Mardi 12 décembre1972
Lacan paraît-il, pour son premier séminaire, comme on lappelle, de cette année, aurait parlé, je vous le donne en mille, de lamour, pas moins !
La nouvelle sest propagée.
Elle mest revenue même de pas très loin, bien sûr, dune petite ville de lEurope 34 où on lavait envoyée en message.
Comme cest sur mon divan que ça mest revenu, je ne peux pas croire que la personne qui me la rapportée y crût vraiment, vu quelle sait bien que ce que je dis de lamour cest assurément quon ne peut pas en parler. « Parlez-moi damour », ça veut dire des chansonnettes. Jai parlé de la lettre damour, de la déclaration damour, ce nest pas la même chose que la parole damour.
Enfin, je pense quil est clair, même si vous ne vous lêtes pas formulé, il est clair que dans ce premier séminaire jai parlé de la bêtise, de celle qui conditionne ce dont jai donné cette année le titre à mon séminaire, et qui se dit Encore. Vous voyez le risque ! Je vous dis ça uniquement pour vous dire ce qui fait ici le poids, le poids de ma présence : cest que vous en jouissez. Ma présence seule, du moins jose le croire, ma présence seule dans mon discours, ma présence seule est ma bêtise. Je devrais savoir que jai mieux à faire que dêtre là. C est bien pour ça que je peux avoir envie tout simplement quelle ne vous soit pas assurée en tout état de cause.
Néanmoins, il est clair que je ne peux pas me mettre dans une position de retrait, de dire quencore et que ça dure cest une bêtise, puisque moi-même jy collabore. Évidemment je ne peux me placer que dans le champ de cet Encore. Et peut-être à remonter un certain discours qui est le discours analytique jusquà ce qui fait le conditionnement de ce discours, à savoir cette vérité, la seule qui puisse être incontestable de ce quelle nest pas, quil ny a pas de rapport sexuel, ceci ne permet daucune façon de juger de ce qui est, ou nest pas, de la bêtise. Et pourtant il ne se peut pas, vu lexpérience, quà propos du discours analytique quelque chose ne soit pas interrogé qui est, à savoir quil ne tient pas essentiellement de sen supporter de cette dimension de la bêtise. Et pourquoi pas après tout ne pas se demander quel est le statut de cette dimension pourtant bien présente. Car enfin il ny a pas eu besoin du discours analytique pour que, c est là la nuance, comme vérité soit annoncé quil ny a pas de rapport sexuel.
Ne croyez pas que moi jhésite à me mouiller. Ce nest pas daujourdhui que je parlerai de Saint Paul, je lai déjà fait. Ce nest pas ça qui me fait peur, même de me compromettre avec des gens dont le statut, la descendance nest pas à proprement parler ce que je fréquente. Néanmoins que les hommes dun côté, les femmes de lautre, ce fut la conséquence du message, voilà ce qui, au cours des âges, a eu quelques répercussions. Ça na pas empêché le monde de se reproduire à votre mesure. La bêtise tient bon en tout cas.
Ce nest pas tout à fait comme ça que sétablit le discours analytique, ce que je vous ai formulé du petit a et du S2 qui est en dessous et de ce que ça interroge du côté du sujet. Pour produire quoi ? Cest bien évidemment que ça sinstalle là-dedans, dans la bêtise pourquoi pas, et que ça na pas ce recul, que je nai pas pris moi non plus. De dire que si ça continue cest de la bêtise, au nom de quoi le dirais-je ? Comment sortir de la bêtise ?
Il nen est pas moins vrai quil y a quelque chose, un statut à donner de ce quil en est de ce neuf discours. De son approche de la bêtise, quelque chose sen renouvelle. Sûrement il va plus près, car dans les autres cest bien ce quon fuit. Le discours vise toujours à la moindre bêtise, ce quon appelle la bêtise sublime, car sublime veut dire ça, cest le point le plus élevé de ce qui est en bas 35.
Où est dans le discours analytique le sublime de la bêtise ? Voilà en quoi je suis en même temps légitimé à mettre au repos ma participation à la bêtise en tant quici elle nous englobe, et à invoquer qui pourra sur ce point mapporter la réplique
de ce qui, sans doute dans dautres champs
mais non bien sûr ! puisquil sagit de quelquun qui ici m écoute, qui de ce fait est suffisamment introduit au discours analytique.
Comment ?
Cest là ce que déjà au terme de lannée dernière, jai eu le bonheur de recueillir dune bouche qui va se trouver la même 36. Cest là que dès le début de lannée jentends que quelquun mapporte, à ses risques et périls, la réplique de ce qui dans un discours, nommément le philosophique, résout, oblique, mène sa voie, la fraye dun certain statut à légard de la moindre bêtise.
Je donne la parole à François Récanati que vous connaissez déjà.
François Récanati
Je remercie le docteur Lacan de me donner la parole une deuxième fois, parce que ça va mintroduire directement à ce dont je vais parler, en ce sens que ce nest pas sans rapport avec la répétition. Mais dautre part, je voudrais aussi bien prévenir que cette répétition cest une répétition infinie, mais que ce que je vais dire là aussi, ce ne sera pas fini en ce sens que je naurai absolument pas le temps de venir au terme de ce que jai préparé. Cest-à-dire quici, en quelque sorte, cest véritablement au bouclage de la boucle que devait prendre sens ce qui comme préliminaire va my amener ; là je vais être obligé à cause du temps et à moins de reprendre ça une autre fois, de men tenir aux préliminaires, cest-à-dire proprement de ne pas encore entrer de plain-pied dans cette bêtise dont a parlé le docteur Lacan.
Vous vous souvenez que ce que la dernière fois javais essayé de vous montrer, cest que la répétition ne se produit quau troisième coup, qui était le coup de linterprétant. Ça veut dire que la répétition, cest la répétition dune opération, en ce sens que pour quil y ait du terme à répéter, il faut quil y ait une opération qui produise le terme ; cest-à-dire que ce qui doit se répéter, il faut bien que ça sinscrive et linscription de cet objet ne peut se faire elle-même quau terme de quelque chose de lordre dune répétition.
Il y a là quelque chose qui ressemble à un cercle logique, et qui est en fait un peu différent, plutôt quelque chose de lordre dune spirale, en ce sens où le terme darrivée et le terme de départ, on ne peut pas dire que ce soit la même chose ; ce qui est donné, cest que le terme darrivée est le même que le terme de départ, mais le terme de départ lui-même nest pas déjà le même ; il devient le même, mais seulement après coup.
Il y a donc deux répétitions à envisager, dissymétriques, la première qui est le procès par où se donne cet objet qui doit se répéter, et on peut appeler ça en quelque sorte lidentification de lobjet au sens où il sagit du déclin de son identité ; et on voit très bien ce que ça veut dire : quand on décline cette identité de lobjet, cette identité décline aussi sec. Et la tautologie initiale « a est a » dont on se souvient que Wittgenstein dit que cest un coup de force dénué de sens, c est proprement ce qui institue le sens, car il passe quelque chose là-dedans, cest-à-dire que dans le « a est a », a se présente tout dabord comme le support indifférencié tout à fait potentiel de tout ce qui peut lui arriver comme détermination. Mais dès quune détermination effective lui est donnée, dès que cest dexistence quil sagit et pas du nimporte quoi de toutes ses déterminations possibles, alors précisément il y a une sorte de transmission de pouvoir, cest-à-dire que ce qui devait faire fonction de support, en loccurrence ce a indéterminé, ce a potentiel, est en quelque sorte marqué par le fait qu il y a de lêtre tout dun coup qui sintercale entre lui et lui-même, cest-à-dire que lui-même se répète, et il se répète sous la forme dun prédicat ; cest-à-dire quil y a une espèce damoindrissement, et cet amoindrissement se symbolise par ceci que dans « a est a », le a qui avait fonction de support tout dun coup se voit lui-même supporté par quelque chose de lordre de lêtre qui le supporte, qui le dépasse, qui lenglobe, et lui-même nest dans cette relation que ce qui prédique la prédication en tant que la prédication, cest ce que supporte lêtre. Sur ceci je vais revenir
Jacques Lacan Dailleurs chacun sait que « La guerre est la guerre » nest pas une tautologie, non plus que « un sou est un sou » !
François Récanati Exactement. Je vais revenir là-dessus parce que cest à peu près le nerf de toute laffaire et que je voudrais parler cest de ça que je crains de navoir pas le temps de le faire de la logique de Port-Royal 37, parce que cest une théorie de la substance, justement, et quil a été dit la dernière fois quon ne se réfère pas ici à aucune substance. Mais jy viendrai tout à lheure. Quon sache simplement que la répétition effectivement, la première, répète lindétermination initiale de cet objet qui se donne comme potentiel, mais quen répétant cette indétermination, lindétermination se trouve soudain déterminée dune certaine façon ; c est-à-dire quon peut bien poser que la répétition du vide ou la répétition de limpossible, enfin que ce type de répétition de quelque chose qui nest pas donné et quil faut donc produire dans le temps quon voudrait le répéter, on peut bien poser que cest limpossible, et cest ce que dit à peu près tout le monde, mais il suffit que ce soit impossible pour quil y ait quelque chose là dassuré, et que cette assurance permette justement une répétition, cest dailleurs une deuxième répétition.
