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Je savais très bien rendre compte du comportement de ces adversaires et, de surcroît,
javais appris que la psychanalyse fait ressortir le pire chez tout le monde.Sigmund Freud
Je dédie cet écrit á la mémoire de mon père. En hommage á celui qui ma appris le sens de lhonneur, de lintégrité et de la rigueur; à mon père dont la main m a protégé ces maux du monde; à lhomme dont la vision et le courage lont conduit à quitter lEurope pour aller en Argentine quatre mois seulement avant le début de la Deuxième Guerre et du carnage qui sest ensuivi, et qui ma fait le don de partager avec moi lirrévérence quil a témoignée envers les rites et les lois dun certain ordre au nom de son dévouement à la paix. En reconnaissance de ce quil ma appris -lessentiel est ce que lon porte en soi, son geist; lamour de lhistoire, des livres et de la musique. En souvenir de limage denfance que je garde de lui assis au piano, et de son humour qui touchait juste.
Canterbury, Australia
Comme Lysias la dit, Il sera plus facile d entamer cette affaire, Messieurs, que de la conduire. Dans le désert les journées sont aussi chaudes que les nuits sont glacées. Labsence de nuages, me dit-on, en est responsable. Quand le vent y souffle, on nen voit plus de signe, mais la vie continue son train.
Freud nous dit que la condition préalable à tout accès au champ de linconscient consiste à y préférer une attention également flottante. Cette condition simpose parce que, dés que lon y accède, ce champ sefface, comme le parfum de la nuit, comme un souvenir. Néanmoins, certains dentre nous insistons pour nous placer là ou se situe ce qui vient sy évanouir. Il faut en saisir loccasion car elle nest quéphémère.
Freud a écrit à Fliess, depuis un autre désert, au sujet de la médiocre réception quavait connue son Traumdeutumg, affirmant quil était en avance sur son temps de quinze à vingt ans. En comparaison, Lacan a dit quil avait dix ans davance sur son époque.
La relation quentretient le sujet avec lobjet cause de son désir est équivoque et incertaine, parfois capricieuse, mais le plus souvent prévisible après coup. Elle est équivoque parce que, comme tout ce qui est singulier, comme un sonnet ancien dont le lecteur doit suivre la grammaire la licence poétique qui autorise les déformations et les déplacements qui en barre et en livre à la fois laccès pour pouvoir le déchiffrer, le désir ne retrouve que peu souvent, si jamais, sa muse. Cette relation est incertaine précisément parce queIle est fixe. Elle est lancrage de la vie qui se fixe dans le corps au point de la douleur, ce qui loblige à changer dapparence, à se faire provisoire. Elle est capricieuse dans la mesure ou elle est toujours prête à sécarter, non seulement pour mettre en scène un semblant dévitement mais pour se déplacer, mue par les événements ou même par les circonstances, à une autre scène ou elle semble sengouffrer. Elle est déterminée par le discours d un Autre qui de plusieurs façons a déjà fixé le tracé héritage qui nest que dette sur lequel souvre ce qui, sans le savoir, nest quune autre voie vers la mort. Daucuns arrivent à faire quelque chose du désir, mais il ne peut être lobjet dun don. Telles sont les raisons cliniques que nous trouvons dans le paradoxe selon lequel le sujet ne veut pas ce quil désire.
La disparité qui existe entre le discours psychanalytique et linstitution psychanalytique semble précipiter une crise danomie donnant lieu au phénomène didentification au groupe et à ses pires conséquences, les rangs se serrant pour compenser la faiblesse permanente du sujet qui doit supporter le manque de lAutre. Cette disparité est leffet du transfert en jeu. Ainsi, ladhésion à un maître à penser bureaucratique est lissue prévisible de la poursuite de quelque chose qui puisse combler ou recouvrir de sens lincertitude quannonce langoisse. Il suffirait de relire ce qua écrit Bernfeld à propos dun citoyen Machiavelli moderne pour comprendre que le besoin de sens finit par infléchir la recherche du sens et par déformer un discours qui aurait pu annoncer la transmission de la psychanalyse. Si le roi est nu, surtout, que portent les courtisans? Le groupe traite le leader avec tout le respect qui lui est du pour se conformer à lui. Nest-ce pas, cependant, une manifestation comme d autres de la manque de signifier de lAutre? Lacan nous en avertit «On sait ce quil en a coûté, que Freud ait permis que le groupe psychanalytique lemporte sur le discours, devienne église »» Toute pression pour que le monde cède au conformisme endort lesprit critique, assourdit loreille qui aurait pu écouter et fait taire la voix qui aurait pu parler. Le conformisme fait partie du tissu social, comme le montre la distinction qui existe entre l ordre, la soumission et le désir.
Les parlêtres sengagent dans diverses activités dans Iespoir que quelque chose s y construira, que leur action parviendra à recouvrir un manque, quil en sortira un sentiment dêtre, transformé et configuré en sentiment dappartenance. Dans une tentative dinciter cette impulsion, les psychanalystes se sont organisés de diverses manières, sous forme darmée, déglise et dernière structure de la liste mais non la moindre sous forme de bureaucratie. Pour cette raison certains soi-disant maîtres n hésitent jamais à se mettre en avant. Il sagit toujours de la même histoire la tentation dembrasser la promesse dune jouissance toujours différée. Cependant, relire la dialectique hégélienne du maître et de l esclave en tant quinterprétation adéquate ne garantit pas de changement. Après tout, bien que cela nait rien de secret, u faut redire que ce qui soppose à linterprétation adéquate est la résistance du sujet à labandon de la jouissance, lironie voulant que la jouissance qui se cherche dans labandon du désir soit moins certaine.
