Acheronta  - Revista de Psicoanálisis y Cultura
Encore
Séminaire de Jacques Lacan
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Mardi 9 janvier 1973

Bon, ben, je vais vous souhaiter la bonne année, c’est pas encore tout à fait l’heure, je me passerai de commentaires à propos de ces vœux que après tout on peut considérer comme banaux.

Et puis je vais entrer tout doucement dans ce que je vous ai réservé pour aujourd’hui, qui… qu’est-ce qui ne va pas ? où est-ce qu’on ne m’entend pas ? ce que je vous ai réservé pour aujourd’hui qui est à mes risques, qui, comme vous allez le voir, ou peut-être ne pas le voir, qui sait ? en tout cas à moi, avant de commencer me paraît casse-gueule.

Pour mettre un titre comme ça, ce que je vais vous dire va être centré, puisqu’en somme il s’agit encore de quelque chose qui est le discours analytique, il s’agit de la façon dont, dans ce discours, nous avons à situer la fonction de l’écrit. Évidemment il y a là-dedans de l’anecdote, à savoir qu’un jour j’ai écrit sur la page d’un recueil que je sortais, ce que j’ai appelé la poubellication, je n’ai pas trouvé mieux à écrire sur, sur la page d’enveloppe de ce recueil que le mot Écrits.

Ces Écrits, il est assez connu disons qu’ils ne se lisent pas facilement. Je peux vous faire, comme ça, un petit aveu autobiographique, c’est que en écrivant Écrits c’est très précisément ce que je pensais, ça va peut-être même jusque là que je pensais qu’ils n’étaient pas à lire.

En tout cas c’est un bon départ. Bien entendu que la lettre ça se lit, ça semble même être fait comme ça dans le prolongement du mot, se lit et littéralement. Mais justement ce n’est peut-être pas du tout la même chose de lire une lettre ou bien de lire. Pour introduire ça d’une façon qui, qui fasse image, je ne veux pas partir tout de suite du discours analytique. Il est bien évident pourtant que dans le discours analytique il ne s’agit que de ça, de ce qui se lit, de ce qui se lit au-delà de ce que vous avez incité le sujet à dire, qui est comme je l’ai souligné dans ce passage la dernière fois, qui n’est pas tellement de tout dire que de dire n’importe quoi. Et j’ai poussé la chose plus loin, ne pas hésiter car c’est la règle, ne pas hésiter à dire ce dont j’ai introduit cette année la dimension comme étant essentielle au discours analytique, à dire des bêtises.

Naturellement ça suppose que nous développions cette dimension et ceci ne peut pas se faire sans le dire. Qu’est-ce que c’est que la dimension de la bêtise ? La bêtise, au moins celle-ci qu’on peut proférer c’est que la bêtise ne va pas loin. Dans le discours, discours courant, elle tourne court. C’est bien sûr ce quelque chose dont, si je puis dire, je m’assure quand je fais cette chose que je ne fais jamais sans tremblement, à savoir de retourner à ce que dans le temps j’ai proféré. Ça me fait toujours une sainte peur, la peur justement d’avoir dit des bêtises, c’est-à-dire quelque chose que en raison de ce que j’avance maintenant, je pourrais considérer comme tenant pas le coup.

Grâce à quelqu’un qui a repris ce séminaire annoncé le premier 65 de l’École Normale et qui va sortir bientôt, j’ai pu avoir, ce qui ne m’est pas souvent réservé puisque comme je vous le dis j’en évite moi-même le risque, j’ai pu avoir le sentiment que je rencontre quelquefois à l’ épreuve, que ce que cette année-là par exemple j’ai avancé n’était pas si bête, ne l’était pas moins, tant que de m’avoir permis d’avancer d’autres choses dont il me semble, parce que j’y suis maintenant, qu’elles se tiennent.

Il n’en reste pas moins que ce « se relire » représente une dimension, une dimension qui est à situer proprement dans ce que c’est que, au regard du discours analytique, la fonction de ce qui se lit. Le discours analytique a à cet égard un privilège, il paraît difficile. Et c’est de là que je suis parti, dans ce qui m’a fait date « De ce que j’enseigne 66 », comme je me suis exprimé, qui ne veut peut-être pas tout à fait dire ce que ça avait l ’air d’énoncer, à savoir mettre l’accent sur le « je », à savoir ce que je puis proférer, mais peut-être aussi de mettre l’accent sur le « de », c’est-à-dire d’où ça vient, un enseignement dont je suis l’effet.