Plutôt que de métaler là-dessus, je cite cette phrase de Kierkegaard : « La seule chose qui se répète, cest limpossibilité de la répétition». Ça fait très bien voir ce qu il en est, et ça fait le joint avec ce que javais dit lannée dernière de la triade qui supporte toute répétition, la triade objet representamen interprétant. Cest-à-dire quentre lobjet et le representamen on change en quelque sorte despace, ou au moins il y a quelque chose comme un trou qui fait justement lobjet et le representamen inapprochables dans cette relation. Mais ce trou, en tant quil insiste, ceci permet de fonder une vraie répétition dans ce sens que le coup daprès, il y a quelque chose qui va incarner ce trou qui sera linterprétant, et qui pourra en quelque sorte répéter de deux façons ce qui passait entre lobjet et le representamen : dune part linscrire en disant : « il y avait du trou » et en permettant que cette impossibilité ou ce trou, ça se répète. Mais dautre part il va non pas seulement le signifier mais le répéter parce que, entre limpossibilité de départ qui passait entre lobjet et le representamen et son signifiant qui est linterprétant, il y a le même rapport impossible quil y avait justement entre lobjet et le representamen ; cest-à-dire quil faudra un deuxième interprétant pour prendre en charge la répétition de cette impossibilité.
Dans linterprétant, il y a quelque chose comme leffectuation dune impossibilité jusque là potentielle, et limpossibilité inscrite par linterprétant, cest disons le premier terme de cette existence dont le zéro potentiel était porteur, au sens où de quelque manière, le tout conduit au « il existe » et jy reviendrai également.
Ce qui est important, cest que limpossibilité du rapport objet/representamen se donne comme telle pour linterprétant. Linterprétant dit : « Ça, cest impossible » mais, dans la mesure où elle se donne pour linterprétant comme telle, dès que linterprétant lui-même se donne pour un autre interprétant, cest alors que cette impossibilité est vraiment un terme, terme fondateur dune série. Cest-à-dire que ça permet au nouvel interprétant dassurer quelque chose de solide, comme si cette solidité, cétait linterprétant premier qui lavait fondée à partir de quelque chose originairement fluide.
Ce qui échappait dans le rapport objet/representamen, ça vient semprisonner dans linterprétant. Mais on voit bien, et je lai déjà dit, que ce qui semprisonne dans linterprétant et ce qui échappait dans le rapport objet/representamen, ce nest pas exactement la même chose, puisque précisément ce qui échappait dans le rapport objet/representamen, ça continue à échapper dans le rapport entre ce rapport et linterprétant. Cest-à-dire que de toute façon, il y a le même décalage, la même inadéquation. Et cest bien limpossibilité de la répétition sur laquelle je vais maintenant appuyer un peu, qui produit ce qui se passe et quon peut constater, cest-à-dire la répétition de limpossibilité.
Ce qui institue le décalage, ce décalage doù sorigine la répétition, cest limpossibilité pour quelque chose dêtre à la fois ce quelque chose et en même temps de linscrire. Cest-à-dire que lexistence de quelque chose ne sinscrit que pour autre chose et, par suite, ça ne sinscrit que quand cest autre chose qui est donné. Et si tant est que cest dexistence ponctuelle quil sagit, lexistence de quelque chose ne sinscrit quau moment où elle décline justement, du moment où cest dune autre existence quil est question.
Cette disjonction, cest à peu près ce qui passe entre lêtre et lêtre prédiqué, et jespère avoir le temps darriver jusquà la logique de Port-Royal qui était théoriquement le noyau de mon exposé, mais cest douteux.
Vous vous souvenez que la dernière fois, Lacan a caractérisé lêtre comme étant section de prédicat. Et cest à proprement parler de cela quil est question. Et tout de suite je vais donner quelques réflexions sur ne fut-ce que cette formule : section de prédicat qui fait sentir immédiatement la récurrence où se construit ce qui justement est supposé supporter tout prédicat, cest-à-dire lêtre, ce qui supporte les prédicats avant, ça se donne après les prédicats. Et dune certaine manière, sil y a section de prédicat pour trouver lêtre, ça veut dire que ce qui supporte les prédicats, cest ce qui nest pas dans les prédicats. Cest justement ce qui est absent des prédicats, ce qui est absent dans la prédication.
Cest donc labsence dêtre, dune certaine manière, qui porte les prédicats, ce qui implique aussi et de façon un peu indirecte que les prédicats ne sont eux-mêmes prédicats que de cette absence.
Que le prédicat puisse être coupé, cest comme si en quelque sorte il y avait déjà une partition élémentaire, comme si une ligne était donnée en pointillé, une frontière et quil suffit de découper comme dans certains emballages.
Jacques Lacan Articulez bien la notion de section de prédicat puisque cest ce que vous avez accroché dans ce que jai laissé, et jai juste presque achoppé là-dessus.
François Récanati La section de prédicat, cest proprement le noyau de mon exposé. On peut imaginer ça comme une vibration, cest-à-dire que cest à partir dune espèce de halo que je vais essayer, en faisant le tour véritablement, de cerner ce noyau qui va apparaître dans tous les exemples que je vais donner.
Section de prédicat, cest donc comme si ça pouvait être coupé. Je n insiste pas là-dessus, sinon quil est évident que ce nest pas davoir coupé la coupure quon va retrouver linsécable, et que la frontière, une fois quon a tailladé dedans, elle insiste d autant plus quelle se manifeste comme trou.
Disons que la section, pour prendre les sens qui viennent, cest aussi bien faire deux de ce qui était un, et si je signale ce sens qui nest pas ce qui se reçoit ici, cest parce que cest celui que Groddeck donne à un de ses concepts, qui sappelle justement la sexion, cest-à-dire que ça nest pas sans intéresser le sexe, dune certaine manière. Et ça, cest la manière pour Groddeck de faire référence à Platon et quand je dis Platon, il ne sagit pas du Parménide mais du Banquet. Vous vous souvenez que, dans le discours dAristophane, est soulevé le problème de ce mythe de landrogyne originaire qui aurait été coupé en deux. Çaurait été ça, la sexion avec un x.
Or, ce sur quoi je voudrais insister, cest sur quelque chose qui ressort très bien du Banquet, non pas spécifiquement du discours dAristophane mais un peu de tous les discours, même ceux qui sont supposés contradictoires, et je vais ne prendre que deux exemples : le discours de Diotime dune part, celui dAristophane de lautre. Et le Banquet, ça porte sur lamour.
Lamour, dit Diotime, cest ce qui, partout où il y a du deux, fait office de frontière, de milieu, dintermédiaire, cest-à-dire dinterprétant. Quand je dis « interprétant », cest parce quon peut très bien traduire comme ça le mot que Platon emploie, qui est un mot dérivé de mantiké, qui veut dire linterprétation et Platon dit que ce mot vient de maniké qui veut dire le délire. Cest ce qui fait office dinterprétant. Mais le seul intérêt de cette formule parce que somme toute, personne dans lassemblée du Banquet ne la conteste cest ce qui permet de sen suivre ceci que lamour en aucun cas ne saurait être beau, parce que ce qui se pose comme objet de lamour, ce qui comme série tombe sous le coup de lamour, lamour étant comme une marque qui fait défiler, qui instaure une espèce de couloir où une série dobjets va passer, les objets quil a marqués, lamour ne peut pas être beau parce que ses objets sont beaux, et il est dit quen aucun cas, ce qui est lagent dune série, linstance même de la série ou le terme ultime de série, ce qui chapeaute une série ne peut avoir les mêmes caractères que les objets qui sont dans cette sériation ; c est-à-dire que les objets de lamour sont beaux, lamour ne peut pas être beau. Cest là à proprement parler un caractère de cette instance de sériation, un caractère de linterprétant que personne, parmi les polémistes présents dans lassemblée du Banquet, ne remet en question.
Et on peut voir assez facilement le rapport quil y a avec Aristophane, même si ça paraît plus lointain, cest que quand il dit quà lorigine, les hommes avaient quatre jambes, quatre bras, deux visages et deux sexes, ils devenaient un peu trop arrogants parce quils navaient plus vraiment de désir ; il ne leur manquait pas grand chose ; alors Zeus a décidé de les couper en deux pour quils deviennent humiliés. Mais ce qua dit Zeus, cest que ça ne compte pas, une coupure, sil ny a pas des effets de coupure, cest-à-dire que si la coupure est ponctuelle et quaprès ça continue comme avant, ça ne sert à rien. Alors ce quil a voulu, cest que ça reste, quil y ait un effet ; et pour cela, il a tourné les visages, qui étaient alors comme les sexes dans le dos (et l endroit de la coupure, cétait proprement le ventre puisquil y a le nombril qui est lindice de la coupure) il a décidé de tourner les visages du côté du nombril, pour que les hommes sen souviennent, de cette coupure ; et puis pendant quil y était, il a tourné les sexes également, pour quils puissent essayer de se recoller et que ça les occupe.
Mais limportant et ce pourquoi jai déroulé tout ça, en rapport avec le discours de Diotime, cest que le résultat de toute cette opération, qui peut apparaître dérisoire, cest simplement que lhomme, on lui a tourné le visage, il ne peut plus regarder derrière lui, il ne voit plus quen avant, il voit seulement ce qui le précède. Est-ce quon voit bien que cest précisément également ce que dit Diotime, cest-à-dire que cest ça la fin de tout, cest-à-dire la fin du tout en tant quà toute série, il manquera le terme ultime de la sériation, le point de vue, ce doù la sériation se construit.
Jacques Lacan Cest bien ce que je disais tout à lheure : quil ne voit pas lencore.
François Récanati Ce que je viens là disoler à partir de deux discours, on va le retrouver comme deux points très liés à propos des ordinaux.