Penser même un instant que le nouveau siècle puisse apporter un nouveau discours, cest faire preuve dune naïveté certaine, car ce nest pas un changement dordre purement temporel qui éclairera ce qui est actuellement obscurci dans la psychanalyse. Le temps se précipite sans arrêt, à toute allure, au début non moins quà la fin dune époque. De même, le sujet semble descendre à toute vitesse le fleuve de la vie, quil nage ou quil se laisse aller à la dérive. La malaise de la psychanalyse est en effet la réalisation de ses limites, les limites que le désir impose à la jouissance. Peut- être devrions-nous nous demander si la psychanalyse a besoin dun nouveau style, dun nouvel «isme ». Mais seul un changement de discours, seul un discours neuf pourrait en être à la mesure.
Le 17 mars 1911, Ferenczi écrit à Freud: «Il ny a certainement encore jamais eu de mouvement intellectuel, ou la personnalité de linventeur ait joué un rôle aussi grand et aussi indispensable que la vôtre pour la psychanalyse. En effet, cest vrai à la lettre: vous nêtes pas seulement linventeur de nouveaux faits psychologiques, vous êtes aussi le médecin qui nous soigne, nous autres médecins. Comme tel, vous devez supporter toutes les charges du transfert et de la résistance » 3 L on trouve ici une référence à ce qui pourrait être un des problèmes fondamentaux par rapport aux impasses ou se trouve la psychanalyse et dont elle devra encore sortir à lavenir. Elle concerne le fait que, un domaine du savoir étant rattaché à un nom et dépendant même entièrement de ce nom, lune des conditions nécessaires de la scientificité de ce domaine est déjà mise en doute, car une science ne se fonde et ne se développe que dans des conditions oú elle se propose à. une vérification ou une réfutation.
En fait, Ferenczi coupait court à lillusion que pouvait entretenir la psychanalyse darriver à un mathéme qui en assurerait la transmission, puisque le transfert et la résistance se retrouvent à sa place. Lacan a affronté ce même problème que tout psychanalyste a trouvé sur son chemin depuis la naissance de la psychanalyse: comment résoudre le problème du transfert dans la transmission de la psychanalyse. Il voulait assurer la transmission intégrale de sa théorie, sans quelle subisse les effets du transfert, et il a donc voulu se tourner vers le domaine scientifique oú la transmission de la théorie semble avoir lieu sans subir les effets du transfert.4 Jaborde cette question parce quen recherchant un mathéme pouvant assurer la transmission de la psychanalyse, il a voulu défaire le n ud, lassujettissement de la psychanalyse à un nom. Néanmoins, Lacan lui-même au départ plaçait son travail sous légide dun retour c~ Freud dont le noyau était linconscient quil appelait freudien, le liant plus étroitement encore au nom.5
Ce nest que bien plus tard que Lacan dira que linconscient est de Lacan et le champ est freudien, poursuivant ainsi le moyen daller au-delà du père en dénonçant ce quil appelait la moisesation de la psychanalyse. Comment ne pas voir que cet au-delà du père était en réalité une tentative de libérer la psychanalyse du nom de Freud afin de trouver ainsi, éventuellement, le mathéme en question? Une autre tentative ultérieure allant dans la même direction consistait à vouloir désontologiser linconscient en le conceptualisant sous forme de linstant du lapsus.6
Ces deux positions contraires de Lacan sont, cependant, autant logiques que chronologiques, et cette ambiguïté se mobilise au service dun retour à luvre et à la lettre de Freud; ce qui a subi un traumatisme par la parole ne peut s en libérer que par la parole. Ce retour à la lettre de Freud a été désigné précisément comme un projet qui voulait trancher le nud qui lattachait à. la personne de Freud, une notion conceptualisée comme le passage qui partait du travail du transfert pour aboutir au transfert du travail, ce qui ouvrait la perspective daller au-delà du père. Cependant, en dépit de ses intentions dun courage héroïque développer à lintérieur du champ de la psychanalyse un mathéme qui permettrait à la psychanalyse de garder la route de la science, détachée du père, détachée dun nom Lacan a échoué, comme il devait lui-même le reconnaître de façon si impitoyable à lintérieur de son Ecole.7
Sa déclaration que linconscient est de Lacan mais le champ est freudien a montré léchec de la tentative de libérer le champ de la psychanalyse du nom, du père. De même le nom de Lacan est devenu le symptôme de son école, ce quil a admis volontiers à propos de la topologie du nud borroméen dans son Séminaire du 5 janvier 1980 «Quil suffise dun qui s en aille pour que tous soient libres, cest, dans mon nud borroméen, vrai de chacun, il faut que ce soit moi dans mon École. Cest pourquoi je dissous».
Avec cette coupure il a dissolu lÉcole freudienne de Paris. Freud, Lacan et bien dautres étaient avertis de leffet du groupe, mais ce savoir na pas été suffisant et constitue, par sa structure même, ce qui divise et sépare, dans le champ de la psychanalyse, la transmission de lenseignement. Cest ainsi que nous lisons les mots énigmatiques de Lacan dans L Etourdit: Qu on dise (lenseignement de Freud) reste oublié (par les disciples de Freud) derrière ce qui se dit (en répétant sans comprendre) dans ce qui s entend (font avancer le processus de répression de cet enseignement).8 A Pompéi jai de nouveau vérifié cette notion douteuse quest le progrès et les raisons pour lesquelles Freud la déployée pour donner un exemple de la nature indestructible du désir réprimé.
Le désir de lanalyste ne doit pas se confondre avec son interprétation. Il a deux sources. D une pan ji a une source clinique que constitue le défi que lui lance lhystérique et qui consiste à maintenir son désir comme désir insatisfait,9 défi que Freud a relevé en découvrant linconscient. Lautre source sidentifie au désir de Freud et, tout en étant formulée en termes cliniques comme quelque chose chez Freud qui na jamais été analysé,0 n est pas, à proprement parler, clinique, et touche au concept des noms-du-Pére, ce que Freud, selon Lacan, sest interdit dinterroger.