Depuis j’ai mis l’accent sur ce que j’ai fondé d’une articulation précise, celle qui s’écrit justement, s’écrit au tableau de quatre lettres, de deux barres et de quelques traits, nommément cinq qui relient chacune de ces lettres, une de ces barres, puisqu’il y en a quatre, il pourrait y en avoir six, une de ces barres manquant 67. Ce qui de cette façon s’écrit, et que j’appelle discours analytique. Ceci est parti d’un rappel, d’un rappel, d’un rappel initial, d’un rappel premier, c’est à savoir que le discours analytique est ce mode de rapport nouveau qui s’est fondé seulement de ce qui fonctionne comme parole, et ce dans quelque chose qu’on peut définir comme un champ : « Fonction et champ », ai-je écrit justement, « de la parole et du langage », j’ai terminé, « en psychanalyse». Ce qui était désigné, désigné, ce qui fait l’originalité d’un certain discours, qui n’est pas homogène à un certain nombre d’autres qui font office, et que seulement de ce fait nous allons distinguer d’être discours officiels, il s’agit jusqu’à un certain point de discerner quel est l’office du discours analytique et de le rendre, lui aussi, sinon officiel, du moins officiant. C’est dans ce discours tel qu’il est dans sa fonction et son office, qu’il s’agit d’y cerner, c’est aujourd’hui la voie que je prends, ce que peut ce discours révéler de la situation très particulière de l’écrit quant à ce qui est du langage. C’est une question qui est très à l’ordre du jour si je puis m’exprimer ainsi. Néanmoins ça n’est pas à cette pointe d’actualité que je voudrais tout de suite en venir. J’entends particulièrement préciser quelle peut être, si elle est spécifique, quelle peut être la fonction de l’écrit dans le discours analytique.

Chacun sait que j’ai produit, avancé l’usage pour permettre d’expliquer les fonctions de ce discours, d’un certain nombre de lettres, très nommément pour les récrire au tableau 68 : le petit a que j’appelle objet mais qui quand même n’est rien qu’une lettre, le grand A que je fais fonctionner dans ce qui de la proposition n’a pris que formule écrite, qui est production de la logico-mathématique ou de la mathématico-logique, comme vous voudrez l’énoncer. Ce grand A, je n’en ai pas fait n’ importe quoi, j’en désigne ce qui d’abord est un lieu, une place. J’ai dit le lieu de l’Autre, comme tel, désigné par une lettre.

En quoi une lettre peut-elle servir à désigner un lieu ? Il est clair qu’il y a là quelque chose d’abusif. Et que quand vous ouvrez par exemple la première page de ce qui a été enfin réuni sous la forme d’une édition définitive sous le titre de La théorie des ensembles et sous le chef d’auteurs fictifs qui se dénomment du nom de Nicolas Bourbaki 69, ce que vous voyez c’est la mise en jeu d’un certain nombre de signes logiques. Ces signes logiques précisément désignent, en particulier l’un d’entre eux, la fonction « place » comme telle. Ce signe logique est désigné, écrit par un petit carré.

Je n’ai donc pas d’abord, à proprement parler, fait un usage strict de la lettre quand j’ai dit que le lieu de l’Autre se symbolisait par la lettre A. Par contre je l’ai marqué en le redoublant de ce grand S qui ici veut dire signifiant, signifiant du A en tant qu’il est barré : S(A). Par là, j’ai articulé dans l’écrit, dans la lettre, quelque chose qui ajoute une dimension à ce lieu du grand A, et très précisément en montrant que comme lieu il ne tient pas, qu’il y a en ce lieu, en ce lieu désigné de l’Autre une faille, un trou, un lieu de perte et que c’est précisément de ce qui, au niveau de l’objet petit a, vient fonctionner au regard de cette perte, que quelque chose est avancé de tout à fait essentiel à la fonction du langage.

J’ai usé aussi de cette lettre F, je parle de ce que j’ai introduit qui fonctionne comme lettre, qui introduit comme telle une dimension nouvelle. J’ai utilisé, le distinguant de la fonction seulement signifiante qui se promeut dans la théorie analytique jusque là du terme du phallus, j’ai avancé grand F comme constituant quelque chose d’original, quelque chose que je spécifie ici, aujourd’hui, d’être précisé dans son relief par l’écrit même. C’est une lettre dont la fonction se distingue des autres, c’est d’ailleurs bien pour cela que ces trois lettres sont différentes. Elles n’ont pas la même fonction, comme déjà vous pouvez l’avoir senti de ce que j’ai d’abord énoncé de S(A) et du petit a. Elle est une fonction différente, et pourtant elle reste une lettre.

C’est très précisément de montrer le rapport que, de ce que ces lettres introduisent dans la fonction du signifiant qu’il s’agit aujourd’hui de discerner, ce que nous pouvons, à reprendre le fil du discours analytique, en avancer. Je propose, je propose ceci, c’est que vous considériez l’écrit comme n’étant nullement du même registre, du même tabac, si vous me permettez ces sortes d’expressions qui peuvent avoir bien leur utilité, que ce qu’on appelle le signifiant.