Ce qui fait lordinal, on vous la déjà dit, cest quelque chose de lordre dun nom de nom. Et on va voir plus précisément de quoi il retourne, en ce sens que lordinal, cest un nom, mais si cest un nom, la fonction de ce mot, cest de nommer quelque chose qui nest pas, justement, son propre nom ; cest en quelque sorte le nom second de ce qui précède, du nom qui précède et qui, comme nom lui-même, est bien un nom, mais ne sert quà nommer quelque chose qui précède etc.. Voilà le rapport avec Aristophane ; je ninsiste pas.
Il y a un problème qui va se poser tout de suite, et je tâcherai de laborder, cest que le premier ordinal, lui nest pas vraiment un nom de nom, parce quil ny a pas de nom qui le précède, si tant est quil soit le premier. Cest pourquoi jai écrit à côté le « nom du nom » parce que cest ça le premier ordinal. Et je dirai même : si cest cela qui se passe au début, cest à cause de ça quaprès il y a du nom de nom, parce que justement, dès lors quon donne un nom à ce qui nen a pas, cest dans lidentification justement quelque chose comme le déclin de lidentité en ce sens quon en dit un peu plus, et que ce plus quon dit, il va falloir lui-même non pas tant le résorber mais lidentifier, lui donner un nom et, à partir de là, cest le décalage infini. Nommer, en général, cest faire le point de ce qui précède dans la série. Mais le point, en tant que lui-même fonctionne comme nom, précède quelque chose à venir également, et ce quelque chose à venir, si on le considère absolument, ce qui est toujours à venir, ce sera ce quon pourrait appeler l«encore » qui lui, ne précède rien qui ne soit lui-même, cest-à-dire ne détient pas de nom, innommable de ce fait. On voit que de ce point de vue là, ce que jappelle lencore, cest lindex de linfini.
Et dautre part, on peut dire que linfini est déjà là ; il est donné dès le départ dans lhomonymie du nom et du non. Cest-à-dire que le nom, cest quelque chose comme la propagation du non plus radical qui, avant toute nomination, dans linstant de toute nomination, se donne comme quelque chose dinfini. On voit donc quelque chose se détacher comme deux bornes, le non dune part et lencore, et lordination, cest ce qui passe entre les deux. Cest-à-dire que ce qui va mintéresser et on peut voir le rapport de ceci avec la section de prédicat cest-à-dire avec cette expression et cette récurrence cest le rapport entre les deux.
Le système de la nomination en général, vous voyez à peu près comment on peut lappréhender : cest lenrobage dun impossible de départ, enrobage qui justement dans ce rapport à l impossible, ne se soutient que de lencore comme indice de cette transcendance de limpossible par rapport à tout enrobage. Et si limpossible, cest ce qui dit non (ce qui nest pas évident et je regrette de navoir pas le temps de développer ce point) il faudra lentendre à peu près comme une dénégation radicale, en tant que la dénégation, cest quelque chose qui est déjà infini. Cest-à-dire que, en tant que cest déjà infini, la dénégation se moque pas mal de ce qui arrive, en quelque sorte, derrière elle, ce quelle supporte, cest-à-dire tout le jeu de prédication, tout le jeu dobjectivation prédicative qui prend la dénégation par exemple pour la nier, en disant non ou en disant oui. Ça ne donne jamais de oui. La dénégation reste intacte, avec des petits jeux qui se passent sur son corps, pourrait-on dire. Et alors, ce nest même pas pour linfini de la dénégation, une chatouille.
Alors ceci nous amène à penser cest une parenthèse que même si ce que jai appelé la manipulation logique sur fond dinfini, ça devient infini à son tour, ça ne veut pas dire quon va guérir linfini à coup dinfini et que ça va donner tout dun coup du fini ou quelque chose comme du oui. Au contraire, ça va devenir pire en ce sens que ce qui, dans la nomination, peut devenir infini, ce nest pas la même chose que ce qui est déjà là comme infini dans ce que jappelle cette dénégation initiale, en ce sens que ce qui, dans la manipulation logique, vient comme infini, cest la nomination de linfini, et que ce qui est déjà là comme dénégation infinie, cest ce qui infinitise toute nomination. Cest linfini de la nomination. Ce qui fait que la nomination de linfini, elle sera une nomination comme les autres, cest-à-dire quelle sera aussi bien sujette à cette infinitisation qui est déjà là, qui part dune source qui est au début. Cest-à-dire que ça ne va rien changer et quon peut poser quelque chose comme oméga, le plus petit ordinal infini, ça ne va pas sarrêter là, ça continue dans lensemble des parties doméga, dans les alephs etc..
Dès lors que linfini est donné dans cette position là, il faut que l infini lui-même soit infini, cest-à-dire quon continue ces passages dinfini à linfini, etc., quon continue « encore». Comme si ce qui veut satteindre dans cette histoire, cest précisément lencore lui-même.
Lencore a donné comme la limite de lextension de ce non radical dont jai parlé, et je vais maintenant parler du rapport entre le non radical et lencore, puisque cest à ça que va mintroduire rétroactivement ce sur quoi je vais revenir, cest-à-dire la section de prédicat.
La section de prédicat, on le voit immédiatement, cest à la fois ce quil y a après toute prédication, cest-à-dire une fois quon peut dire « il ny en a plus, des prédicats » et cest aussi bien ce qui, avant toute prédication, la supporte. Mais ce quil faut comprendre, cest que cet avant et cet après, cest la même chose, cest-à-dire que cest ce qui constitue, ce qui soutient la prédication comme lenrobage dune impossibilité, cette impossibilité quil faut comprendre comme limpossibilité même de la prédication, cest-à-dire limpossibilité de fournir tous les prédicats, de les mettre ensemble, sans quau-moins un se détache comme représentant dans limpossibilité, dans lexistence limpossibilité ou si lon veut lencore.
Plus précisément quant aux ordinaux, lordinal nomme le nom de celui qui le précède. Cela veut dire deux choses : quun ordinal ne se nomme pas lui-même mais est nommé par son successeur, et qu à chaque ordinal appartient la sommation mécanique de tous ceux qui le précèdent. Puisquun ordinal nomme son précédent, son précédent nomme son précédent etc., cest-à-dire quil y a accrochée à chaque ordinal la série de tous les ordinaux qui l ont précédé.
Or, déjà ces deux points impliquent une discordance essentielle entre le nom et le nom de non, et cest ce que jappellerai un effet décrasement.
Ce qui vient identifier le zéro par exemple, dans une définition du zéro, comme quelque chose comme lélément unique de lensemble identique à zéro, ou pour lensemble vide on peut très bien dire : ce qui est élément unique de lensemble de ses parties, ou simplement cet ensemble de ses parties dont il est lélément qu il vient identifier proprement, ceci se donne comme prédicat du zéro. Or, on voit bien que dans ce prédicat, il y a quelque chose en plus qui est donné, en plus que lensemble vide, en plus que le zéro. Et cest tellement tangible. La preuve en est que justement le zéro et le un qui nest censé être autre que lidentification du zéro, ça fait justement deux.
On voit quon change de niveau, que ça na aucun rapport, que ça ne se situe pas il y a un décalage, on passe dun niveau à un niveau supérieur. Mais ce qui est remarquable, cest que ce zéro et ce un qui nont rien à voir, qui ne se situent pas au même niveau, on les met ensemble comme les éléments de ce nouvel ensemble constitué par lordinal deux. Zéro et un, ça fait deux justement au sens où le zéro et le un sont en quelque sorte nivelés, mis sur un même plan dans le deux. Et pour le deux lui-même, lopération va se répéter dans ce passage du deux au trois etc..
Le representamen na là avec l objet pas de rapport possible, et cest toujours ce cursus de linterprétant qui intervient, cest-à-dire que c est incarné par quelque chose, et dans la mesure où cest incarné, où le quelque chose qui échappe est bridé, il resurgit également juste après cette incarnation.
On peut prendre la formule dun ordinal pour mieux voir ce dont il est question.
Jacques Lacan Rendez-le à Cantor quand même !
François Récanati Voici la formule quon peut considérer comme la formule du 4.
Dans cette formule, que se passe-t-il ? On sait que cest le terme ultime de cette série qui compte. On voit que dans le 4, ce qui est répété, cest le 3. Et on voit que le 3 répète lui-même le 2, qui lui-même répète le 1, qui lui-même répète le 0.