Décider de devenir psychanalyste est un choix paradoxal qui reste à expliquer, peut être a travers la passe, même si la réponse quelle quelle soit naura jamais la fraîcheur de la question initiale. Autrement dit, lananké nest pas simplement le point final; le destin apparaît à la fois au début comme contrainte et à la fin comme articulation.
Passons maintenant au bref compte rendu de quelques aspects de lhistoire du mouvement psychanalytique qui concernent nos antécédents. La Société psychologique du mercredi, première organisation de ce type du monde, a été fondée à Vienne en 1902. Freud ne disposait pas certainement de ce quon appelle les trois de Lacan, le nud borroméen du réel, du symbolique et de limaginaire. Néanmoins ib les a libérés le 22 septembre 1907, dans une lettre quil a envoyée à tous les membres de la Société, au moyen dune proposition concernant sa dissolution et sa refondation immédiate lannée suivante, donnant ainsi aux membres loccasion de se réinscrire. Ii a terminé cet envoi en disant quil conviendrait peut être à la Société de se réorganiser ainsi de temps en temps, à intervalles réguliers, tous les trois ans, par exemple, pour donner aux membres qui ne voulaient plus poursuivre cette association loccasion de partir sans porter atteinte aux rapports quils entretenaient avec dautres membres. De cette façon, après la dissolution de la Société en 1907, la Société psychanalytique de Vienne est née en 1908.
La psychanalyse en Argentine, comme en Australie, a connu une histoire longue mais radicalement différente.1 Pour ma part, jai reçu hors institution, comme cétait le cas de beaucoup dentre nous avant le lacanisme une formation théorique et pratique en psychanalyse dispensée par des analystes de lAsociación Psicoanalítica Argentina et je me suis initiée à létude de Lacan en suivant Ienseignement irremplaçable dOscar Masotta (1930-1979).
Reprenant à ma façon le mot de Lacan qui reconnaissait en Gaetan Gatian de Clérambault son seul maître, je devrais faire remarquer aujourdhui, après coup, que linfluence extraordinaire et directe de Jorge Luis Borges a été également déterminante pour moi, ce qui confirme une fois de plus la dette de la psychanalyse envers la littérature.
Un événement important à eu lieu en 1971 sur linitiative dOscar Masotta et de ses séminaires qui ont décidé dinviter à Buenos Aires Octave Mannoni et Maud Mannoni, des cliniciens brillants dont les séances danalyse de contrôle qui ont marqué le début de ma carrière clinique restent pour moi exemplaires.2
En décembre 1973, faisant preuve dune prémonition et dune prévoyance étranges, nous avons pris la décision de venir en Australie. Mais ananké et dustuchia se sont ligués pour raccourcir notre séjour et nous avons été contraints à retourner quelques mois plus tard à Buenos Aires. En janvier 1977, le règne de la terreur sétant installé en Argentine, nous sommes partis en exil volontaire en Australie et au mois doctobre de cette année nous avons fondé la Freudian School of Melbourne.3 La psychanalyse ne devait plus être la même en Australie. Une filière différente et nouvelle de psychanalyse prenait forme. Le désir de lanalyste, lénigme qui continue à être un défi à déchiffrer, est précisément, à force de rester un chiffre, ce qui continue à donner sa raison à lacte psychanalytique, la même énigme qui, à Melbourne en Australie, ma amenée à fonder avec Oscar Zentner la Freudian School of Melbourne.
Des années orageuses ont suivi. Le désert a révélé sa nature inclémente. Des obstructions de toutes sortes et des attaques insidieuses sont survenues; les hostilités se sont déroulées sur des fronts très divers; nous avions introduit Lacan en Australie et on nous en a fait porter la responsabilité. Les épreuves qui ont marqué le début de notre vie en Australie me rappellent, bien entendu, la phrase de Freud qui ouvre De l histoire du mouvement psychanalytique: « Tant que je me suis rendu compte que le destin inévitable de la psychanalyse consiste à susciter des controverses et de lamertume, la conclusion sest imposée à moi que je ne peux quêtre le véritable initiateur de tout ce qui la caractérise ».
Cependant, il suffirait de feuilleter un livre dhistoire, non seulement un des livres concernant le mouvement psychanalytique, mais un livre dhistoire des sciences, pour se rendre compte des événements plutôt discutables sinon hostiles qui marquent les débuts des théories nouvelles. La spécificité de la fondation de notre école na pas ¿té lexception à la règle. Je signalerai un seul incident qui ne touche quà une seule des manifestations de lhostilité à laquelle nous étions en butte, et qui mettait en jeu dés le départ léthique de la psychanalyse. Peu avant le déroulement du premier Hommage ¿z Freud en Australie en 1979, un individu innommable sest mis en contact avec moi, dabord au téléphone et ensuite au cours dune visite qui a été loccasion de la communication dune lettre dont la subtilité allait jusquà donner le détail des maux qui allaient nous advenir si nous devions insister pour organiser lHommage. Dune main il nous tendait la lettre de menaces, de lautre la promesse de lauteur de la lettre que nos salles dattente ne pourraient contenir tout le monde que l on adresserait à nous si seulement nous acceptions dabord dannuler lHommage et ensuite dexercer non pas en tant quanalystes mais sous le couvert de lappellation psychothérapeutes. Inutile dajouter que, toute respectueuse que je suis de la courtoisie, jai envoyé cet individu ainsi que lauteur de la lettre la ou de telles nullités ont leur place. Ainsi a eu lieu, dans des circonstances hostiles et selon un scénario des plus défavorables, lHommage à Freud.