Le signifiant c’est une dimension qui a été introduite de la linguistique, c’est-à-dire de quelque chose qui, dans le champ où se produit la parole, ne va pas de soi. Un discours le soutient qui est le discours scientifique. Un certain ordre de dissociation, de division est introduit par la linguistique, grâce à quoi se fonde la distinction de ce qui semble pourtant aller de soi, c’est que quand on parle ça signifie, ça comporte le signifié. Bien plus, jusqu’à un certain point, ça ne se supporte que de la fonction de signification.

Introduire, distinguer la dimension du signifiant c’est quelque chose qui ne prend relief précisément que de poser que le signifiant comme tel, très précisément ce que vous entendez au sens où je dirai littéralement auditif du terme, au moment où ici où je suis et de là où je suis je vous parle, c’est poser très précisément ceci, mais par un acte original, que ce que vous entendez n’a avec ce que ça signifie, n’a avec ce que ça signifie aucun rapport. C’est là un acte qui ne s’institue que d’un discours dit discours scientifique. Cela ne va pas de soi. Et ça va même tellement peu de soi que ce que vous voyez sortir d’un dialogue qui n’est pas d’une mauvaise plume puisque c’est le Cratyle du nommé Platon, ça va tellement peu de soi que tout ce discours est fait de l’effort de faire que justement ce rapport, ce rapport qui fait que ce qui s’énonce c’est fait pour signifier, et que ça doit bien avoir quelque rapport, tout ce dialogue est tentative, que nous pouvons dire, d’où nous sommes, être désespérée, pour faire que ce signifiant de soi-même soit présumé vouloir dire quelque chose. Cette tentative désespérée est d’ailleurs marquée de l’échec, puisque c’est d’un autre discours, mais d’un discours qui comporte sa dimension originale, discours scientifique, qu’il se promeut, qu’il se produit et d’une façon si je puis dire dont il n’y a pas à chercher l’histoire, qu’il se produit de l’instauration même de ce discours que le signifiant ne se pose que d’avoir aucun rapport.

Les termes là dont on use sont toujours eux-mêmes glissants. Même un linguiste aussi pertinent qu’a pu l’être Ferdinand de Saussure parle d’arbitraire. Mais c’est là glissement, glissement dans un autre discours, le discours du décret, ou pour mieux dire discours du maître pour l’appeler par son nom. L’arbitraire n’est pas ce qui convient. Mais d’un autre côté nous devons toujours faire attention quand nous développons un discours si nous voulons rester dans son champ même et ne pas perpétuellement produire ces effets de rechute, si je puis dire, dans un autre discours, nous devons tenter de donner à chaque discours sa consistance et pour maintenir sa consistance, n’en sortir qu’à bon escient. Dire que le signifiant est arbitraire n’a pas la même portée que de dire simplement que le signifiant n’a pas de rapport avec son effet de signifié.

C’est ainsi qu’à chaque instant, et plus que jamais dans le cas où il s’agit d’avancer comme fonction ce qu’est un discours, nous devons au moins à chaque fois, à chaque instant, noter ce en quoi nous glissons dans une autre référence. Le mot référence en l’occasion ne pouvant se situer que de ce que constitue comme lien le discours comme tel. Il n’y a rien à quoi le signifiant comme tel se réfère si ce n’est à un discours, à un mode de fonctionnement du langage, à une utilisation comme lien du langage. Encore faut-il préciser à cette occasion ce que veut dire, ce que veut dire le lien. Le lien, bien sûr, nous ne pouvons qu’y glisser immédiatement. C’est un lien entre ceux qui parlent, et vous voyez tout de suite où nous allons, à savoir que ceux qui parlent, bien sûr, ce n’est pas n’importe qui, ce sont des êtres que nous sommes habitués à qualifier de vivants, et peut-être est-il très difficile d’exclure de ceux qui parlent cette dimension qui est celle de la vie, à moins que nous ne nous apercevions aussitôt, ce qui se touche du doigt, que, dans le champ de ceux qui parlent, il nous est très difficile de faire entrer la fonction de la vie sans faire en même temps entrer la fonction de la mort, et que de là résulte une ambiguïté signifiante justement qui est tout à fait radicale, de ce qui peut être avancé comme étant fonction de vie ou bien de mort.

Il est tout à fait clair que rien ne conduit de façon plus directe à ceci que le quelque chose d’où seulement la vie peut se définir, à savoir la reproduction d’un corps, cette fonction de reproduction elle-même, ne peut s’intituler ni spécialement de la vie, ni spécialement de la mort, puisque comme telle, en tant que cette reproduction est sexuée, comme telle elle comporte les deux, vie et mort.