Mais ce qui est important, cest que le 4 nest pas seulement la mise entre parenthèses, la nomination du 3 qui lui-même met entre parenthèses et nomme le 2 etc.. Ce nest pas seulement lexposition, même répétitive, cest-à-dire avec des parenthèses en plus, de ce qui déjà se donnait dans le 3. Cest la mise dans un même ensemble du 3 déjà comme écrasement, comme ensemblisation de termes hétérogènes, cest-à-dire la même chose que dans le 2, le fait quil y ait le 0 et le 1 qui soient mis absolument sur le même plan ; dans le 3, cest déjà un écrasement du 0, du 1 et du 2, cest-à-dire quon le s met dans un même ensemble. Et le 4, cest ici précisément la mise en rapport dans un même ensemble du 3 comme écrasement, comme cette ensemblisation forcée, avec les éléments que le 3 a écrasés, séparés du 3, hors du 3. Cest-à-dire que cest une répétition. On voit que la partie de gauche et la partie de droite. Cest la même chose, à part qu à droite, il y a des parenthèses en plus. Cest ici (entre 2 et 3) quil y a comme une barre de clivage, ce qui me permet de dire quon peut voir dans cette formule que si le 3 déjà est la désignation de ce qui sest passé, dun passage-écrasement, entre le 0 et le 1, et du 0 et du 1 au 2, si le 3 est déjà cet écrasement, cest-à-dire une manière de désigner ce qui sest passé dune rupture avant, dune rupture qui est précisément le passage du 0 au 1, dune rupture cest-à-dire dun éclatement des parties de ce qui déjà se donnait comme ensemble, on voit que ce qui se désigne dans la formule du 4, cest précisément cette désignation même, en tant quon peut voir exposés sur le même plan dune part toutes les parties de ce qui forme le 3, et dautre part le 3 lui-même. Cest-à-dire que lécrasement lui-même, le fait de mettre des parenthèses en plus, ce nest pas suffisant comme résultat pour laisser prégnant ce passage du 0 à son écrasement dans le 1, du 1 à son écrasement dans le 2 etc. le 2 ou le 1 comme résultat nexprimant plus ce passage. Il faut que dans lensemble constitué par le 4 soient présents à la fois les termes séparés des différents passages et la série des passages-écrasements, pour que le 4, comme nomination de tous ces passages impossibles mais effectifs, prenne en charge dans sa propre formule lhistoire de la progression quon voit ici répétée, cest-à-dire laisse ouvert ce qui se pose comme question, comme irrésolution dans ce mouvement, cest-à-dire linsistance dans cette course de ce qui, à travers les différentes limites successives qui font en quelque sorte opposition au passage du 0 au 1, du 1 au 2 etc., linsistance à travers ces limites successives de ce qui se donne comme limite absolue et qui serait lencore.
Et si le 4, comme écrasement totalitaire, cest-à-dire comme sommation de tout ce qui sest passé avant lui, de tous les écrasements impuissants à sachever, si le 4 laisse ouverte cet te question, cest bien parce que lui-même, en tant quécrasement, répondant à cette faille qui appelle une fermeture impossible, il ne peut à son tour que sécraser encore, cest-à-dire reproduire la faille, nommément dans la nouvelle formule qui linclut comme élément, et cest-à-dire le 5, et qui pour ce faire le confronte à tous les éléments quil contient, mis à côté de lui, pour faire surgir entre tous ces éléments et leur écrasement dans le 1 limpossible identité.
Il suffirait donc de répéter tout ce quil y a là ici et de remettre les parenthèses pour obtenir le 5.
Limpossible identité, cest ce qui se répète à chaque nouvel écrasement avec ceci que dans la suite, dans la confrontation, à lintérieur du 4, du 3 constitué et de tous ses éléments, cest déjà les écrasements qui sécrasent encore un peu, alors que le paradigme de lécrasement, on peut le trouver au début dans le passage du 0 au 1 et, cet écrasement, il faut le comprendre de façon tout à fait concrète, comme celui dIcare, cest-à-dire quil y a quelque chose qui prend son vol et qui sécrase misérablement, et qui ne sécrase pas dans le trou qui devait être survolé, qui sécrase sur la falaise de lautre côté en quelque sorte.
On peut considérer quentre un ordinal et un autre, ou plutôt entre le rien de lensemble vide et son inscription dans le 1, il y a quelque chose comme une barrière, une frontière, ou bien un trou. Mais ce trou, on ne peut pas latteindre, exactement dans le sens où, comme le rappelait Lacan la dernière fois, comme dans le cas dAchille, on peut dépasser ça mais on ne peut pas latteindre. Si une fois quun écrasement est donné, il se répète, cest justement parce que ce qui se pose comme frontière na pas été atteint ; elle est toujours là, cette frontière, existante. On nest jamais dans lentre-deux, lentre deux ordinaux, mais toujours dans lun ou dans lautre, lun étant lensemble qui prend en charge mais nest pas soi-même compté, et lautre étant ce qui prend lensemble premier mais nest toujours pas lui-même compté.
Cest dire que la limite dont je parle et qui satomise et qui se fragmente en une série de frontières quon ne peut jamais atteindre et qui donc se reproduit, se pose comme limite absolue, cest donc le tout, le tout cest-à-dire le quelque chose qui se soutient tout seul, qui na pas besoin dautre chose et qui est pour la philosophie la substance, ou encore la substance des substances, cest-à-dire lêtre.
Cette limite insiste comme toujours ailleurs, et le passage qui la manifeste comme trou, entre quelque chose et son support, ce passage pas un instant ne peut être saisi comme entre deux. On le voit en ce qui concerne le passage du fini à linfini par exemple car, comme je lai dit, on peut poser le plus petit ordinal infini. Néanmoins, cela ne se présente pas de façon harmonieuse comme précédé justement du plus grand fini ou précédé de quelque chose de fini, parce que cet infini ne serait dès lors que du fini plus un. Entre les deux, il y a véritablement ce trou qui na pas pu être atteint, et qui se répète dès lors dans linfinitisation des infinis.
Cela dit, cette insistance de la limite en tant quelle est exclue, en tant quelle existe, plus exactement, ça ne fait pas quexprimer quil y a un fossé entre le 0 et le 1, mais cest bien plutôt leur écrasement dans le 2 qui implique une certaine méconnaissance de ce fossé, un refus véritablement, quelque chose qui ressemble à un déni ou à une dénégation cest-à-dire quelque chose qui participe de ces procédés inconscients qui définit la logique formelle dune certaine façon puisquils mettent en uvre linfini, et que mettre en uvre linfini, cest véritablement désarmer la plupart des procédés de la logique.
Je cite un exemple que jai lu dans un article récent sur les mathématiques modernes où il était dit que dans une classe décole, quand on demande un exemple densemble infini, il nest jamais répondu par quelque chose comme « les entiers » ; il nest jamais répondu numériquement, mais toujours par un ensemble fini, un grand ensemble fini comme « les cailloux de la terre » ou quelque chose comme ça. Ça montre bien que pour ce qui est justement du nombre, il y a quelque chose qui fait croire que ça peut sarrêter, et en même temps cest très juste, parce que ça narrête pas de sarrêter. Mais si je dis « ça narrête pas de sarrêter », cest bien ça, cest-à-dire que ça narrêtera jamais de sarrêter.
La limite dont jai parlé, on peut la concevoir en analogie avec la mort, avec le silence, et je regrette de navoir pas beaucoup le temps de le développer, mais en général cest ce vers quoi converge le discours ; cest-à-dire que la répétition, cest le representamen de la mort. Et je voudrais montrer, en prenant un minimum dexemples, que dans le rêve par exemple, on la déjà dit, il y a quelque chose qui se manifeste comme équation du désir = 0. Mais cette équation du désir, elle est en plus, elle est en retrait. Cest celui qui interprète le rêve qui dit : « c est léquation du désir » qui se débrouille pour faire zéro. Le rêve lui-même, il est dans du zéro, cest-à-dire que ça séquilibre.
En même temps « équation du désir = 0 », ça ne sarrête évidemment pas là. Ça ne peut pas sarrêter là, parce que le rêve, justement, continue à produire des énoncés ; ça continue à parler. Et bien sûr, ça voudrait bien être égal à zéro, mais il faudrait pour ça que ça se taise, ce qui nest pas le cas.
Or, le zéro, sil est inséré dans cette équation, équation du désir = 0, ça signifie quil est supporté, quil est désigné par léquation qui le produit comme ce à quoi elle aboutit.
Or, le fait quil soit désigné, quil soit supporté, cest proprement la transformation déjà de ce 0 en 1. Le 0, quand on lui met des accolades, ça devient du 1. Or, cest précisément la tâche de linterprétation que de rendre sensible, dans ce 0, le 1 dont il est porteur, le 1 dont en tant que le 0 se manifeste, en tant quil est désigné, cest alors quil se produit à partir du 1. Et on peut comprendre comment il se fait que linterprétation soit comme un wagon rajouté à une équation déjà donnée, cest que précisément, le rêve lui-même cest le terme ultime de la série ; cest par exemple le 1. Mais quand on est dans le 1, le 1 porte tout entier, il est focalisé sur ce 0 quil inscrit, et sil fait lui-même 1, c est pour autre chose, cest-à-dire pour la venue de quelque chose dautre qui arrive dans linterprétation ; ce qui se donne comme résistance à linterprétation du rêve dans une analyse, cette espèce d ennui à parler dun rêve, comme si cétait déjà pas mal tel quel, comme si tel quel cétait bien, et comme sil ne faut rien y rajouter, ça a à voir avec la barre résistante à la signification qui est censée séparer le signifiant du signifié.
A se laisser garder, dans la mesure où il est question dinterprétation, par Pierce plutôt (sil y a une opposition entre eux) que par Saussure, il faut bien se souvenir que le signifié dont on parle, ce nest pas autre chose que du signifiant, mais dans une série, au sens où précisément il y a des fonctions dans cette série, des rôles qui séchangent, et quon peut dire queffectivement il y a un rôle de signifié par rapport à un rôle de signifiant ; mais le signifié, cest un signifiant plongé dans linterprétation au sens de Pierce, et qui se trouve en quelque sorte écrasé, minimisé, amoindri, singularisé dans le surgissement dun autre signifiant, surgissement dun autre qui permet, par cette confrontation qui est la même quon voit ici, de comprendre quon a affaire à des unités dun autre ensemble, à des éléments dun ensemble plus large. Et cet écrasement a lieu sans que ce qui fait trou entre les deux, dans le surgissement de ce nouveau signifiant entre les deux signifiants, soit à proprement parler produit, mais cest dans la répétition de ce phénomène, dans son caractère infini quest donné quelque chose comme la limite de linterprétation ; et la limite de linterprétation ou de la signification pour Pierce, cest la béance du potentiel, cest-à-dire quelque chose quil faut mettre en rapport avec le sujet et, quitte à le mettre en rapport avec quelque chose, on peut également voir sil est en liaison avec ce qu on appelle lensemble de tous les ensembles. Parce que lensemble de tous les ensembles peut-être précisément c est ce potentiel infiniment silencieux dont parle Pierce et qui se trouve au début et à la fin de toute série. Dire quil nexiste pas, cest aussi bien dire quil existe comme limite de toute inscription, et aussi bien comme grain de sable dans la machinerie de toute équation qui veut ségaler à zéro, car dans le temps de cet « égal à 0 » le zéro se produit comme ce terme, et dès lors il peut être confronté à quelque chose d autre quon prendrait dans léquation qui lui a donné naissance, et qui le singulariserait dans un autre ensemble plus général où il figurait à titre dun élément.