Certes il ny a pas quune seule raison pour laquelle lhistoire de la fondation de la Freudian School of Melbourne ne peut commencer par la formule il était une fois ou bien, comme disait mon père Es ¡st passiert ... puisque cette histoire sest écrite en se faisant et se rattache non pas à un vu quelconque, mais, précisément, au désir de lanalyste. Cette histoire se lit dans les communications cliniques et théoriques publiées depuis la création en 1979 de Papers of the Freudian School of Melbourne.
Cest pourquoi, donner une idée des débuts de la psychanalyse en Australie comment, oit et quand elle sest implantée dans ce pays pourrait nous permettre de retracer son destin depuis ses débuts. D abord. ~a préfacé2 que Strachev a donnée à Qn Psychoanalysis de Freud, nous apprend quen mars 1911 Freud, au même titre que Jung et Havelock Ellis, a reçu linvitation que leur avait adressée le Dr Andrew Davidson,4 sollicitant à chacun une communication qui devait être lue devant le Congrès de médecine de iAustralasie le 13 mai 1911 à Sydney. Freud a envoyé Qn psy~h~afl~ly5j5,~5 Jung a contribué une communication sur la théorie des complexes,6 et Havelock Ellis a donné The Doctrines of the Theories of Freud.7 Comme Freud lui-même la écrit à Ferenczi le 12 mars 1911: « Ii y a deux jours, un autre continent sest annoncé: lAustralie. Le secrétaire du département de neurologie du Congrès austraio-asiatique sabonne au Jarbuch8 et me demande un bref rapport sur mes théories, à paraître dans les publications du Congrès, car ces théoriies sont encore complètement inconnues en Australie >~
Ensuite une lettre du 10 mai 1912 quErnest Jones a adressée depuis Toronto à Freud nous informe de ceci: «Japprends que vous-même et Jung avez contribué des communications à un congrès en Australie. Je me demande si elles sont accessibles; peut-être les trouverai-je à Londres. Il ne reste maintenant que le Brésil, la Chine et le Groenland à infiltrer. Je continue à penser que, quelles que soient les forces qui sopposent à nous, nous souffrirons comme Alexandre de labsence de mondes à conquérir »~ 20
Cependant, comme Ernest Jones2 nous lapprend également, Donald Fraser,22 un ancien pasteur presbytérien « dans la lointaine Australie» sétait attiré des malheurs, en 1909, à. cause de laccord quil avait exprimé avec les théories freudiennes, et avait du abandonner par conséquent sa charge. En fait, la même année oit Freud, Ferenczi et Jung se trouvaient à bord du Washington, en route vers les Etats-Unis pour donner les célèbres conférences à Clark University, à la même époque, mais de façon beaucoup plus humble, cet ancien pasteur, ayant terminé ses études de médecine, organisait le premier groupe de lecture sur la psychanalyse en Australie.
En effet, bien des années auparavant, Havelock Ellis, lAnglais qui a pecrit La Psychologie du sexe, bien quil nait pas été la personne la mieux placée pour rendre compte de la psychanalyse, avait passé, en 1878, à peu prés une année entière dans la Hunter Valley, à Sparkes Creek, en Australie, comme instituteur, avant dentreprendre ses études de médecine en Angleterre. En 1911, dans un rapport rédigé pour le Congrès de médecine de lAustralasie, il a écrit : « La psychanalyse de Freud a maintenant ses partisans et ses praticiens non seulement en Autriche et en Suisse, mais également aux Etats-Unis, en Angleterre, en Inde, au Canada, et je nen doute pas en Australasie ».~ Geza Roheim a visité le centre de lAustralie en 1923 et a défendu les thèses de Freud contre celles de Malinowski. En 1937, Ludwig Jekels, qui se rendait à New York, est passé par lAustralie aussi. Il avait fait un séjour en Suède sans réussir à y établir de groupe psychanalytique. Enfin, Susan Isaacs (1885-1948) a, elle aussi, visité lAustralie et la Nouvelle-Zélande en 1937.
On pourrait donc dire que les débuts de la psychanalyse en Australie nont pas ¿té trés différents, sur le plan historique, de ceux quont connus dautres pays. Ce qui les distingue, en fait, cest que, pour employer les mots de Jones, létincelle sest éteinte 24 bientôt après, comme cela sest passé au Canada. La correspondance entre Freud et Ferenczi nest pas moins édifiante au sujet des vicissitudes qua connues la psychanalyse à cette époque. Lopposition et les discussions orageuses que suscitait la psychanalyse se révèlent dans ce que Freud écrit en 1914 au sujet de la résistance et du dédain que lui ont témoignés «quelques individus indignes, aventuriers et profiteurs, que lon trouve des deux cotés en temps de guerre >. Je peux confirmer tout cela aussi.
Nous savons aujourdhui quels ont été les deux jeux parallèles joués par Ernest Jones, dune part sauvant la vie à la plupart des psychanalystes originaires de lEurope centrale, et dautre part, tout en déclarant vouloir sauver la psychanalyse en Allemagne, consentant à sa nazification par létablissement à Berlin, pendant la montée de la terreur nazie, de lInstitut Goering, façade juridique de la psychanalyse derrière laquelle sest opéré un véritable nettoyage des doctrines freudiennes. Lon ne sétonnera pas de ce que la psychanalyse en Allemagne, dés cette époque, ait été remplacée, au contentement général, par la psychothérapie, et que cette situation nait pas beaucoup changé de nos jours.