Mais déjà, rien qu’à nous avancer dans ce quelque chose qui est déjà dans le fil, dans le courant du discours analytique, nous avons fait ce saut, ce glissement qui s’appelle conception du monde, qui doit bien pourtant pour nous être considérée comme ce qu’il y a de plus comique, à savoir que nous devons toujours faire très attention que ce terme conception du monde suppose lui-même un tout autre discours, qu’il est, qu’il fait partie de celui de la philosophie, que rien après tout n’est moins assuré, si l’on sort du discours philosophique, que l’existence comme telle d’un monde. Qu’il n’y a souvent que l’occasion, l’occasion de sourire dans ce qui est avancé par exemple du discours analytique comme comportant quelque chose qui soit de l’ordre d’une telle conception. Je dirai même plus loin que, jusqu’à un certain point, il mérite aussi qu’on sourie de voir avancer un tel terme pour désigner par exemple disons ce qui s’appelle marxisme. Le marxisme ne me semble pas, et à quelque examen que ce soit, fût-ce le plus approximatif…, ne peut passer pour conception du monde. Il est contraire, par toutes sortes de coordonnées tout à fait frappantes de l’énoncé de ce que dit Marx, ce qui ne se confond pas obligatoirement avec la conception du monde marxiste, c’est à proprement parler autre chose que j’appellerai plus formellement un évangile, à savoir une annonce. Une annonce, que quelque chose qui s’appelle l’histoire instaure, une autre dimension du discours, en d’autres termes la possibilité de subvertir complètement la fonction du discours comme tel, j’entends à proprement parler du discours philosophique en tant que sur lui repose une conception du monde.

Le langage s’avère donc beaucoup plus vaste comme champ, beaucoup plus riche de ressources que d’être simplement celui où puisse s’inscrire un discours qui est celui qui, au cours des temps, s ’est instauré du discours philosophique. Ce n’est pas parce qu’il nous est difficile de ne pas du tout en tenir compte pour autant que de ce discours, discours philosophique, certains points de repère sont énoncés et qui sont difficiles à éliminer complètement de tout usage du langage, ce n’est pas à cause de cela que nous devons à tout prix nous en passer, à condition de nous apercevoir qu’il n’y a rien de plus facile que de retomber dans ce que j’ai appelé ironiquement, voire avec la note comique, « conception du monde », mais qui a un nom plus modéré, bien plus précis et qui s’appelle l’ontologie. L’ ontologie est spécialement ceci qui, d’un certain usage du langage, a mis en valeur, a produit d’une façon accentuée, a produit l’usage dans le langage de la copule, d’une façon telle qu’elle ait été en somme isolée comme signifiant.

S’arrêter au verbe être, ce verbe qui n’est même pas, dans le champ complet de la diversité des langues, d’un usage qu’on puisse qualifier d’universel, le produire comme tel est quelque chose qui comporte une accentuation, une accentuation qui est pleine de risques. Pour, si l’on peut dire, la détecter, et même jusqu’à un certain point l’exorciser, il suffirait peut-être d’avancer que rien n’oblige, quand on dit que quoi que ce soit, c’est ce que c’est, d’aucune façon ce « être » de l’isoler, de l’accentuer. Ça se prononce « c’est ce que c’est » et ça pourrait aussi bien s’écrire s-e-s-k-e-c-é qu’on n’y verrait, à cet usage de la copule, que du feu. On n’y verrait que du feu si un discours qui est le discours du maître, discours du maître qui ici peut aussi bien s’écrire m-apostrophe-ê-t-r-e, ce qui met l’accent sur le verbe être c’est ce quelque chose qu’Aristote lui-même regarde à deux fois à avancer puisque, pour ce qui est de l’être qu’il oppose au to ti esti, à la quiddité, à ce que ça est, il va jusqu’à employer le to ti en einai, à savoir ce qui se serait bien produit si c’était venu à être tout court, ce qui était à être, et il semble que là le pédicule se conserve qui nous permet de situer d’où se produit ce discours de l’être, il est tout simplement celui de l’être à la botte, de l’être aux ordres, ce qui allait être si tu avais entendu ce que je t’ordonne.

Toute dimension de l’être se produit de quelque chose qui est dans le fil dans le courant du discours du maître, de celui qui, proférant le signifiant, en attend ce qui est de ses effets de lien, assurément à ne pas négliger, qui est fait de ceci que le signifiant commande, le signifiant est, d’abord et de sa dimension, impératif.

Comment, comment retourner, si ce n’est d’un discours spécial, à ce que je pourrais avancer d’une réalité prédiscursive. C’est là ce qui bien entendu est le rêve, le rêve fondateur de toute idée de connaissance, mais ce qui aussi bien est à considérer comme mythique, il n’y a aucune réalité prédiscursive, chaque réalité se fonde et se définit d’un discours. Et c’est bien en cela qu’il importe que nous nous apercevions de quoi est fait le discours analytique, et de ne pas méconnaître ce qui sans doute n’y a qu’une place limitée, à savoir mon Dieu qu’on y parle de ce que le verbe foutre énonce parfaitement, on y parle de foutre, je veux dire le verbe, en anglais to fuck, et on y dit que ça ne va pas. C’est une part importante de ce qui se confie dans le discours analytique et il importe très précisément de souligner que ce n’est pas son privilège.