Si je dis cela, cest parce que jai entendu, il n y a pas longtemps, un analyste déclarer que la plupart du temps, les futurs analysants viennent le voir pour un entretien préliminaire dès lors quil sest passé quelque chose cest-à-dire dès lors quun grain de sable, un petit quelque chose de rien du tout est venu enrayer, est venu rendre insupportable une économie jusque là très bien supportée. Or ce grain de sable, ce nest pas autre chose que ce 1 dont jai parlé, cest-à-dire quil se constitue de la prise en compte globale de cette équation, de cette économie très satisfaisante dans leur extrême singularité qui nest pas rien, c est-à-dire en opposition à quelque chose dautre, quelque chose quon peut éventuellement prendre au dedans de cette équation, et singulariser cest-à-dire poser comme actuellement en face de léquation toute entière.
Il suffit quun seul trait de léquation soit produit isolément pour quil brise léquilibre de léquation elle-même qui était un équilibre de repli sur soi-même et pour quil fonctionne comme grain de sable. Il suffit dun léger glissement (je ne peux pas ici citer d exemples et cest dommage car cela paraît extrêmement bien) dun changement de niveau tout à fait dérisoire, cest-à-dire dun transport, dun transport de ce qui se donne comme équation dans quelque chose dautre, où il y a dautres éléments qui sont en jeu pour que cette équation satisfaite delle-même, cet ensemble fermé, devienne tout dun coup autre chose, cest-à-dire pour quon se rende compte quil peut aussi bien fonctionner comme un élément dun autre ensemble, comme partie dun autre ensemble qui peut précisément être lensemble de ses parties comme ici on le voit, cest-à-dire comme un élément dun ensemble où le tout de léquation précédente figure à côté de nimporte quoi, à côté de nimporte quel trait et au même titre que lensemble vide par exemple.
Il nest pas de tout qui ne puisse être ravalé, être éclaté au rang de singularité élémentaire dans quelque chose qui se donne comme un ensemble plus grand, cest-à-dire lensemble de ses parties. Et cette singularité, dès lors quelle se donne, précisément dans un instant de flottement, appelle aussi bien lécrasement, le nivellement dans un nouvel ensemble, qui lui garantit, à elle, cette nouvelle singularité, une place en propre, une fonction, quelque chose comme un emploi.
Le passage dun ensemble à lensemble de ses parties, cest donc la débandade de tout. Mais cette débandade prend des formes singulières, dès lors quelle na lieu, quil ne se produit déparpillement que pour reformer un nouveau tout, que pour se récraser immédiatement dans un nouveau tout, cest-à-dire pour que ce qui séparpille se reconsolide, mais de manière qui ne revient pas au point de départ mais suivant une progression, se consolide dans autre chose qui cette fois forme un ensemble compact.
Peut-être en définitive la victoire va à léparpillement en ce sens que si limpossibilité de la répétition peut se répéter, limpossibilité de la totalisation ne peut pas, elle, se totaliser, puisque si lon prend lensemble de tous ces tout dont la totalisation est rompue par leur fractionnement dans lensemble de leurs parties, si véritablement cet ensemble se constitue de tous ces tout comme de ses parties, alors il subit le même destin, cest-à-dire que lui-même peut se fractionner, ce qui implique que jamais tous ces tout ne pourront se totaliser, sinon ce serait autre chose que lensemble de ses parties, autre chose que ce que lon connaît dune totalisation ou dun écrasement possibles.
On voit que les ruptures densembles ça conduit à la constitution de nouveaux ensembles, à lécrasement, et ces nouveaux ensembles tendent, eux aussi, vers la rupture, ce qui permet de dire quen définitive et je ninsisterai pas là-dessus quoique ce soit important tout est une question de rythmes. À un niveau tant soit peu général, il nest de système que de rupture, et je regrette aussi de ne pas pouvoir métaler un peu là-dessus, mais ce fut une des erreurs du linguicisme contemporain de postuler quelque chose comme une régulation intra-systématique dans un ensemble, sans la poser fonction de quelque chose qui participe à un ordre, fonction dune limite exclue.
Jacques Lacan Fonction dune ?
François Récanati Fonction dune limite exclue.
Quelque chose comme linterprétation de Pierce a été perçu en linguistique comme seulement une partie de ce que pour Pierce est linterprétation, cest-à-dire la possibilité par exemple dans un système de passer dun signifiant à un autre, alors que ce sur quoi cette opération élémentaire fait fond, cest sur un travail sémiotique plus essentiel je ne fais que le mentionner qui est précisément, pour un même signifiant ou pour un même ensemble de signifiants, le passage dun système à un autre de type différent. Il y a là quelque chose comme la torsion, lécrasement du signifiant et au demeurant il suffit de regarder le rêve pour sapercevoir de ce que ça peut signifier ; cest-à-dire que la surdétermination doit se comprendre non pas seulement comme surdétermination sémantique dans un système, mais plus proprement comme surdétermination sémiotique, comme possibilité dun passage pour un même signifiant dun système à un autre, comme écrasement du signifiant.
La remarque dun tel processus, liée à quelque chose dautre qui est intéressant que je vais dire, on la trouve chez Bacon qui, à partir de ses réflexions sur le langage, a fondé un procédé de cryptographie.
Ce procédé consiste à passer dune lettre intérieure à une lettre extérieure et à faire le trajet dans les deux sens, cest-à-dire à sauter une frontière que ce passage met en relief. Je ne vais pas insister sur ce en quoi il y a changement de système chez Bacon, mais jen donne lexemple pour voir quelque chose qui est proprement ce qui déjà insistait dans cet exemple ici, quelque chose quon retrouve à tous les carrefours, qui est nommément quelque chose comme lomission des parenthèses, et qui permet justement le passage de la frontière, quelque chose qui a rapport avec la possibilité dune substitution de deux termes, cest-à-dire que, dans la substitution de deux termes, tout est fonction des parenthèses ; et si je me suis permis dignorer les parenthèses ou de changer la place des parenthèses ou des accolades, à ce moment là tout est possible. Cest dailleurs ce que reprochait Frege à Leibniz, ce quil lui reprochait davoir fait ; et cest ce quon retrouve chez Bacon dans son procédé cryptographique dont je vous donne lexemple.
A chaque lettre de lalphabet (latin en loccurrence c est-à-dire de 24 lettres) on fait correspondre un groupe de cinq lettres. Et ce groupe est formé uniquement de a et de b, selon une des 32 combinaisons possibles. Cest là le premier temps : cest une interprétation simple.
Dans le deuxième temps, cest le message quon va transformer par le biais de cette transposition ; le message qui est uniquement en a et en b va être retransformé en alphabet latin selon une autre interprétation, selon une autre loi de transformation.
Jacques Lacan ?
François Récanati La première opération est donc celle-ci. Maintenant, le phénomène essentiel du changement de système, quoique je ne pointe pas que ce soit précisément un changement de système, mais ce qui fait quil y a interprétation, cest quune fois quon a un message formé uniquement en a et en b par la transcription à partir de chacune des lettres dans ce tableau, on va retranscrire dans lalphabet originel latin, en prenant non pas chaque groupe de 5 a ou de 5 b, parce que ce serait proprement réeffectuer ce découpage quil sagit de masquer ; on va prendre chaque a et chaque b séparément, et chaque a et chaque b, comme ce sont les deux seules lettres dont est formé le message moyen, le message frontière, il pourra correspondre à chacun un nombre énorme de lettres de lalphabet latin. Si on prend un alphabet latin compliqué de majuscules et ditaliques, chaque lettre apparaissant en majuscule et majuscule italique, minuscule et minuscule italique, on aura 4 fois 24 lettres, et le a et le b auront chacun la moitié de ces lettres comme traduction possible. Cest-à-dire que la seule chose qui va compter, ce sera l ordre des lettres du message, dans la mesure où le décodeur sait quil faut couper le message en portions de 5.
Par exemple, on se donne une série ordonnée de manière très simple de a et de b, dans lordre, et on fait correspondre ensuite lalphabet à chaque a et à chaque b, ce qui fait quà chaque fois quon aura un a, on pourra mettre ce quon voudra qui lui correspond, et à chaque fois quon aura un b, ce sera la même chose. Lessentiel, ce sera la position des italiques et lordre général des lettres.
Ce qui sest passé entre les deux, cest justement quon a fait tomber ces parenthèses qui regroupaient les groupes de 5. On les a fait tomber, et cest là lessentiel. Cela dit, je regrette de navoir pas le temps de développer ce point.
Ce qui permet la rupture et léclatement dont jai parlé, cest donc la structure ouverte de lordination ; cest dailleurs ce fait que le terme, lagent de la série cest ce que je disais au début est absent de la série quil agence, cest-à-dire quil ny sera présent quun coup daprès. De cela, de cette absence naît la possibilité du décalage qui est la réobjectivation de la série toute entière.