Le drame des années de guerre constitue le cadre de larrivée à Melbourne du Docteur Clara Lazar-Geroe (1900-1980), psychanalyste originaire de la Hongrie et analysant de Balint. Son travail jette les fondations de lAssociation australienne de psychanalyse. Au début de la guerre, le Docteur Paul Gnieg Dane, qui avait fait ses études de médecine à IUniversité de Melbourne, a écrit à Ernest Jones pour lui faire-part du fait quun groupe de psychiatres de Melbourne (Dane lui-même, le Docteur Reginald Elleiy, le Docteur N A Albiston, le Docteur A R Phillips et le Docteur P G Reynolds) sétait vu accorder une subvention leur permettant détablir un hôpital ou une clinique qui dispenserait un enseignement et des soins en psychothérapie, et lui demandant si un psychanalyste européen voudrait bien venir en Australiei5 Jones a répondu que le Docteur Genoe pouvait bien accepter de venir en dépit du fait que ses préférences pontaient plutôt sur la Nouvelle-Zélande.
The Melbourne Institute for Psychoanalvsis a été créé en 1940, le Sydney Institute en 1951, et en 1952, Clara Genoe, associée à Roy Winn et à deux autres Hongrois arrivés de Londres, Vera Roboz et Andrew Peto, a fondé lAustralian Society of Psychoanalysts comme section de la British Psychoanalytícal Society avant dacquérir un statut indépendant en 1967. Après avoir été reconnue par lInternational Psychoanalytical Association sous forme d Australian Study Group en 1967, lAustralian Psychoanalytic Society est devenue Société indépendante et membre à part entière de lIPA en 1973.
A mon avis et contrairement à ce qui prévaut en général, lhistoire précède le mythe, ce dernier tenue désignant une version embellie de phénomènes qui, en réalité, étaient peut-être moins beaux et moins favorables que lon ne veut crome. Pourtant, prenant ce point de vue, je me suis appelée à la tâche de rendre compte de lhistoire de la psychanalyse en Australie, à la fois en tant que protagoniste et comme témoin.
Lacte fondateur de la Freudian School of Melbourne26 en 1977 a formalisé une transmission queffectuait un discours psychanalytique qui reconnaissait, dés le début, sa dette envers lenseignement de Freud et de Lacan. Cette transformation du discours dans le champ de la psychanalyse en Australie a eu des conséquences directes et indirectes. La conséquence directe est la formation de psychanalystes avec la procédure de la passe, ayant pour objectif larticulation de la psychanalyse clinique et théorique. Cette formation comprend létude de la théorie, lanalyse personnelle, lanalyse de contrôle et la présentation de malades dans le cadre du centre hospitalier psychiatrique, ainsi engageant, dans les limites de lefficacité psychanalytique, un dialogue fructueux avec la psychiatrie. Linstauration du discours freudien et lacanien dans divers départements des universités dans le respect de la spécificité de la psychanalyse en extension ne constitue quune seule des conséquences indirectes, donnant lieu à un enseignement qui se fonde sur léchange entre la psychanalyse en extension et les domaines détudes et de recherches qui en relèvent. Cette spécificité mérite peut-&re réflexion parce quelle pose le problème autrement aigu de ce qui pourrait passer pour une transmission qui échapperait aux rigueurs du transfert et pourrait donc donner lieu à une identification illusoire du réel de la psychanalyse qui est en fait la duque au réel de la science, ainsi favorisant la notion facile que le discours psychanalytique ait déjà atteint le statut du discours de la science.
Dailleurs je pense que cela constitue peut-&re lun des défis que la psychanalyse doit relever pour continuer. Cest pour cette raison que jusquici la Freudian School of Melbourne sest toujours attachée à distinguer non seulement la psychanalyse en intention de la psychanalyse en extension mais non moins le réel de la science du réel de la psychanalyse. Ce défi est souvent esquivé par ceux qui prétendent transmettre un enseignement psychanalytique en brouillant les pistes ouvertes par Freud et Lacan et en supprimant lévidence que la transmission psychanalytique saccompagne inévitablement du phénomène indélébile du transfert.
Ces remarques trouvent leur confirmation dans les effets que provoque la transmission, effets qui ne sont pas toujours désirés. La prolifération de petites tendances neo-lacaniennes comme conséquence de lexistence de la Freudian School of Melbourne en est un bon exemple. Ces tendances neo-lacaniennes ont un point commun et symptomatique en dénit de leurs divisions, touchant à leur intention de confondre, ex profeso, intention et extension, ainsi proposant la formation à luniversité et une soi-disant analyse à lintérieur de leurs groupes respectifs.
Le motif de cet exercice réside dans un manque que ces groupes doivent compenser par le prestige que leur prête luniversité, compensant ainsi ce quils ne peuvent, en tant que phénomène de groupe, que forclore, restant dans le domaine de la religion. La constitution dune école psychanalytique à base de grades et non de hiérarchies assume la responsabilité de la transmission, de la formation et de la passe, tout en maintenant les limites mêmes de lacte psychanalytique.
Lexistence de groupes neo-lacaniens est également la conséquence du transfert dont lobjet est la Freudian School of Melbourne et, en tant que telle, pose une autre question à. laquelle il faut répondre. Notre réponse devant ce transfert négatif, aussi partielle quelle soit, consiste à dire que, tout comme tous ceux qui passent par une analyse ne finissent pas par devenir psychanalystes ni même par contribuer au domaine propre de la psychanalyse en extension, ni lanalyste ni lÉcole ne peut abandonner la responsabilité des effets collatéraux quils provoquent sans se trouver dans la situation oit, en même temps et quils le veuillent ou non, ils avalisent par ce fait même les effets en question. Pour nous il sagit du reste que le discours de transmission ne peut résorber. Lacan en a donné la meilleure définition en affirmant que lanalyste tient son acte en horreur, et Freud y fait allusion en déclarant que la psychanalyse fait ressortir le pire chez les gens.