Il est clair que, dans ce que j’ai appelé tout à l’heure le discours en l’écrivant presque en un seul mot, le disque-ourcourant, le disque aussi hors champ, hors jeu de tout discours, à savoir le disque tout court, dans le disque qui est bien après tout l’angle sous lequel nous pouvons considérer tout un champ du langage, de celui qui en effet donne bien sa substance, son étoffe à être considéré comme disque, à savoir que ça tourne et que ça tourne très exactement pour rien. Ce disque est exactement ce qui se trouve dans le champ, dans le champ d’où les discours se spécifient, le champ où tout ça se noie, où tout un chacun est capable, est capable, tout aussi capable de s’en énoncer autant mais, par un souci de ce que nous appellerons à très juste titre décence, le fait, mon Dieu, le moins possible. Ce qui fait le fond de la vie, en effet, c’est que tout ce qu’il en est des rapports des hommes et des femmes, ce qu’on appelle collectivité, ça ne va pas. Ça ne va pas, et tout le monde en parle, et une grande partie de notre activité se passe à le dire. Il n’empêche qu’il n’y a rien de sérieux si ce n’est ce qui s’ordonne d’une autre façon comme discours, jusque et y compris ceci que précisément ce rapport, ce rapport sexuel en tant qu’il ne va pas, il va quand même, grâce à un certain nombre de conventions, d’interdits, d’inhibitions, de toutes sortes de choses qui sont l’effet du langage, qui ne sont à prendre que de cette étoffe et de ce registre, et qui réduisent très précisément ceci qui tout d’un coup nous fait revenir, nous fait revenir comme il convient au champ du discours. Il n’y a pas la moindre réalité prédiscursive, pour la bonne raison que ce qui fait collectivité et que j’ai appelé en l’évoquant, à l’instant, les hommes, les femmes et les enfants, ça ne veut très exactement rien dire comme réalité prédiscursive, les hommes, les femmes et les enfants, ce ne sont que des signifiants. Un homme, ce n’est rien d’autre qu’un signifiant. Une femme cherche un homme au titre de signifiant. Un homme cherche une femme au titre, ça va vous paraître curieux, de ce qui ne se situe que du discours, puisque si ce que j’avance est vrai, à savoir que la femme n’est pas toute, il y a toujours quelque chose qui chez elle échappe au discours.

Alors il s’agit de savoir, dans tout cela, ce qui dans un discours se produit de l’effet de l’écrit. Comme vous le savez peut-être, vous le savez en tout cas si vous avez lu ce que j’écris, le signifiant et le signifié c’est pas seulement que la linguistique les ait distingués. La chose peut-être vous paraît aller de soi, mais justement c’est à considérer que les choses vont de soi qu’on ne voit rien de ce qu’on a pourtant devant les yeux, et devant les yeux concernant justement l’écrit.

S’il y a quelque chose qui peut nous introduire à la dimension de l’écrit comme tel c’est de nous apercevoir que pas plus que le signifié, pas le signifiant, n’a à faire avec les oreilles mais seulement avec la lecture, à savoir de ce qu’on entend de signifié. Mais le signifié c’est justement pas ce qu’on entend, ce qu’on entend c’est le signifiant. Le signifié c’est l’effet du signifiant.

Il y a quelque chose qui n’est que l’effet du discours, l’effet du discours en tant que tel, c’est-à-dire de quelque chose qui fonctionne déjà comme lien. Eh bien c’est ce quelque chose qui, au niveau d’un écrit, effet de discours scientifique, du S fait pour connoter la place du signifiant et du s dont se connote comme place le signifié, cette fonction de place n’est créée que par le discours lui-même, chacun à sa place ça ne fonctionne que dans le discours. Eh bien entre les deux, il y a la barre.