Il est très sensible dans un récit de cas que le grain de sable dont nous avons parlé, sil manifeste un changement de niveau, cest que ce qui était proprement lagent totalisant de le formation précédente, cest-à-dire ce qui était les dernières parenthèses, en quelque sorte, de la formation précédant le grain de sable, cela devient un élément, cela est compté dans la série pour un nouvel agent totalisant. Cest-à-dire quil est clair que le point de fuite ou le point de chute dune formation en général, dune formation inconsciente par exemple, ce point est absent de la formation au niveau du désigné au niveau de ce quelle désigne, de ce quelle manifeste et de ce quelle met en scène. Cest-à-dire quil s agit, à partir du désigné, de faire cette remontée, de mettre en évidence ces parenthèses, en quelque sorte, qui sont là mais qui sont absentes.
Quon prenne un seul exemple qui est celui de ce rêve, où alors vraiment ça va de soi, commenté par Freud à lépoque où il cherchait partout des réalisations de désir où justement il y a une patiente qui lui amène sur un plateau un rêve où il ny a pas de désir apparent. On peut se casser la tête, on ne trouvera pas de désir, on ne trouvera pas d équation du désir, mais de réalisation de désir. Mais Freud, qui a très bien compris ce processus dit : « Justement, son désir, cest quil ny ait pas de désir dans le rêve, cest-à-dire que j aie tort». Ce qui montre bien que ce qui, dans le rêve, est présent, cest le zéro, le pas de désir, le pas déquation etc.. Mais tout ce zéro, il est encerclé dans des parenthèses, il est inséré dans lensemble plus général, comme une partie de cet ensemble qui représente le désir dans sa généralité. Cest-à-dire quil est supporté par un désir, et le désir, en tant quil a là la fonction de support, il est absent du désigné. Et cest à linterprétation de faire surgir ce 1 qui était à létat potentiel dans ce zéro.
Il y a quelque chose dans la rupture qui ne veut pas sachever, ce que j ai appelé la méconnaissance et qui conduit aux écrasements successifs. Et lécrasement, lui, ne peut pas sachever ; il ne peut pas être complet. Mais ce vers quoi tend le processus, puisque déjà jen ai un peu parlé, cest lécrasement. Lécrasement de tout ce qui peut se passer, cest-à-dire de toutes les ruptures, un écrasement complet qui délimiterait et qui achèverait la totalité des ruptures possibles ; lensemble de tous les ensembles, cest lensemble de tout ce qui peut produire, par rupture, un nouvel ensemble ; et sil est dit que tout ensemble, par rupture, donne naissance à un nouvel ensemble, alors lensemble de tous les ensembles se définit comme un possible.
Or justement ce qui est impossible, cest dencercler une rupture, de la mettre en boîte ; car dès que dune rupture se produit un nouvel ensemble, cest pour repousser, pour décaler la rupture qui, du nouvel ensemble va faire encore un autre.
La rupture nest jamais dans lensemble, même si lensemble ne tient que de vouloir encercler la rupture, et lensemble de tous les ensembles, celui qui engloberait la rupture, est impossible.
Après ces préliminaires, on peut dire que ce qui passe, puisque je reviens à mon point de départ qui était la question du « a est a », entre un sujet et lopération qui lobjective, le définit ou le limite dans la prédication, ça a partie liée avec la catégorie de ce qui se soutient soi-même.
Or, puisque ce qui soutient quelque chose nest soutenu que par autre chose, on vient de le voir, la catégorie de ce qui se soutient soi-même, il semble que ce soit impossible. Mais si cest impossible, cette impossibilité même peut avoir des effets sur la prédication, qui nest autre quun encerclement supporté par ce qui veut être encerclé. Et ça va de soi à regarder que quelque chose supporte son prédicat mais que le prédicat en même temps va essayer dencercler ça, de lier ce qui le supporte.
Ce quil y a de réel dans ces effets pourrait apparaître un peu nimporte où. Çaurait été sans doute plus attrayant de voir ce qui en apparaît par exemple dans luvre de Proust, mais enfin jai pris la logique de Port-Royal parce que cest précisément une théorie de la substance, une théorie de ce qui se soutient soi-même, et quune telle théorie ne peut fonctionner que, je pense, sur ce quon vient de voir, même si cest afin de reproduire sans cesse une méconnaissance.
Ce qui ma amené à la logique de Port-Royal, où on trouve un enchevêtrement de thèmes intéressants comme le signe, la prédication, la substance et lêtre, cest ce qui a été dit dune section de prédicat caractérisant lêtre, car dans la logique de Port-Royal, la prédication élémentaire « lhomme est » y est considérée comme la forme vide de toute prédication, comme si le prédicat était en loccurrence « pas de prédicat », imprédicable.
Il y a dans la logique de Port-Royal une série dobjets qui se prédiquent justement de ne pas se prédiquer ; et cela participait à la fois de leurs préoccupations jansénistes dune part et cartésiennes de lautre.
Je développe un peu cette question du prédicat et de la substance pour montrer que si on pousse un peu à bout ces concepts qui se trouvent une théorie de la substance, on obtient quelque chose qui est à peu près ce que jai dit avant.
Un prédicat, cest quelque chose dans lensemble qui est supporté par une chose, une substance, la substance étant ce qui se soutient soi-même.
La substance, cest ce que lon conçoit comme subsistant par soi-même et comme le sujet de tout ce que lon y conçoit.
Le prédicat, cest ce qui, étant conçu dans la chose et comme ne pouvant subsister sans elle, la détermine à être dune certaine façon et la fait nommer telle.
Ce sont deux définitions quon trouve au début. Or, déjà à partir de là il y a quelque chose qui va rater, il va y avoir un point dachoppement qui va être en quelque sorte produit par le langage courant.
Dans la logique, il est dit quun nom de substance, c est tout naturellement un substantif ou absolu, tandis quun nom de prédicat, cest un adjectif ou connotatif. Le problème qui se pose, cest quil y a des substantifs qui nont rien à voir avec les substances, apparemment, qui ne sont pas des choses, des substances comme la terre, le soleil, le feu, lesprit, qui sont les exemples donnés de substances dans la logique de Port-Royal. Cest-à-dire quà part ces substantifs dont je viens de parler, il y a aussi les noms qui expriment des qualités connotatives, cest-à-dire des noms qui participent de la prédication. Par exemple la rondeur.
Il est dit dune part : « lidée que jai de la rondeur me représente une manière dêtre ou un mode que je ne conçois pouvoir subsister naturellement sans la substance dont il est mode». Et tout de suite après, il est dit : « Les noms qui signifient premièrement et directement les modes parce quen cela ils ont quelque rapport avec la substance, sont aussi appelés substantifs et absolus, comme dureté, chaleur, justice, prudence».
Autrement dit, cest à partir dun point de détail assez dérisoire quon peut concevoir et ça se déroule dans la logique de Port-Royal que ce qui a tout dabord été mode, ou dans le discours prédicat, après avoir premièrement et directement été tel, il suffit dun certain décalage pour que ça devienne à son tour de la substance, la substance étant ce qui se soutient soi-même.
Or, ce décalage, il va falloir essayer de le cerner, et vous allez voir que ça a rapport avec lensemble des parties dun ensemble. Cest le passage par exemple dans le discours d un prédicat « rond » au substantif « rondeur». Or participent de la rondeur tous les objets qui peuvent être prédiqués ronds. Cest-à-dire que la rondeur, pour employer une autre expression, cest lextension du prédicat « rond». Et lextension du prédicat, ce nest pas un prédicat, cest une substance. Ce qui fait quà partir dune extension de prédicat, on obtient une substance et je vais creuser cette affaire vous voyez bien quune substance comme terre, soleil etc. cest-à-dire une collection de prédicats, cest un objet à quoi se rapportent une multiplicité de prédications possibles ; tandis quune extension de prédicat, cest proprement un prédicat qui se soutient de pouvoir être référé à une série dobjets possibles qui sont dès lors dans la position de prédiqués de prédicat ce qui fait quà partir dune extension de prédicat, on obtient une substance, ça a quelque chose à voir avec lensemble des parties dun ensemble, et nommément il est dit dans la logique de Port-Royal que labstraction, cest ce qui consiste à considérer les parties indépendamment du tout dont elles sont partie ; et il est dit que cest ainsi quon peut concevoir lattribut, cest-à-dire le prédicat, indépendamment de la substance singulière qui le supporte actuellement.
On part dun ensemble, une chose comme ensemble de prédicats, à qui appartiennent, mais inessentiellement donc ces prédicats ; on sépare les parties, les prédicats, de la chose, et à partir de là, de manière en quelque sorte magique, on peut considérer une nouvelle substance qui est ce par quoi les prédicats singuliers peuvent avoir rapport à lunité, indépendamment de toute relation actuelle à une substance singulière.
Il y a donc un processus qui, à partir du morcellement dune unité, conduit à une autre unité.
Il faut comprendre que ce qui se donne au début comme substance, cest-à-dire comme lobjet à quoi peuvent se rapporter une série de prédicats possibles, cest la même chose que le premier a du « a est a » ; cest quelque chose de potentiel, c est-à-dire que ça se donne comme le support de tout ce qui peut arriver comme prédication, support potentiel, cest-à-dire quil fonctionne au niveau du tout, au niveau du nimporte quoi ; mais dès que quelque chose est donné, dès quil existe du prédicat, le support potentiel part en fumée, cest-à-dire que dès quune parole actuelle est donnée, le support cesse dêtre sujet ; il est rapporté à son prédicat actuel, comme si lui-même nétait quun objet pertinent pour ce prédicat, ce prédicat sérigeant en extension de prédicat, cest-à-dire en valeur intrinsèque. Et cest le prédicat qui devient support, substance dans lextension, cest-à-dire quil y a une inversion des rôles.