Ainsi, notre projet consistait à recouvrer linconscient freudien, le sortant de labandon et de loubli auxquels le consignaient les tendances dominantes de lAnnafreudisme, de la Self-psychology, de la Ego-Psychology et dautres psychothérapies encore. Mais ce retour à létude des sources a suffit à provoquer dans le petit establishment psychanalytique à divers niveaux lagitation, la crainte et une atmosphère de menace. Le projet a montré que la triade freudienne le moi, le surmoi et le ça ne correspondait pas à la triade de Lacan limaginaire, le symbolique et le réel.
Le premier numéro des Papers of the Freudian School of Melbourne porte en exergue une citation extraite du séminaire de Lacan sur La lettre volée qui porte sur le récit dEdgar Allan Poe, et comprend cette citation célèbre de Goethe: Und wenn es uns glückt, Und wenn es sich schikt, So sind es Gedanken. 11 va sans dire que nous avons formulé le point de départ de notre projet en fonction dii fait que la lettre volée en Australie était la lettre de Freud. Ce que nont pas méconnu ceux à qui, de par leur prestige ministériel, était échue cette lettre, et qui se présentaient comme légitimes dépositaires de la lettre. Notre acte ne devait Jamais être pardonné parce que les premiers ministres 27 qui gardaient la lettre de Freud en souffrance avaient en fait mis à sa place la lettre du Readers Digest de la psychanalyse. 11 y des déserts oit laridité est celle du discours.
Nous avons, par contre, ouvert la lettre quon gardait en souffrance, la mettant à la disposition de ceux que concernait la psychanalyse les psychanalystes. En fait, lorsque nous avons recouvré la lettre de Freud, notre ouvrage psychanalytique a été lu par lestablishment dune façon que résume ce mot de Crébillon : Un dessein si funeste s /1 n est digne d Atrée est digne de Thyeste.28
On peut se demander sil est bon denvisager la situation dans laquelle a eu lieu cette fondation en tenues dune lettre « volée », mais, comme on la vii, la lettre de Freud est arrivée très vite en Australie, dés 1909, et a été gardée en souffrance. Pour reprendre de nouveau lexpression dEmest Jones, 1 étincelle s est éteinte bientôt après.
La fondation de la Freudian School of Melbourne a donc été à la fois un acte conforme à léthique de la psychanalyse et une interprétation nécessaire. Notre tâche a consisté à recouvrer le discours psychanalytique des débris qui restaient dune répression. A cette fin nous avons organisé le premier Hommage ¿i Freud en Australie, hommage public sons forme de séminaire public oit ont été conviés tous ceux qui se disaient concernés par la psychanalyse. Loutil sest révélé être à la hauteur de la tâche dans la mesure oit ceux qui se sont exclus de ce deuxième décachetage de la lettre de Freud après la première ouverture de cette lettre au début du siècle, ont réaffirmé la vérité de ce que dit Lacan de lavenir du psychanalyste qui cède sur son désir.
Rien détonnant à ce que la réception ait été plutôt fraîche, puisque lestablishment était hostile à la possibilité douvrir les portes, pour ainsi dire, de ce qui devait rester, à son avis, une société secrète se servant de méthodes secrétes.29 Rappelons-nous que, en ce qui concerne les quelques membres de cette société secrète qui se tenaient au courant de ce qui se passait dans le monde, si Freud était démodé, Lacan était encore inconnu ou bien de lordre du sacrilège.
Cette esquisse se poursuit par une autre lettre,30 cette fois la notre, la lettre datant du 22 février 1992 qui donnait notre démission de la Freudian School of Melbourne et qui sadressait aux analystes et aux membres de 1École et, hors école, à tous ceux que concernait la psychanalyse. La lettre commence par même en valeur le mot de Platon: Les discours ne devraient être ni longs ni courts mais dune durée adéquate. «Une école de psychanalyse ne peut sautoriser quà partir du discours psychanalytique. La fondation de la Freudian School of Melbourne marqua le début de cette autorisation.
La psychanalyse habite dans le langage pour la raison structurelle que linconscient est issu de lui. Lécrit est la marque laissée par lacte que le discours accomplit. Cest pour cette raison que, depuis 1977, la Freudian School of Melbourne, école de psychanalyse, écrit la psychanalyse en Australie. Freud et Lacan indiquent une direction.. Linitiation et la transmission du discours lacanien par lécole nous confèrent la responsabilité éthique de développer la théorie et la pratique de la psychanalyse et de faire connaître cette expérience par les traces de lécrit. Jusquà présent, lécole a offert son témoignage dans le champ ouvert par Freud et récupéré par Lacan, en réalisant le programme de travail définit succinctement dans les Douze points provisoires de la Fondation, qui en sont la raison dêtre. Mais il y a beaucoup plus que cela encore.
Aujourdhui, nous démissionnons de lécole. Cest un moment, aussi, ou nous réalisons quil n est pas suffisant de prendre ses distances. Nous avons essayé de le faire, mais avec un succès seulement formel. Afin daccomplir cet acte, nous devons permettre au présent, ainsi quà notre présence, de se transformer en pas~é pour que lavenir devienne présent autrement, au lieu dêtre une contribution, notre présence serait un obstacle, une sorte de blocage, une résistance. Cette conclusion est inhérente à la place que nous sommes venus à occuper, une sorte de réel échappant sans cesse au symbolique, un obscurcissement imaginaire dune demande qui ne cesse dintercepter les demandes des autres. La résistance de lanalyste est, bien sur, un fait.