Ça n’a l’air de rien quand vous écrivez une barre pour expliquer. Ce mot expliquer a toute son importance parce qu’il n’y a rien moyen de comprendre à une barre, même quand elle est réservée à signifier la négation. C’est très difficile de comprendre ce que ça veut dire la négation. Si on y regarde d’un peu près on s’apercevra en particulier qu’il y en a une très grande variété, de négations, et qu’il est tout à fait impossible de réunir toutes les négations sous le même concept. La négation de l’existence ce n’est pas du tout la même chose que la négation de la totalité, pour me limiter à l’usage que j’ai pu faire de la négation. Mais il y a une chose qui est en tout cas encore plus certaine c’est que le fait d’ajouter la barre à la notation S et s, qui déjà se distinguent très suffisamment, pourrait se soutenir d’être seulement marquée par la distance de l’écrit. Y ajouter la barre a quelque chose de superflu, voire de futile, et en tout cas comme tout ce qui est de l’écrit, comme tout ce qui est de l’écrit ne se supporte que de ceci, c’est que justement l’écrit ça n’est pas à comprendre. C’est bien pour ça que vous n’êtes pas forcés de comprendre les miens. Si vous ne les comprenez pas c’est un bon signe, tant mieux ! ça vous donnera justement l’occasion de les expliquer. La barre, la barre c’est pareil, la barre c’est très précisément le point où, dans tout usage du langage, il y aura l’occasion à ce que se produise l’écrit. Si dans Saussure même, S c’est barre au-dessus de s70, c’est grâce à ça que dans « l’Instance de la lettre », qui fait partie de mes Écrits 71, j’ai pu vous démontrer d’une façon qui s’écrit, rien de plus, que rien ne se supporte des effets dits de l’inconscient si grâce à cette barre, s’il n’y avait pas cette barre, rien ne pourrait en être expliqué. Y’a de l’incons… 72 y’a du signifiant, je répète y’a du signifiant qui passe sous la barre, s’il n ’y avait pas de barre, vous ne pourriez pas voir qu’il y a du signifiant qui s’injecte dans le signifié.

Grâce à l’écrit se manifeste, se manifeste ceci, qui n’est qu’effet de discours, car s’il n’y avait pas de discours analytique vous continueriez à parler très exactement comme des étourneaux, c’est-à-dire à dire ce que je qualifie du disquourcourant, c’est-à-dire de continuer le disque, le disque continuant ce quelque chose qui est le point le plus important que révèle le discours analytique seulement, c’est à savoir ceci, c’est à savoir ceci qui ne peut s’articuler que grâce à toute la construction du discours analytique, c’est que très précisément il n’y a pas, je reviens là-dessus puisqu’après tout c’est la formule que je vous serine, mais de vous la seriner faut-il encore que je l’explique parce qu’elle ne se supporte que de l’écrit précisément, et de l’écrit en ceci, que le rapport sexuel ne peut pas s’écrire.

C’est ce que ça veut dire, ou plus exactement que tout ce qui est écrit est conditionné de façon telle que ça part, ça part du fait qu’il sera à jamais impossible d’écrire comme tel le rapport sexuel, que l’écriture comme telle est possible, à savoir qu’il y a un certain effet du discours et qui s’appelle l’écriture.

Qu’est-ce qu’il y a ? On n’entend pas là ? Voyez-vous, on peut 73 à la rigueur écrire x R y, et dire x c’est l’homme, y c’est la femme et grand R c’est le rapport sexuel, pourquoi pas ! Seulement voilà, c’est ce que je vous disais tout à l’heure, n’est-ce pas, c’est une bêtise. C’est une bêtise parce que ce qui se supporte sous la fonction de signifiant, de homme et de femme, ce ne sont que des signifiants, ce ne sont que des signifiant tout à fait liés à cet usage quourcourant du langage. Et s’il y a un discours qui vous le démontre, c’est que la femme ne sera jamais prise, c’est ce que le discours analytique met en jeu, que quoad matrem, c’est-à-dire que la femme n’entrera en fonction dans le rapport sexuel qu’en tant que la mère. Ça, c’est des vérités massives et qui, quand nous y regardons de plus près, bien entendu nous mèneront plus loin, mais grâce à quoi, grâce à l’écriture qui d’ailleurs ne fera pas objection à cette première approximation, puisque justement c’est par là qu’elle montrera que c’est une suppléance de ce pas toute sur quoi repose, quoi, la jouissance de la femme. C’est à savoir que cette jouissance, qu’elle n’est pas toute, c’est-à-dire qui quelque part la fait absente d’elle-même, absente en tant que sujet, qu’elle y trouvera le bouchon de ce petit a que sera son enfant.

Mais d’un autre côté, du côté de l’x, à savoir de ce qui serait l’homme si ce rapport sexuel pouvait s’écrire d’une façon soutenable, soutenable dans un discours, vous verrez que l’homme n’est qu’un signifiant, parce que là où il entre en jeu comme signifiant, il n’y entre que quoad castrationem, c’est-à-dire en tant qu’il a un rapport, un rapport quelconque avec la jouissance phallique. De sorte que c’est à partir du moment, ou de quelque part, d’un discours qui aborde la question sérieusement, du discours analytique, que c’est à partir du moment où ce, ce qui est la condition de l’écrit à savoir qu’il se soutienne d ’un discours, que tout se dérobera et que le rapport sexuel vous ne pourrez jamais l’écrire, naturellement dans la mesure où il s’agit d’un vrai écrit, c’est-à-dire de l’écrit en tant que c’est ce qui, du langage, se conditionne d’un discours.