Lextension de prédicat, cest un ensemble dobjets rapportés à un prédicat ; les objets prédiquent le prédicat. Alors que dans la substance potentielle, cétaient tous les prédicats possibles qui étaient rapportés à lobjet.
Or, ce qui passe entre ces deux types de substance, collection potentielle de prédicats et extension de prédicats, cest de lordre de ce quon a vu à propos des ordinaux. (Jaimerais bien que cela apparaisse tout seul).
La substance potentielle, cest un ensemble de prédicats ; et lextension de prédicat, cest un ensemble dobjets. On fait sortir de la substance potentielle un prédicat quelle contient, quelle est supposée contenir. Et on met la substance et ce prédicat actuel en rapport, lun en face de lautre, dans un nouvel ensemble comme là on a mis en rapport le 3 comme enfermement de parties quon retrouve juste à côté de lui-même, tout ça dans un même ensemble.
Ce prédicat actuel dans un nouvel ensemble, mis à côté de la substance potentielle, cest-à-dire la désignation de la désignation qui seffectuait dans la première mise ensemble, cest-à-dire dans la première substance, cest ça qui donne lextension de prédicat.
Maintenant, si les prédicats abstraits de la substance première, ça arrive à faire de lUn quand même, cest grâce à la singularité de ce qui sérige en première substance, de ce qui prend le relais, cest-à-dire lextension de prédicat. Si on repousse encore un peu la différence qui fonde lUn, on peut très bien sinterroger, à considérer les extensions indépendamment des prédicats : quest-ce qui soutient lextension ? Cest-à-dire que, si lextension est linterprétant qui soutient les prédicats dans leur rapport actuel de substance potentielle, quest-ce qui soutient les extensions, quel est leur interprétant, dans leur rapport à ce rapport lui-même ?
On voit que, dans la mesure où, dans le passage de la collection potentielle de prédicats à lextension de prédicat, il y a une inversion des rôles. Dun point de vue formel, les deux substances, cest la même chose, cest quil y a quelque chose qui supporte et quelque chose qui est supporté, même si dans un cas cest le contraire que dans lautre. Mais si lon ajoute à cela la dimension proprement historique ou ordinale, celle que jai essayé de pointer au début, on obtient que, dans la constitution dun ensemble, il y a quelque chose comme la substantification dun prédicat et qui est corrélatif de la prédication dune substance. Et ça, c est exactement ce que nous avons reconnu comme rupture-écrasement dans linter-prétation.
Or, il est possible que le jeu de la collection ou on peut dire compréhension et de lextension dans la logique de Port-Royal, ça recouvre la dialectique de la rupture et de lécrasement. Et si cest le cas, cest bien évidemment dans un sens très particulier quil va falloir entendre cette propriété de la substance de se supporter soi-même. Parce que cette autonomie de la substance, dès lors, elle est toute relative, cest-à-dire quelle tient dans le rapport dyadique qui loppose à ce qui la prédique, à son prédicat, cest-à-dire que lun supporte et lautre est supporté mais si de la substance se prédique et du prédicat se substantifie, ça signifie quil faut envisager une relation triadique où sétablit quelque chose comme une réciprocité décalée, une réciprocité discordante.
Si du prédicat devient substance pour supporter dans lextension des objets qui, le coup davant, supportaient dans la collection, des prédicats, ce manège peut aussi bien continuer encore un peu, de telle sorte que lextension à son tour soit supportée par quelque chose donc dont elle ne soit que le prédicat. La relation substance prédicat se présente comme celle du multiple singulier, je lai dit, et cest la même chose dans un sens et dans lautre. Après la collection et lextension, il peut y avoir quelque chose de lordre d une collection dextensions, cest-à-dire un ensemble dont les éléments soient précisément ces nouvelles substances que sont les extensions, mais désubstantifiées, prises comme prédicats dune substance supérieure qui les supporte.
Or, cest proprement la catégorie des ensembles suprêmes, parce que dans la logique de Port-Royal, tout a une fin, et là on touche à quelque chose qui a à voir avec lÊtre.
Lextension de prédicat comme substance, cest ce qui fait tenir ensemble un sujet et un prédicat dans une relation actuelle ; cest-à-dire que si, dans la relation dyadique, le sujet supporte le prédicat, dans la relation triadique, cest lextension de prédicat qui supporte la relation dyadique. Lextension comme substance a donc la fonction de linterprétant, je lai déjà dit.
Alors quel est le nouvel interprétant je répète cette question qui supporte la relation dyadique entre la première relation dyadique et lextension comme interprétant ? Si tant est que le terme ultime dune relation sérielle la représente toute entière moins lui-même et vous avez sans doute remarqué quon narrête pas de travailler dans cette hypothèse alors, de même que lensemble des relations objet-prédicat cest-à-dire lextension, tient lieu de et interprète ces relations, ce sera lensemble de toutes les extensions qui sera linterprétant de lextension. Cest-à-dire que si lon répète le processus, lextension substantialisée du prédicat va se désubstantialiser et être rapportée comme prédicat à ce qui supporte toute extension, lÊtre. LÊtre, cest la seule chose qui est dite se supporter véritablement soi-même, cest-à-dire quil nest le prédicat de rien. Une fois lÊtre produit comme terme de la série, on peut revenir, on peut régresser jusquà des substances telles que létendue, la pensée, et les fonder. Cest y compris à partir de lÊtre quon va peut-être saisir de manière plus aiguë ce que représente la prédication, car on a vu que, de proche en proche, cest finalement sur lÊtre que sappuie la relation prédicative.
De lÊtre, dans la logique de Port-Royal, il est dit quil fait partie de ces choses qui ne peuvent en aucun cas se prédiquer pour la raison évidente que, sil est prédicable, ce prédicat quon lui donnerait, si on le substantifie, il sera quelque chose de plus vaste que lÊtre, et lÊtre sera lui-même rapporté comme prédicat à cette substance nouvelle qui sera lextension de ce prédicat. Or, lÊtre ne peut pas être un prédicat donc lÊtre na pas de prédicat.
Je cite la logique à propos de lÊtre et de la pensée : « Il ne faut pas nous demander que nous expliquions ces termes parce quils sont du nombre de ceux qui sont si bien entendus par tout le monde quon les obscurcirait en voulant les expliquer». Cest généralement ce quon dit dès quil est question de choses comme ça. Parler de lÊtre, cest le réduire à du moindre être, de même que parler de la pensée, puisque si la pensée est lensemble de tout ce que lon peut penser et de tout ce que lon peut en dire, elle est forcément quelque chose en plus que tout ce quon pourra en dire, en même temps, de ce fait que lÊtre ne saurait être prédiqué et de cet autre que lÊtre est le support de toute prédication, il y a quelque chose comme une disjonction entre cet Être qui ne supporte rien parce quil ne peut être séparé de rien, et ce tout qui ne peut se concevoir que supporté par lÊtre. Mais ceci nest disjonction quà considérer dans un premier temps lÊtre dune part et les prédicats de lautre ; on va voir que cette conception est fausse. Et si lÊtre est proprement ce rien dans le discours, il est lensemble de tout le discours, cest-à-dire ce qui échappe au discours, ce qui le constitue.
Ce qui échappe au discours, cest le discours lui-même, de ce point de vue là, puisquil ny a de discours comme mise ensemble, comme écrasement, quafin de rattraper ce qui précisément lui échappe.
Ainsi lÊtre, il faudra certainement le situer aussi bien au début du discours, dans le non radical, quà la fin dans lencore.
Or, la différence que nous avons isolée entre la substance potentielle comme possibilité dune prédication, et toute prédication actuelle qui ravale la substance au rang de prédicat devenu substance, cette différence nous permet de comprendre ce quest lêtre.
Ce nest pas rien quun ensemble comme totalité fermée, par exemple le 3 que vous voyez au tableau, soit différent de lensemble de ce quon peut recenser comme parties de cet ensemble. La substance comme support, collection de prédicats, comprend de façon potentielle la série des prédicats qui lui appartiennent, mais indépendamment daucune actualisation du prédicat, car dès quon actualise un prédicat, dès quil existe un prédicat, au contraire, cest de lexpulsion hors de la substance dun prédicat quil sagit ; cest une rupture, la rupture qui par démembrement, met en rapport la substance avec tout ce qu elle supporte.
Cest ici quest le nud de laffaire, car sil y a une différence entre dune part la mise en rapport sur le mode prédicatif actuel de la substance avec les prédicats qui la définissent, et dautre par la substance elle-même en tant quelle est supposée nêtre rien dautre que son rapport aux prédicats, le fait de les supporter, alors il faudra conclure que la substance, cest autre chose quun support de prédicat, autre chose que ce à quoi se rapportent les prédicats.