Il ny a pas, à lorigine de notre résolution, de différences théoriques avec les analystes et les membres de lécole, mais plutôt des raisons théoriques. Ii y a un temps pour conclure le moment de conclure notre appartenance à la Freudian School of Melbourne est arrivé. Cest le moment darticuler lacte saris notre présence afin que puisse se poursuivre ce que nous considérons comme lacte le plus important de toutes nos années de pratique en tant que psychanalystes: la fondation de lécole et la formation danalystes. En tant quanalystes et fondateurs de lécole, notre trajectoire a compris trois moments : le temps de la transmission et de la formation; le temps du fading; et maintenant nous arrivons au temps de la conclusion.
Lexpérience analytique vacille entre deux maux vouloir obtenir lautorisation des autres et faire de laphasie et de lagraphie un semblant de savoir. Ces symptômes, fantasmes dallusion à un supposé-accessible-objet-de-jouissance, produisent la consistance imaginaire de la diffusion de la psychanalyse. En tant quanalystes, notre témoignage suit un chemin différent L analyste ne s autorise que de lui-même... et de quelques autres. Ecrire les vicissitudes de la psychanalyse est la répercussion singulière provoquée par la praxis, dans la mesure oit lécrit touche le réel dans lequel chacun dentre nous laisse, dans son acte transient, la marque indélébile de ce qui ne cesse pas de ne pas être écrit. Le témoignage de la fin d une analyse et de la passe produit son surplus: la transmission de la psychanalyse.
Pendant une quinzaine dannées, nous avons maintenu le désir originel dans lécole à travers la transférence du travail un désir issu de la certitude de la possibilité de la transmission. Nous rédigeons notre résolution sans nostalgie ni regrets. Lécole, en tant que produit de notre acte psychanalytique, se trouve en nc~sit~on lavenir doit prendre possession du présent en le faisant travailler. Ainsi nous sommes arrivés à nos fins: la transmission de la psychanalyse et la formation danalystes ; mais notre tâche ne sachève pas la. Aujourdhui, lécole est nouée par et à travers son travail. Le miroir de lAutre coté, lécole se consolide différemment, tout en portant la marque dun fondateur, elle est en train deffectuer une coupure coupure qui est impérative, générative. A travers cette coupure, nous soulignons, par cet acte, notre propre effacement, endroit du semblant de lobjet a.
Le désir de lanalyste à lendroit du semblant de lobjet a devrait laisser vide la place de la cause. Notre résolution laissant la cause vide, nous soulignons la distance et la différence entre lobjet a en tant que place vide et lobjet a en tant que place du fétiche.
Il existe cependant un problème de structure qui jusquà présent fonctionne comme destinée, inhérent à la fois à chaque acte de fondation et au fondateur. A propos de cela, lhistoire de la psychanalyse parle dun mouvement répétitif peu prometteur. Notre résolution avec son résultat tente déviter la répétition par une rép onse différente à cette impasse.
A propos des relations entre les institutions psychanalitiques et les fondateurs, nous pouvons lire deux réponses différentes : lune fournie par Freud qui, en restant attaché à lI P A, sest offert comme garantie de la psychanalyse, et lautre par Lacan, celle-ci amenant la dissolution de son école, lEcole freudienne de Paris. En 1977, nous avions écrit, à la fin des 12 Points provisoires pour la Fondation de la Freudian School of Melbourne, que nous nous réservions le droit et le moment de choisir notre propre chemin. Notre résolution de démissionner de lécole est liée intrinsèquement à la transmission de la psychanalyse. Cela nous engage néanmoins, nous et ceux qui veulent poursuivre la tâche, à développer encore cette réponse différente.
Lanalyste a toujours horreur de lavancement de son acte, doù la constante possibilité de le contrer. Léthique de la psychanalyse, éthique du bien-dit, exige que notre réponse soit mise à lessai. Par conséquent, nous quittons Iécole. Partis ses fondateurs, lécole sera la cause de sa propre croissance. Elle se soutiendra par son travail avec la seule garantie de la transférence du discours psychanalytique effectuée par ses analystes et ses membres.
Le discours psycbanalytique fut la raison à la fois de la fondation de la Freudian School of Melbourne et de notre départ de celle-ci. Dans notre singularité danalystes et de membres fondateurs, si nous le pouvons, et si nous en sommes capables, nous devons promouvoir lacte de conclure, afin de devenir ce rien quest lanalyste lorsque la transférence, redingée efficacement, permet à la transmission de passer.
Voilà pourquoi II nest pas sans conséquence de formuler, parmi tant dautres choses qu il n a pas dAutre de lAutre, quil ny a pas de métalangue, que lAutre n existe pas, quil y a un manque dans /Autre, que la relation sexuelle nexiste pas, quil n y a pas-tout, que la femme n existe pas, que la vérité ne peut être que mi-dite.
Tout ceci implique que lanalyste ferait mieux de sabstenir à la fois de la jouissance et de la foi en une ineffable et intrinsèque beauté. De cette façon, on peut non seulement avoir la chance de garder ouverte lavenue du désir, et non de la peur, comme seule possibilité pour son acte, mais il peut en effet avancer vers le réel ».
Cet écrit voulait exposer un acte psychanalytique comme désir de lanalyste, non pas tel que je puisse le dire mien, mais tel quil me possède. Voilà pourquoi il continue et voilà pourquoi, comme Lysias la dit, il [a été] plus facile dentamer cette affaire, Messieurs, que de la conclure.
Traduit de langlais par Philip Anderson
Notes
1 Bernfeld. Sisyphos oder die Grenzen der Erziehung. Leipzig md Vienna: Intennationaler Psychoanalytischer Verlag, 1928.
2 J Lacan. Lettre de dissolution, 5 janvier 1980. Onnicar? 20/2 1. Paris, Seuil, 1980.
3 Lettre du 17 mars 1911 de Sàndor Ferenczi à Sigmund Freud. Sigmund Freud Sàndor Ferenczi. Correspondance 1908-1914. Tome 1. Edité par Eva Brabant, Ernst Falzeder et Patnizia Giampieni-Deutsch sons la direction dAndré Haynal. Paris, Calmann Lévy, 1992.