La lettre radicalement est effet de discours. Ce qu’il y a de bien, n’est-ce-pas, si vous me permettez, ce qu’il y a de bien dans ce que je raconte c’est que c’est toujours la même chose. C’est à savoir non pas bien sûr que je me répète, c’est pas là la question, c’est que ce que j’ai dit antérieurement, la première fois autant que je me souvienne que j’ai parlé de la lettre, j’étais comme ça, j’ai sorti ça je ne sais plus quand, maintenant je ne veux rechercher, je vous l’ai dit j’ai horreur de me relire, mais il doit bien y avoir quinze ans, quelque part à Ste Anne 74. J’ai essayé de faire remarquer cette petite chose que tout le monde connaît, bien sûr, que tout le monde connaît quand on lit un peu, ce qui n’arrive pas à tout le monde, qu’un nommé Sir Flanders Petrie75 par exemple avait cru remarquer que les lettres de l’alphabet phénicien se trouvaient bien avant le temps de la Phénicie sur de menues poteries égyptiennes où elles servaient de marques de fabrique 76. Ce qui veut dire, ce qui veut dire simplement ceci que le marché, qui est typiquement un effet de discours, c’est là que d’abord est sortie la lettre, avant que quiconque ait songé à user des lettres pour faire quoi, quelque chose qui n’a rien à faire, qui n’a rien à faire avec la connotation du signifiant, mais qui l’élabore, qui le perfectionne.

Il faudrait bien sûr prendre les choses au niveau de l’histoire de chaque langue parce qu’il est clair que la lettre chinoise, celle qui nous affole tellement que nous appelons ça, Dieu sait pourquoi, d’un nom différent de caractère, en cela la lettre chinoise, à savoir qu’il est manifeste qu’elle est sortie du discours chinois très ancien, d’une façon toute différente de la façon dont sont sorties nos lettres. À savoir qu’en somme, les lettres, les lettres qu’ici je sors, elles ont une valeur différente, différentes comme lettres parce qu’elles sortent du discours analytique, de ce qui peut sortir comme lettre par exemple de la théorie des ensembles, à savoir l’usage qu’on en fait, et qui pourtant, c’est là l’intérêt, n’est pas sans avoir le rapport, un certain rapport de convergence sur lequel j’aurai certainement, dans ce qui sera la suite, l’occasion d’apporter quelques développements : la lettre en tant qu’effet… n’importe quel effet de discours a ceci de bon qu’il fait de la lettre.

Alors mon Dieu, pour terminer, pour terminer aujourd’hui ce qui n’est qu’une amorce que j’aurai l’occasion de développer, ce que je reprendrai à propos en vous distinguant, en discernant par exemple, la différence qu’il y a de l’usage de la lettre dans l’algèbre ou de l’usage de la lettre dans la théorie des ensembles, parce que ceci nous intéresse directement. Mais pour l’instant, je veux simplement vous faire remarquer qu’il se produit quand même quelque chose qui est corrélatif de l’émergence au monde…

au monde, c’est le cas de le dire, au monde en décomposition, Dieu merci, n’est-ce pas, au monde que nous voyons ne plus tenir puisque même dans le discours scientifique il est clair qu’il n’y a, y’a, y’a, y’a, y’a pas le moindre monde à partir du moment où vous pouvez ajouter aux atomes un truc qui s’appelle le quark, et, et, et que vous trouvez en plus que c’est là le vrai fil du discours scientifique.

Vous devez quand même vous rendre compte qu’il s’agit d’autre chose, qu’il s’agit de voir d’où on part. Eh bien référez-vous quand même, parce que c’ est une bonne lecture, il faut que vous vous mettiez tout de même à lire un peu, un peu enfin des auteurs, je ne dirai pas de votre temps, bien sûr je ne vous dirai pas de lire Philippe Sollers, il est illisible, bien sûr comme moi, oui mais vous pouvez lire Joyce par exemple. Alors là vous verrez comment ça a commencé de se produire. Vous verrez que le langage se perfectionne et sait jouer, sait jouer avec l’écriture. Joyce, moi je veux bien que ça ne soit pas lisible. Ce n’est certainement pas traductible en chinois !

Seulement Joyce qu’est-ce que c’est, c’est exactement ce que je vous ai dit tout à l’heure : c’est le signifiant qui vient truffer le signifié. Joyce c’est, c’est un long texte écrit, lisez Finnegan’s Wake 77, c’est un long texte écrit qui, dont le sens provient de ceci c’est que c’est du fait que les signifiants s’emboîtent, se composent, si vous voulez pour faire image à ceux qui ici n’ont même pas l’idée de ce que c’est, se télescopent, que c’est avec ça que se pr oduit quelque chose qui, comme signifié peut paraître énigmatique, mais qui est bien ce qu’il y a de plus proche de ce que nous autres analystes, grâce au discours analytique, nous savons le lire, qui est ce qu’il y a de plus proche du lapsus. Et c’est au titre de lapsus que ça signifie quelque chose, c’est-à-dire que ça peut se lire d’une infinité de façons différentes. Mais c’est justement pour ça que ça se lit mal, ou que ça se lit de travers, ou que ça ne se lit pas. Mais cette dimension du se lire, est-ce que ce n’est pas suffisant pour montrer que nous sommes dans le registre du discours analytique, que ce dont il s’agit dans le discours analytique c’est toujours à ce qui s’énonce de signifiant que vous donniez une autre lecture que ce qu’il signifie.

