de lobjet a, je vous lénoncerai la prochaine fois, quil sagit dans ce qui vient à suppléer à ce rapport sexuel nêtre pas.
Notes
90 Aristote, Éthique de Nicomaque, traduction, préface et notes par Jean Voilquin, Paris, GF, 1965, chapitre premier, p. 21.
91 Nous faisons lhypothèse quil sagirait de Safouan. Cf. texte en annexe.
92 ou sencrer !
93 Il y a un doute : la question porte-t-elle sur ce qui motive Aristote (ce qui lentoure, cf. « les discours antérieurs »), ou bien sur lobjet sur lequel porte sa réflexion (ce quil entoure). Le doute subsistant, il ny a pas de contresens majeur.
94 Cf. la fameuse publicité autrefois visible dans tous les souterrains du métro : DUBO-DUBON-DUBONNET.
95 S. Freud, Essais de Psychanalyse, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1981.
96 Docteur en médecine, professeur de philosophie à Harvard où il fonde le laboratoire de psychologie expérimentale, il est avec Peirce lun des fondateurs du pragmatisme. Voici sa formule : « Ma théorie soutient que les changements corporels suivent immédiatement la perception du fait excitant, et que le sentiment que nous avons de ces changements, à mesure quils se produisent, est lémotion ».
97 J. Bentham, De lontologie et autres textes sur les fictions , op. cit., séance du 21/11/72, p. 4, et J. Bentham, The theory of fictions, New-York, C.K. Ogden, AmS Edition, 1978, reprint de lédition de 1932.
98 Les deux verbes faillir et falloir se conjuguent de la même façon à la troisième personne du présent : il faut.
99 Apodose : nom donné par les rhéteurs à la proposition principale placée après une proposition conditionnelle : protase. Ex. : si vous ne venez pas (protase), je serai fâché (apodose).
100 « Largument du mouvement daprès Aristote. Cest un fait, dit Aristote, que tous les êtres ici-bas sont en mouvement continuel, et cest un principe que rien ne se meut que sous laction dun moteur, cest-à-dire dune cause déjà en acte. Or, de deux choses l une : ou ce moteur a lui-même passé de la puissance à lacte, ou il était par lui-même en acte : en d autres termes, ou il a été en mouvement ou il est immobile. Sil a été en mouvement, cest-à-dire sil a reçu dun autre la perfection quil communique, il suppose lui-même un moteur, cest-à-dire une cause déjà en acte, et la question revient. Or ngkh etnai, car cette chaîne ne peut se constituer indéfiniment, et lon arrive nécessairement à un premier moteur (prton knoun), à un moteur immobile (knoun knhton), à un moteur qui donne le mouvement sans être mû, à un être qui nest quen puissance par rapport à rien, cest-à-dire qui est acte pur, la perfection même et le principe de toute perfection : cest Dieu : donc Dieu existe ». Père Ch. Lahr, S. J., Cours de philosophie, Paris, Gabriel Beauchesne, 1929.