4 « La formalisation mathématique est notre but, notre idéal. Pourquoi? parce que seule elle est mathéme, cest-à-dire capable de se transmettre intégralement ». Jacques Lacan. Le Séminaire, Livre XX. Encore (1972-73). Paris, Seuil, 1975.
5 Ne peut guère échapper à notre attention le fait que lattachement au nom implique, du moins en français, une interdiction, un non.
6 J Lacan. Le Séminaire, Livre XXIV. L insu que sait de lune bévue s aile à mourre (1976-77). Séminaire inédit.
7 «Cest pourquoi je dissous. Et ne me plains pas des dits membres de lEcole freudienne plutôt les remercié-je, pour avoir été par eux enseigné, dou moi, j ai échoué ... ». J Lacan. Lettre de dissolution. Loc. cit
8 J Lacan. L Etourdit. Scilicet, no 4. Paris, 1973.
9 Lexemple en est donné dans lanalyse faite par Freud du rêve de la belle épouse du boucher. Voir L Interprétation des rêves (1900). St Ed: Vol IV
10 J Lacan. Le Séminaire, Livre Xi. Les Quatre conc~pzsjbndamentau.x L~..i ~a psychanalyse (1964). L Excommunication. Paris, Seuul, 1973.
11 Voir M-I Rotmiler de Zentner, The Desire of the Analyst - Twenty Years since the Foundation of The Freudian School of Melbourne in 1977. The Lacanian Discourse, Papers of The Freudian School of Melbourne, Vol 19, sous la direction de D Pereira, Melbourne, 1988 pour une histoire plus détaillée de lhistoire de la psychanalyse en Argentine et en Australie.
12 Voir également E Roudinesco et M Plon, Dictionnaire de la psychanalyse. Paris, Fayard, 1997.
13 M et O Mannoni. El estallido de las instituciones, Cuadernos Sigmund Freud, 2-3. Buenos Aires, Nueva Visión, 1972.
14 Voir O Zentner. Lapsychanalyse en Australie. Ornicar? 23. Paris, 1983. "~ Andrew Davidson (1869-1938), né en Écosse, psychiatre à Sydney, était secrétaire de la Section Médecine psychologique et Neurologie du Congrès de Médecine de lAustralasie.
15 Freud. Qn Psychoanalysis (1913 [1911]). Australasian Medical Congress, publié en 1913 dans les Actes du Congrès, Transactions of the Ninth Session, 2, Pan 8, 839-42. Cette communication semble avoir ¿té rédigée en allemand et traduite en anglais en Australie, mais le texte original a disparu. Le texte publié par Strachey est une version légèrement modifiée de celui qui a pan en 1913. Voir Qn Psychoanalysis. St Ed: VolXH.
16 CG Jung. Qn the Doctrine of Complexes (1911). Transactions of the Australian Medical Congress, 9 (2): 835-39.
17 H Ellis. The Doctrines of the Freud School (1911). Transactions of the Australasian Medical Congress, 9 (2): 843-47.
18 Jarbuchfür psychoanalytische undpsychopathologische Forschun gen, abrégé en Jarbuch (Annuaire de la recherche psychanalytique et psychopathologique). Publication périodique dont la création a résulté du premier Congrès psychanalytique en 1908.
19 Lettre du 12 mars 1911. Sigmund Freud Sàndor Ferenczi. Correspondance 1908-1914. Tome 1. Loe. cit
20 The Complete Correspondence of Sigmund Freud and Ernest Jones, 1908-1939. Sons la direction de R A Paskauskas. The Belknap Press of Harvard University Press, 1993.
21 E Jones. Life and Work of Sigmund Freud Vol. II.
22 Dans le Dictionnaire de la psychanalyse dE. Roudinesco et M. Plon, il figure sous le nom de Donald Cameron.
23 5 Freud. De lhistoire du mouvement psychanalytique. St Ed: Vol X1V.
24 E Jones. Op. cit.
25 J Dingle. The Entrance of Psychoanalysis into Australia. Papers of Re Freudian School of Melbourne, sous la direction dO Zentner. Melbourne, 1979.
26 J'ai donné ma démission de la Freudian School of Melbourne en 1992. Voir ci- dessous la note 30.
27 J Lacan. Séminaire sur la Lettre volée. Écrits. Paris, Seuil, 1966.
28 P J 5 de Crébillon. Atrée et Thyeste (V.v.).
29 M R Martin, professeur à Sydney, écrit que « La Société australienne de psychanalyse publie depuis mars 1982 une revue intitulée Scientific Proceedings qui est destinée aux seuls spécialistes. La Société entend faire paraître cette revue, dans un avenir proche, sous le titre 17w Journal of the Australian Psychoanalytical Society et abandonner son caractère spécialisé pour ouvrir ses pages à un public plus large ». Voir Psychoanalysis International, a Guide to Psychoanalysis Throughout the World. Vol 2. Sous la direction de Peter Kutter. Stuttgart-Bad Cannstatt, 1995.
30 M-I Rotmiler de Zentner et O Zentner. Lettre de démission de The Freudian School of Melbourne 22 février 1992. Homage to Lacan. Papers of the Freudian School of Melbourne. Sous la direction de F Bagot, L Clifton et D Pereira. Melbourne, 1992. Texte de la Lettre de démission de The Freudian School of Melbourne 22 février 1992 traduit par Lydie Pradier.