Mais c’est là que commence la question. Parce que voyons pour me faire comprendre je vais prendre une référence comme ça dans ce que vous lisez dans le grand livre du monde. Par exemple vous voyez le vol d’une abeille, comme ça le vol d’une abeille, elle vole, elle butine, elle va de fleur en fleur. Ce que vous apprenez c’est qu’elle va transporter au bout de ses pattes le pollen d’une fleur sur le pistil du même coup aux œufs d’une autre fleur, ça c’est ce que vous lisez dans le vol de l’abeille. Ou n’importe quoi d’autre, vous voyez, je ne sais pas moi, quelque chose que vous appelez comme ça, un vol d’oiseaux qui volent bas par exemple vous appelez ça un vol, c’est en réalité un groupe à un certain niveau vous y lisez qu’il va faire de l’orage, mais est-ce qu’eux ils lisent ? Est-ce que l’abeille lit qu ’elle sert à la reproduction des plantes phanérogamiques ? Est-ce que l’oiseau lit l’augure de la fortune, comme on disait autrefois, c’est-à-dire de la tempête 78 ? Toute la question est là. C’est pas exclu après tout que l’hirondelle ne lise pas la tempête, mais c’est pas sûr non plus.

Ce qu’il y a dans votre discours analytique c’est que le sujet, le sujet de l’inconscient vous le supposez, vous le supposez savoir lire. Ça n’est rien d’autre votre histoire de l’inconscient. C’est que non seulement vous le supposez savoir lire, mais vous le supposez pouvoir apprendre à lire. Seulement ce que vous lui apprenez à lire n’a alors absolument rien à faire, en aucun cas, avec ce que vous pouvez en écrire. Voilà.

Notes

65 Sortie du livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973. Établissement de J.A. Miller.

66« De ce que j’enseigne », conférence au groupe de l’Évolution psychiatrique le 23-1-62.

67Il y a la fin de cette phrase une ambiguïté entre les traits et les barres, Lacan utilisant le terme de barre pour ce qu’il vient d’appeler trait. Nous considérons que les barres séparent les lettres comme ceci : et que les traits les relient comme cela : ici dans le discours de l’analyste dont il est question dans ce passage. Le trait manquant, sur les six possibles, étant celui de l’étage inférieur, conformément à ce que Lacan a énoncé précédemment (voir, entre autre, la séance du 11-3-70 de La psychanalyse à l’envers).

68 Lacan écrit effectivement au tableau.

69 En 1935, sept mathématiciens, Henri Carton, Claude Chevalley, Jean Delsarte, Szolem Mandelbrojt, René de Possel, André Weil et Jean Dieudonné fondaient le groupe Bourbaki, du nom d’un général de Bonaparte.

70 Lacan impute à Saussure l’écriture S. Saussure, lui, dessine : in Cours de linguistique générale, Chap. IV, la valeur linguistique, Paris, Payot, 1992, p.158.

71 Jacques Lacan, Écrits, Paris, Seuil, 1966, pp. 493-528.

72 Lacan tonne ce lapsus…«Y’a de l’incons…» et se reprend :» y’a du signifiant».

73 Lacan hurle sur « peut ».

74 Jacques Lacan, «La lettre volée », séminaire du 26-4-1955.

75 Sir Flanders Petrie, The formation of the alphabet, London, MacMillan and co, 1912.

76 «Et ceci nous en avons des attestations historiques, car quelqu’un qui s’appelle Sir Flanders Petrie a montré que bien avant la naissance des caractères hiéroglyphes, sur les poteries qui nous restent de l’industrie dite prédynastique nous trouvons comme marques sur les poteries, à peu près toutes les formes qui sont trouvées utilisées par la suite, c’est-à-dire, après une longue évolution historique, dans l’alphabet grec, étrusque, latin, phénicien, tout ce qui nous intéresse au plus haut chef comme caractéristique de l’écriture». Séminaire L’identification du 20 décembre 1961 (établissement critique par M. Roussan)

77 James Joyce, Finnegan’s Wake, Paris, Gallimard, I982.

78 Au XIII° siècle, fortune avait le sens de malchance, malheur et était utilisée dans l’acception spéciale de tempête.

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Revista de Psicoanálisis y Cultura
Número 13 - Julio 2001
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