Néanmoins, il ny a pas autre chose dans la substance que des prédicats ensemble, et ça, cest dit. Et pourtant, si on met en rapport la substance, comme ensemble de prédicats, avec ces prédicats dont elle est lensemble, on se trouve en face non pas dune simple redondance mais proprement dune différence ; et ce quil y a de plus dans la substance, ce qui fait cette différence, le fait que les prédicats soient ensemble, ce nest pas seulement une simple détermination supplémentaire des prédicats, car il est dit dans la Logique que la substance toute entière tient dans cette différence entre le fait pour les prédicats dêtre ensemble ou de ne pas lêtre. Cest-à-dire que si l on supprime la possibilité de cette différence, il ne peut plus y avoir de substance, cest-à-dire quil reste un niveau de prédicats, univers indifférencié, ce que Pierce appelle lunivers du peut-être, qui est aussi bien le néant absolu, dans la mesure où il est dit dans la Logique que sans la substance, les prédicats ne tiennent pas, ils ne sont plus rien. La substance est ce qui fait tenir quelque chose, ce qui permet des relations, cest-à-dire ce qui est en plus quand les prédicats sont ensemble.
Or, en même temps, nous navons cessé de constater que ce « plus » tient à ce quun ensemble de prédicats devient un terme singulier, fait du Un, et que ce terme singulier ne fait pas partie de ce dont il est lensemble au moment où il désigne ce dont il est lensemble.
Ainsi la substance, cest ce qui, quand un ensemble est donné, le constitue et lui manque, cela dans le même temps. Autrement dit, ce qui manque dans un ensemble, cest ce qui le constitue : la substance.
Maintenant, si on regarde ce qui manque explicitement dans la logique de Port-Royal parce quil est dit quil y a quelque chose qui manque on sapercevra malheureusement ou non que ce nest pas la substance, justement. Ce qui manque, cest de lensemble ; ce qui, quand il ny a pas autre chose que ce qui manque, est équivalent à rien. Cest une définition comme une autre. Et il est dit dans la logique que si, de ce tout formé de la substance et des prédicats, on enlève la substance, alors il ne reste rien, pour ceci que les prédicats et les attributs nexistent que parce quil y a de la substance.
Là, on est véritablement embarqué dans un couloir logique dont on ne peut pas sortir, une série de propositions qui nous entraînent. La substance nest autre que les prédicats plus quelque chose. Ce « plus » se définit comme manquant. Et les prédicats sont ce qui seul nest rien mais qui se produit quand de la substance est donnée ; cest-à-dire : les prédicats ne sont rien sans quelque chose, la substance, qui nest autre que laddition à ces prédicats supposés contradictoirement déjà donnés, de ce qui de toute façon, dans la somme, fera défaut.
La substance supporte les prédicats, mais aussi dune certaine manière les prédicats supportent la substance, comme ce rien encore dont par substantification va naître la singularité dune différence. Les prédicats ne sont que du zéro. La substance est ce qui sajoute à zéro pour faire un, mais dans ce Un constitué, il ny a que les prédicats, cest-à-dire le zéro, qui apparaisse, car ce qui fait Un, justement, dans linscription du zéro, cest absent de ce quinscrit le Un, cest-à-dire du contenu, du désigné du Un, cest-à-dire le zéro.
Ces contradictions donc, que jai relevées par ces quelques formules, semblent pouvoir se réordonner à partir de la réintroduction du point de vue ordinal qui a précédé au début de cette prise en vue de la logique de Port-Royal, cest-à-dire lopposition entre la collection et lextension. Ça se comprend comme ça. La substance supporte le prédicat qui, défini, porte sur la substance.
Maintenant on va prendre toutes les propositions contradictoires une par une et nen accepter quune à la fois, cest la meilleure solution. Après, tout va marcher.
La substance étant ce qui manque, le prédicat est un effet de manque, ce qui porte sur un manque, lenrobage du manque. Mais dautre part, le prédicat nest rien sans la substance, et il est impossible de différencier la substance du prédicat actuel comme manifestation de la substance manquante.
Cependant, puisquil est dit que le prédicat nest rien sans la substance, et puisquil est dit quil ny a pas de substance quelle manque, alors comme il y a du prédicat, on est forcé de déduire que le prédicat, cest la substance. Puisque sans la substance, il ny a pas de substance, le prédicat, ça devrait nêtre rien, or ça donne du Un, ce qui implique que ce Un du prédicat, cest non pas le prédicat mais à proprement parler la substance.
Or, ça ne se comprend quà partir de ce point de vue ordinal qui est la question de la substantification du prédicat.
Le prédicat qui nest censé être rien sans la substance, sil se manifeste comme quelque chose, ce quelque chose comme autre que le rien du prédicat est forcément la substance ; cest-à-dire que dans lextension du prédicat, le prédicat est substantifié, cest-à-dire que le prédicat dans lextension va tenir lieu de substance de façon ponctuelle, pour quelque chose qui va tenir lieu de prédicat, cest-à-dire les objets de lextension. Et, en même temps, maintenant il y a de la substance, il y a de la substance, or elle est supposée manquer, en même temps, dès que la seconde classe de prédicats est produite, lopération se répète, et ce qui dans le premier temps a tenu lieu de la substance, va manquer comme substance, puisque, par lopération que jai pointée, ça va sappliquer comme prédicat au nouveau terme qui apparaît comme une substance provisoire. Et ceci à linfini cest-à-dire que, dès quune substance est donnée, elle sinscrit en sactualisant par les prédicats qui sy appliquent, mais dès que les prédicats sactualisent, la substance se rapporte à ces prédicats qui acquièrent une valeur substantielle qui est lextension, cest-à-dire quil est impossible à la substance dêtre à la fois donnée et inscrite dans le même temps.
La substance peut donc très bien se définir comme ce qui manque et comme ce qui fait lensemble. Dune part un prédicat sappuie sur le premier prédicat tenant lieu de substance, pour le définir, pour lidentifier, pour le prédiquer. Et dautre part le premier prédicat-substance rapporté en cette relation au second qui acquiert une extension, il disparaît en tant que substance, pour ne devenir quun élément dans lextension du prédicat second et lui conférer le relais de cette fonction de substance. La substance est une fonction que celui-ci transmettra à un troisième prédicat etc..
On voit que la première substance, celle qui est supposée être au début, la substance potentielle, est tout à fait mythique. Ce qui compte, cest ce jeu de relais, cest la relation actuelle de prédication qui, rendue possible par la substance potentielle, linscrit et la transforme en terme, en prédicat dans un rapport, étant entendu que le terme ultime du rapport joue à son tour le rôle de substance, cest-à-dire manque dans le rapport et ne sinscrit quà devenir autre chose que de la substance, cest-à-dire du prédicat.
Les substances successives sont donc la série des incarnations transitoires de ce qui manque et qui soutient toute pseudo-substance comme enrobage du manque.
Lêtre, cest bien ce qui supporte tout discours en tant que le discours, cest ce qui se produit sur le bord du trou quil constitue. LÊtre est donc à la fois ce qui est avant le discours, qui porte le discours, et qui est après, la fin de tout discours, son point de convergence, sa limite.
Dans la logique de Port-Royal, je voudrais situer les choses, ce nest pas une telle théorie du discours quon peut trouver, cest le contraire. Mais, dans la mesure où c est le contraire, il y a quelque chose comme cette théorie qui insiste au sein même de ce discours qui est tenu, alors que le projet initial de Port-Royal, cétait de construire un métalangage et que cest dit nommément, cest au contraire que quelque chose insiste dans Port-Royal, malgré Port-Royal, cest-à-dire cela prend ses effets à partir de ceci que dès lors que lÊtre est présenté comme ce qui ne peut pas être prédiqué, comme ensemble de tout ce qui peut être attribué, cette imprédication de lêtre est présentée dans une formule déjà éloquente ; il est dit : « LÊtre est imprédicable », or justement « imprédicable », cest peut-être là ce premier prédicat qui, dans cet essai de signifier limpossible, ne fait que le répéter par le fait dexposer sa propre vacuité et qui, par là, trace dun seul coup la limite de ce qui est possible et de ce qui ne lest pas.
En ce sens, le possible, le potentiel, cest ce qui est impossible à effectuer ; cest ce qui ne peut pas se donner sans se transformer et changer de fonction ; tandis que limpossible, c est la seule chose qui peut se réaliser, en laissant ouverte ce qui fonde cette impossibilité, cest-à-dire cette béance, car le type de réalisation de limpossible laisse béante limpossibilité, ceci par exemple quest la prédication de limprédicable.
Je termine sur quelque chose qui nous amènerait un peu plus loin, mais je n ai pas envie de conclure, cest-à-dire de boucler ce discours qui nétait quun préliminaire : le langage, cest ce qui représente lÊtre pour la parole, cest-à-dire que la parole est dans la position de linterprétant, entre larbre et lécorce, de même que le fini, cest ce qui se tisse entre deux infinis.
Applaudissements
Jacques Lacan Je conclurai avec ces mots : avec le temps, ça sort !
Notes
34 Il sagit dAmsterdam.
35 SUBLIME, adj. et n. m. est emprunté savamment (v. 1400) au latin classique sublimis» suspendu en lair »,» haut, élevé », au figuré» élevé, grand », spécialement en rhétorique ; en latin médiéval, le mot passe dans le vocabulaire des alchimistes au sens d«élevé par la chaleur à la décantation de ses parties volatiles». Ladjectif est formé de sub-, marquant le mouvement de bas en haut, et de limis ou limus adj.» oblique» en parlant de lil et du regard, mot sans étymologie claire. Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 1992, Tome 2, p. 2031.
36 Intervention de François Récanati le 14 juin 1972, publiée sous le titre : « Intervention au séminaire du docteur Lacan », Scilicet 4, Paris, Seuil, Le champ freudien, 1973, pp. 55 à 73.
37 La logique de Port-Royal est aussi le titre dun ouvrage : A. Arnauld, P. Nicole, la logique ou lart de penser, Paris, Gallimard (collection TEL, n° 211), 1992.